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Pourra-t-on un jour guérir le VIH-sida?

Pourra-t-on un jour guérir le VIH-sida?
andrew_stevens_h/Flikr

À l'heure où le VIH est pratiquement considéré comme une maladie chronique, des équipes de chercheurs tentent toujours de trouver un remède pour cette infection qui frappe plus de 36 millions d'humains. Les défis restent grands.

Un texte de Yanick Villedieu

C'était en 1996. Depuis que la crise du sida avait éclaté, une quinzaine d'années plus tôt, rien n'y faisait : les personnes contaminées par le VIH, le virus de l'immunodéficience humaine, étaient atteintes de la maladie et en mouraient à tout coup.

Mais au début de cette année-là, 1996, le tant attendu remède fit soudain son apparition : d'un coup, la trithérapie remettait sur pied les malades. Leur rendant la santé, elle allait leur permettre de vivre une vie pratiquement normale. Et faire de l'infection par le VIH une maladie chronique.

Bien qu'efficace, la trithérapie ne guérit pas cette maladie. Le virus reste silencieux, inoffensif, invisible, bien caché ici et là dans l'organisme, dans ce qu'on appelle des réservoirs, mais si le patient arrête de prendre la médication, le virus se réveille et recommence ses dommages.

D'où le rêve de guérir le VIH-sida, un rêve qu'il est impératif de réaliser parce que les médicaments antirétroviraux actuels, les médicaments de la trithérapie, ont leurs limites, à la fois biologiques, humaines et financières.

Écoutez les explications de Nicolas Chomont, virologue au Centre de recherche du CHUM, le Centre hospitalier de l'Université de Montréal :

Depuis une dizaine d'années qu'ils travaillent à essayer de réaliser ce rêve de guérison du VIH, les chercheurs ont exploré de nombreuses pistes. Mais ils se sont toujours cassé les dents sur cette réalité biologique que sont les réservoirs dans lesquels le virus se met en dormance.

Comment repérer ces réservoirs? Comment distinguer, dans les populations de cellules du système immunitaire, les cellules infectées de celles qui ne le sont pas? Comment obliger le virus à se montrer, à se réveiller, pour pouvoir détruire la cellule qu'il infectait?

Le reportage Pourra-t-on un jour guérir le VIH-sida? est présenté le dimanche 5 juin à l'émission Les Années lumière diffusée à 12 h 10 sur ICI Radio-Canada Première.

On a eu souvent de grands espoirs, mais on a souvent été déçu. Notamment avec les cellules du système immunitaire que le virus prend pour cible principale, les lymphocytes T CD-4, qui sont le principal réservoir du VIH latent : on a mis au point des molécules qui « réveillent » les CD-4 infectés, mais on n'a pas pour autant réussi à les éliminer de façon satisfaisante.

Éradiquer ces fameux réservoirs s'avère donc une tâche bien plus difficile qu'on pensait. L'autre approche consiste donc à renforcer le système immunitaire du patient, de façon à ce qu'il puisse, un jour, contrôler son infection par lui-même, naturellement, sans prendre de médicaments. On a donc beaucoup travaillé sur des vaccins thérapeutiques. Mais là aussi, de grands espoirs ont été déçus.

Le Dr Jean-Pierre Routy, médecin immunologiste au Centre universitaire de santé McGill, à Montréal, travaille sur ces vaccins et, en général, sur les approches immunologiques de l'infection par le VIH. Il note que depuis deux ou trois ans, et grâce à des ordinateurs ultrapuissants, on peut concevoir et fabriquer des anticorps spécialisés susceptibles de bloquer le virus en l'absence de tout médicament antirétroviral.

De premiers essais sur l'humain ont eu des résultats encourageants, par exemple un contrôle du virus pendant 3 semaines, ce qui est peu et considérable à la fois. Des essais récents sur la souris se sont aussi révélés très encourageants.

Le Dr Routy se montre donc prudemment optimiste :

Pour l'instant, une seule personne au monde a été guérie du VIH-sida, Timothy Brown, connu comme « le patient de Berlin ». Séropositif depuis plusieurs années, il est un jour atteint d'un cancer du sang, la leucémie myéloïde aiguë, pour laquelle il a besoin d'une transplantation de moelle osseuse.

Le médecin qui le traite, dans un hôpital de Berlin, a l'idée de chercher un donneur qui serait non seulement compatible, mais qui porterait aussi une mutation génétique rarissime connue pour protéger contre le virus. Il trouve le donneur. Le patient reçoit du même coup une moelle non cancéreuse et un système immunitaire résistant au sida : il est guéri à la fois de la leucémie et du sida.

Ce traitement, évidemment, n'est pas applicable à grande échelle. Mais, quand même, peut-être qu'un jour pas trop lointain, grâce aux recherches en cours dans de nombreux laboratoires, à Montréal et ailleurs, d'autres patients que Timothy Brown seront eux aussi guéris de leur infection par le VIH.

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