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FrancoFolies 2016: authentiques Sœurs Boulay (PHOTOS)

Authentiques Sœurs Boulay (PHOTOS)
Benoit Rousseau

Qu’elles sont attachantes, ces Sœurs Boulay. Aussi talentueuses qu’authentiques, réconfortantes qu’amusantes, mignonnes que pétillantes, spontanées que rigolotes. Un brin maladroites et immatures, aussi. Avec elles, what you see is what you get, tout simplement.

Elles n’ont pas le langage châtié parce qu’elles s’adressent à une salle prestigieuse comme le Théâtre Maisonneuve («On a tu le droit d’être connes, même si on joue ici, mettons?»), elles donnent l’impression de se foutre de la bienséance et des qu’en dira-t-on, elles exhibent leurs couleurs telles qu’elles sont, sans fard ni compromis, avec leurs textes sans vernis, parfois presque étranges, mais toujours beaux, plein de jolis dessins, agréables à entendre, à comprendre, à écouter. Pleins de souvenirs (pensons à Sonne-Décrisse, qui n’y a pas déjà joué?), d’amour (Ôte-moi mon linge), de rêves (Fais-moi un show de boucane) et autres fantaisies qui se dégagent là et ailleurs dans leurs écrits.

Les frangines s’étaient vues assigner ce gîte de la Place des Arts par les FrancoFolies de Montréal, mercredi, et en faisaient grand cas. «C’est un peu comme la date de notre vie, si ça ne marche pas, on meurt», a balancé Stéphanie (la blonde), ne donnant apparemment pas dans la demi-mesure. Plus tôt, Mélanie et elle étaient arrivées simplement, sans flafla, dans un long sifflement, alors que leurs trois musiciens avaient déjà pris place, et avaient dégainé avec Couteaux à beurre, puis Cul de sac. «Êtes-vous mongols?» a semble-t-il été leur réaction lorsqu’on leur a proposé d’élire domicile à Maisonneuve le temps d’un concert. Ce n’est pas poli, mais ça vient du cœur. Elles l’ont avoué plus tard : elles croyaient que les sièges seraient vides. Franches, mais modestes. Et tellement craquantes.

Les Soeurs Boulay aux FrancoFolies (15 juin 2016)

«J’ai déjà cassé une baguette de drum. Vous pourrez dire ça un jour, que vous avez vu une sœur Boulay casser une baguette de drum», a lancé Stéphanie, qui s’époumonait au tambour, quelques secondes avant Maison. Douce insolence teintée d’innocence.

Festif et envoûtant

La rentrée montréalaise de la tournée 4488 de l’amour, leur récent album proposé en octobre, était affaire classée depuis février, mais c’est quand même ce matériel que les deux filles illuminaient en ce soir important, avec bien sûr quelques pièces pigées dans Le poids des confettis, acclamé premier opus propulsé à l’hiver 2013. En quatre ans, depuis leur victoire aux Francouvertes, en 2012, les Sœurs Boulay ont avalé plusieurs kilomètres de bitume sur l’autoroute du show-business. Se trompe-t-on en affirmant qu’elles en paraissent presque dépassées?

La complicité entre les deux musiciennes a donné lieu à des comparaisons entre le décalage du premier et du deuxième album, et celui entre un premier et un second enfant, avec boutades de l’aînée à l’endroit de la cadette. Les Sœurs Boulay s’aiment beaucoup, se tirent la pipe, rigolent ensemble et avec le public. Jasent voyance (et déclarent que ça les fait «suer du pinch», causant un délire dans lequel l’assistance a embarqué pleinement), tranches de vie d’adolescence (avec quelques sacres), confessions de relations parfois difficiles entre sœurs, et se permettent d’inviter un ami oublié dans les remerciements à les rejoindre pour souffler dans un pipeau. Le bougre a été bon joueur et a offert une prestation saluée d’une vague d’enthousiasme et de sifflements de la foule.

Sur fond de projections d’univers diversifiés (des arbres, des étoiles, des nuages) – toujours magnifiques -, sous de petites cabanes de bois suspendues des airs et ornées de globes lumineux, près du trombone, du tuba, du clavier, les rythmes envoûtants et festifs de l’incontournable Jus de boussole, de Lola, de Chignon du cou, de Prière ont animé le parterre. Les cris d’assentiments ont été puissants aux premières mesures de Mappemonde, ils l’ont aussi été à la reprise de Pour que tu m’aimes encore. «La deuxième moitié du show va être consacrée uniquement à reprendre des chansons de Céline Dion, vous avez l’air d’aimer ça», ont-elles badiné, avant d’enchaîner avec un magique essai d’un couplet de My Heart Will Go On.

Le voyage s’est conclu notamment avec T’es ben mieux, Ou la vague, Shooter de fort (les gens étaient debout et chantaient avec énergie), le très entendu extrait Fais-moi un show de boucane (aussi entonné à plusieurs), De la noirceur naît la beauté et la nouvelle Langue de bois. Un titre «triste, mais qu’il faut voir du côté de la lumière», a-t-on été avertis. Et les Sœurs Boulay sont reparties, aussi candides qu’à l’entrée, en s’émouvant discrètement de l’accueil reçu, touchantes et désarmantes.

Prometteur Saratoga

Le duo Saratoga, formé de Michel-Olivier Gasse (à la contrebasse) et Chantal Archambault (à la guitare), avait précédemment délicieusement mis la table en première partie avec ses mélodies à textes étalées à la lueur d’une chandelle, autour d’un seul micro, qui constituaient un prélude parfait au passage des Sœurs Boulay.

Le charmant humour du couple, ses taquineries et sa poésie toute terre-à-terre ont ni plus, ni moins conquis les spectateurs, qui riaient avec éclat et applaudissaient généreusement à la fin des morceaux, et réservait une bruyante ovation debout au sortir de scène de leur nouvelle découverte. Un ton rieur – sacré pince-sans-rire que ce Michel-Olivier – marié à une ambiance intimiste, l’amalgame formait un tout attachant dans lequel plusieurs auraient volontiers passé la soirée entière, on en est certains.

Saratoga a lancé un EP éponyme l’an dernier, est déjà en nomination pour le Prix de la chanson SOCAN 2016 et proposera un album complet à l’automne. On tendra assurément l’oreille.

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