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Cette femme a créé une serviette hygiénique réutilisable et adaptée à toutes les femmes

Elle a créé une serviette hygiénique réutilisable et adaptée à toutes les femmes

Liita Iyaloo Cairney, 32 ans, s’est donné pour mission de changer à jamais la façon dont nous vivons nos règles. Originaire d’Édimbourg, elle a mis au point une protection hygiénique réutilisable et adaptée à toutes les femmes, quelle que soit leur situation économique.

Le produit est composé de deux parties: une coquille qui s’adapte à la forme du pubis des femmes et jeunes filles, et un protège-slip réutilisable que l’on dispose dans la coquille. Ce dernier peut être lavé ou jeté en fonction des moyens financiers des utilisatrices.

La doctorante a par ailleurs créé un site internet afin d’informer les jeunes filles sur les questions liées à leur anatomie et leur cycle menstruel, et elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

"Je rêve d’avoir une boutique de proximité qui proposerait une large gamme de produits d’hygiène féminine adaptés à tout type d’activité: la marche, la course, et tout le reste", déclare-t-elle au Huffington Post britannique. "Je trouve d’ailleurs incroyable que ce type de boutique spécialisée n’existe pas déjà."

coupe menstruelleLiita Iyaloo Cairney

Elle explique avoir eu l’idée de la coquille en 2012, au cours d’un voyage en Namibie, sa terre natale. "Je me suis rendue dans une école afin de recueillir des données pour mon doctorat et j’ai eu une discussion avec ma tante qui est enseignante", explique-t-elle.

La jeune femme a alors appris que bon nombre des élèves de sa tante n’avaient pas ou peu accès à des produits d’hygiène féminine abordables. "Elle me disait que pour savoir si l’une des filles avait ses règles, il suffisait de voir la quantité de papier toilette qu’elle avait sur elle."

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"Un jour, en discutant avec elles, ma tante s’est rendue compte que la plupart de ces filles venaient de familles qui n’avaient pas vraiment les moyens d’acheter les produits nécessaires une fois par mois. Elles se débrouillaient donc avec les moyens du bord ou n’allaient tout simplement pas à l’école pendant leurs règles."

"Aucune conscience de leur anatomie"

Le fait que ces jeunes filles n’aient pas accès aux produits d’hygiène menstruelle est déplorable. C’est ce qui a poussé Liita à prendre les choses en main. "Dans un monde où les technologies sont si avancées et où le cycle menstruel joue un rôle essentiel dans nos vies, je trouve insensé que cela pose toujours problème", déclare-t-elle.

Après avoir discuté avec sa tante, elle est rentrée au Royaume-Uni et a fait des recherches sur la coupe menstruelle et d’autres produits d’hygiène féminine moins répandus qui, selon elle, pourraient être utiles aux jeunes Namibiennes. "Au bout de deux mois d’utilisation, je me suis rendu compte que ce dispositif n’était pas particulièrement adapté aux adolescentes et je ne me sentais pas d’en faire la promotion," explique-t-elle.

"Les filles n’ont aucun accès aux produits dont elles ont besoin, mais elles n’ont également aucune conscience de leur anatomie. Elles sont toutes plutôt réfractaires à l’idée d’introduire un corps étranger dans leur intimité. Je me suis donc dit qu’il fallait concevoir une protection périodique externe destinée aux jeunes filles au cours des premières années de menstruations, en m’inspirant des coupes menstruelles."

Ne jamais se sentir à l’abri des fuites

Elle s’est également tournée vers ses connaissances Facebook afin de s’assurer qu’il y avait une demande pour ce type de produit au Royaume-Uni. "Je voulais savoir si les femmes de mon entourage, qui utilisent tampons et serviettes hygiéniques, avaient l’impression d’être restreintes dans leur choix. À la question: ‘Qu’est-ce qui vous gêne quand vous avez vos règles?’, presque toutes celles que j’ai interrogées ont déclaré ne jamais se sentir à l’abri des fuites, que ce soit avec une serviette, un tampon ou même une coupe menstruelle."

Les utilisatrices de serviettes hygiéniques ont indiqué avoir toujours peur que leur protection soit mal positionnée, qu’elle se détache, et que cela tourne à la débâcle. "Ces femmes allaient constamment aux toilettes pour vérifier que leur serviette n’avait pas bougé. Il me fallait donc concevoir un produit qui s’adapte au corps et non aux sous-vêtements, un dispositif qui épouse la région pubienne de la femme. Pour cela, j’ai fait faire un moulage de ma région pubienne, qui englobe la courbe de l’os pubien et une partie de la cuisse."

Liita a déployé beaucoup d’efforts à la conception de son produit et s’est penchée sur une large gamme de matières, dont la silicone, qu’elle a jugée trop coûteuse. Elle reste donc à l’affût d’une meilleure alternative. "L’accessibilité du produit est pour moi essentielle. Je souhaite qu’il soit abordable pour les femmes et jeunes filles issues de familles à faibles revenus", dit-elle.

Contribuer à "l’émancipation féminine"

Le protège-slip en bambou, placé à l’intérieur de la coquille, est conçu pour être réutilisable entre six mois et un an. "Si les femmes en ont les moyens, elles peuvent le remplacer plus souvent. Cela étant dit, elles peuvent aussi laver et réutiliser la protection comme bon leur semble." Elle compte mettre à profit les mois à venir pour peaufiner la conception de son produit en vue de sa production. La Première dame de Namibie s’est dite intéressée par l’achat du produit fini et souhaite le rendre accessible aux jeunes filles du pays.

Pour Manjit Gill, PDG de Binti, une entreprise sociale qui aide les femmes et jeunes filles indiennes à préserver leur dignité pendant leurs règles, l’invention de Liita ouvre la voie à l’émancipation des femmes. "Chaque service et produit d’hygiène conçus pour aider les femmes pendant leurs règles contribuent à l’émancipation féminine", explique-t-elle. "Les jeunes filles doivent savoir pourquoi elles saignent, d’où vient leur sang et comment gérer leurs règles."

Un site internet pour accompagner le projet

À l’occasion de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle qui s’est tenue le 28 mai, Liita a lancé un site internet, First Period ("Premières règles"), pour permettre aux jeunes filles d’en savoir plus sur leur appareil reproducteur. Elle en a eu l’idée après la tenue d’un petit groupe de discussion avec des écolières namibiennes, en se rendant compte que le concept même des règles leur était totalement inconnu et qu’elles n’avaient pas conscience de leur corps. "Pendant une heure, je leur ai décrit le fonctionnement de l’appareil reproducteur à l’aide d’un dessin, tout en leur expliquant le chemin parcouru par les ovules", se souvient-elle.

First Period met en scène Koree, une Namibienne de 12 ans qui apprend aux filles à connaître leur corps, leur cycle menstruel, et le rôle de celui-ci dans le processus de reproduction. Liita a fait appel à une illustratrice d’Édimbourg afin de rendre le site plus attrayant pour les adolescentes. "Je souhaite leur faciliter la vie de ce côté-là", conclut-elle.

Affaire à suivre…

Cet article, publié à l’origine sur le Huffington Post britannique, a été traduit par Laura Aznar pour Fast for Word.

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