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Le profil trouble de Seddique Mateen, le père du tueur d'Orlando

Le profil trouble de Seddique Mateen, le père du tueur d'Orlando

"Déconcertante", "étrange". C'est ainsi que la presse américaine décrit la personnalité du père d'Omar Mateen, cet homme de 29 ans qui a abattu 49 personnes et fait 53 blessés dimanche 12 juin dans une discothèque d'Orlando, en Floride.

D'abord intervenu dans les médias pour réagir au massacre perpétré par son fils, l'homme s'est en fait révélé avoir une personnalité trouble, tantôt loufoque, tantôt mégalomane. "Cela n'a rien à voir avec la religion", a d'abord raconté Seddique Mateen, également appelé Mir Seddique, à la chaîne NBC quelques heures après la tuerie du Pulse d'Orlando, la pire attaque terroriste sur le sol américain depuis le 11-Septembre.

Il a assuré que son fils, un "bon garçon et un fils éduqué", avait été rendu furieux il y a quelques temps en voyant deux hommes s'embrasser devant sa femme et son fils. "Nous n'étions au courant de rien. Nous sommes choqués comme tout le pays", a-t-il ajouté après avoir présenté ses excuses au nom de sa famille.

Président afghan par intérim et soutien des Talibans

Mais sur Internet, Seddique Mateen dévoile une autre facette de sa personnalité, plus obscure et politisée que celle qu'il a montrée aux médias américains. D'après le Washington Post, le père du tueur a "de fortes convictions politiques" et "soutient notamment les Talibans afghans".

Sur ses compte Facebook et Youtube, il poste des heures et des heures de vidéos dans lesquelles il loue l'action des Talibans afghans. Selon le journal américain, ses déclarations n'ont parfois ni queue ni tête, l'homme passant "d'un sujet à un autre".

Seddique Mateen présente l'émission "Durand Jirga Show" sur la chaîne de télévision Payam-e-Afghan, qui émet depuis la Californie. Il y parle politique en persan afghan, comme dans cette vidéo dans laquelle il dénonce l'action du gouvernement pakistanais et dit soutenir l'action des Talibans afghans.

"Nos frères du Waziristan (au nord-ouest du Pakistan, ndlr), nos frères combattants du mouvement taliban se soulèvent", dit-il. "Si Dieu le veut, le problème de la 'ligne Durand' sera résolu très prochainement".

La ligne Durand est la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan, délimitée en 1893 par l'Afghanistan et la Grande-Bretagne, et sur laquelle sont installés les Pachtounes. Cette frontière est vue comme l'une des causes de la marginalisation de cette ethnie, séparée politiquement et géographiquement par la ligne Durand. Les Talibans afghans sont majoritairement des Pachtounes, mais rien n'indique clairement que la famille Mateen soit issue de cette ethnie, explique le Washington Post.

Quelques heures avant la tuerie d'Orlando, Seddique Mateen avait posté une vidéo sur une page Facebook intitulée "Gouvernement provisoire afghan - Seddique Mateen". Il y prétend être le président par intérim du pays, et ordonne l'arrestation de plusieurs figures politiques afghanes.

"Je demande à l'armée, la police et les renseignements de procéder à l'incarcération immédiate de (Hamid) Karzai (ancien président de l'Afghanistan), Ashraf Ghani (actuel président afghan), Zalmay Khalilzad (pachtoune, envoyé spécial de George W. Bush en Afghanistan après la chute des Talibans en 2001), (Mohammad Hanif) Atmar (ancien ministre de l'Intérieur de Karzai), et (Abdul Rasul) Sayyaf (opposant aux Talibans). Ils s'opposent à nos compatriotes, et sont contre notre patrie", dit-il vêtu d'une tenue militaire.

Dans une vidéo postée récemment sur son compte Facebook, il se déclare même candidat à l'élection présidentielle afghane, alors que ce scrutin s'est tenu dans le pays en avril 2014.

En avril, Seddique Mateen a visité le Congrès américain, le département d'Etat et rencontré des dirigeants politiques américains, comme le rappelle le Daily Mail. En 2015, l'homme s'est fait photographier aux côtés de plusieurs membres de la Chambre des représentants américaine, comme le démocrate Charles Rangel et les Républicains Dana Rohrabacher et Ed Royce.

Seddique Mateen poste d'ailleurs régulièrement des messages destinés au gouvernement américain, comme celui-ci dans lequel il "remercie le président Obama, le Congrès et le peuple américains pour l'aide qu'ils apportent au peuple afghan".

Dans une vidéo postée sur son profil Facebook lundi, il exprime sa "tristesse" au lendemain de la tuerie d'Orlando, estimant qu'il revient à "Dieu de juger les homosexuels pour leurs actes". "Que Dieu guide la jeunesse et lui permette de suivre le véritable Islam", déclare Seddique Mateen vêtu d'un costume sombre et d'une cravate rouge et noire.

"J'annonce ici la mort de mon fils et c'est une triste nouvelle". "Je me demande pourquoi il a fait ça en ce mois sacré de ramadan" ajoute-t-il. "Je ne savais pas qu'il avait cette haine dans le cœur".

Au lendemain de l'attaque, on ignore encore le crédit que la police américaine accorde aux déclarations de Seddique Mateen et à ses idées politiques. Pour le moment, rien n'indique que le père d'Omar Mateen ait pu avoir une influence sur les intentions de son fils, qui a fait allégeance au groupe État islamique avant de tuer 50 personnes au Pulse d'Orlando.

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