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FrancoFolies 2016: Gainsbourg symphonique en deux sentiments

FrancoFolies : Gainsbourg symphonique en deux sentiments

La présence de Jane Birkin aux FrancoFolies avait de quoi créer de l’émoi de notre côté de l’Atlantique. LA muse et ancienne partenaire du créateur culte chantant certaines de ses meilleures compositions, c’était prometteur, voire immanquable. En plus, avec Arthur H, au premier acte, interprétant l’intégral du chef d’oeuvre Histoire de Melody Nelson (album-concept sorti en 1971). En y ajoutant l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), le tout était franchement alléchant. À la Maison symphonique de surcroit. Résultat : un bonheur et une déception.

On n’a pas fini de célébrer le 25e anniversaire du décès de Serge Gainsbourg. En effet, le 2 mars 1991, Serge Gainsbourg s’est éteint. Or, un peu partout sur la planète, on continue de vivre avec lui. Sa musique et sa poésie, en tout cas, continuent d’être bien vivantes. C’est l’idée de base de ce Gainsbourg symphonique proposé par la bande du programmateur Laurent Saulnier. Un bon coup d’avoir convaincu Jane et Arthur de partager leur passion gainsbourienne, qui après cette première mondiale, voyagera dans de nombreuses villes.

Ah! Melody

Lors de la première partie, Arthur H et sa bande ont triomphé. Malgré le fait que les musiciens se devaient d’être très fidèles à cet amalgame de musiques rock et classique arrangé à l’époque par Jean-Claude Vanier. Rappelons que cette œuvre fut écrite par Gainsbourg comme une sorte de lettre d’amour pour Birkin. En plus, elle a la saveur d’un roman d’aventures avec des touches de lyrisme.

Arthur H (Gainsbourg), Stéphanie Lapointe (dans la peau de Jane Birkin, ou de Melody Nelson, la jeune chanteuse était perchée tout là-haut, côté jardin), le guitariste Jocelyn Tellier, le bassiste Jean-François Lemieux et le batteur Tony Albino, accompagnés de l’OSM, ont ravi les spectateurs.

Déjà, à la première pièce Melody, c’était pratiquement gagné. Bon groove, belle complicité entre les trois rockeurs, et contagieuse énergie. «Tu t’appelles comment?», d’envoyer de sa voix rauque Arthur H… «Melody, Melody Nelson» de répondre Lapointe de sa jolie voix délicate.

À vrai dire, les sept morceaux de l’album sont passés dans un claquement de doigts. Le symphonique, épuré, soigné et juste, a fait son effet. Tout collait. Dans son complet rouge et t-shirt noir, Arthur H était éclatant, visiblement heureux de ce moment privilégié. Ébahi aussi, parfois, par le génie de ses trois musiciens rock. Seul bémol, ceux-ci ont étouffé çà et là les magnifiques violons. Problème de mixage, disons, lié à la fois à leur enthousiasme et au volume des amplificateurs.

À Cargo culte, gros buzz. C’était tellement bon qu’on a été, nous aussi, emportés dans cet avion brisé, puis soufflé vers l’azur. Là, quand vrombissaient les tambours… Puis schlack ! Plus rien. Sinon une généreuse ovation et un Gainsbourg immortel. Le bonheur.

Jane B

Au second acte, c'était le tour de la belle Birkin, la Jane de Gainsbourg. C’était aussi un moment important pour son fidèle accompagnateur et compositeur, le pianiste japonais Nobuyuki Nakajima. La chanteuse a tenu à ce que «Nobu» soit responsable des nouveaux arrangements. D’ailleurs, tout ou presque était différent dans le ton et l’intention. Beaucoup moins criant, beaucoup plus grandiloquent. Inévitablement, on a proposé un Serge Gainsbourg grossi, voire démesuré. Rien à voir vraiment avec les musiciens de l’OSM, tout comme le chef Simon Leclerc, qui ont fait de leur mieux.

Certes, Jane Birkin n’a jamais eu une grande voix. Mais aujourd’hui, c’est autre chose que cette voix fragile et juvénile à laquelle nous avons été habitués. Jane Birkin est fatiguée. Dès la première chanson, Ces petits riens, sa voix vacillante peinait à atteindre les notes recherchées. Triste, mais vrai, Jane Birkin semblait épuisée, démontée. Tendre, mais édulcorée.

À la pièce suivante, Lost Song, même constat, malheureusement.

Cela dit, on a vécu de beaux moments comme à Baby Alone in Babylone. Le symphonique, sur ce morceau, s’est calmé (outre pendant la finale hallucinée) pour faire respirer un peu la voix fragilisée de Birkin. L’effet fut nostalgique, presque déchiré. Toutefois, juste après, à Physique et sans issue, on a retrouvé ce souffle épuisé. Au moins, ici, le piano et les violons étaient très jolis.

À la suite d’une douzaine de pièces (dont la belle Ballade de Johnny Jane, L’Aquoiboniste, La chanson de Prévert, Requiem pour un con, La gadoue), Birkin a livré une pâle copie de Jane B, à l’instar de ce Gainsbourg symphonique plutôt raté.

Chic? Pas vraiment. Une déception.

Ensuite, il y a bien eu la clinquante, mais sympathique L’anamour et la mythique La Javanaise (en clôture), mais rien ne pouvait vraiment sauver les gens du naufrage. Définitivement, l’Anglaise n’était pas à son meilleur (en plus, La Presse soulignait dans un récent article qu’elle a été durement frappée par une maladie auto-immune et par le suicide de sa fille Kate, ces dernières années).

Au moins, nous y étions.

Le festival des FrancoFolies de Montréal propose le même concert ce samedi soir, 20h, toujours à la Maison symphonique.

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