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Comment fonctionne en théorie le nouveau type de vaccin universel contre le cancer?

Comment fonctionne en théorie le vaccin universel contre le cancer?
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Hemera Technologies via Getty Images
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C'est une étude très préliminaire et qui aura besoin de confirmations, mais des chercheurs allemands ont peut-être mis la main sur un traitement universel contre le cancer, sous la forme d'un vaccin. Dans un article publié le mercredi 1er juin dans la revue Nature, les scientifiques expliquent avoir obtenu des résultats favorables sur des souris et sur un nombre (très) réduit de patients humains.

Si cette technique est appelée vaccin, elle n'a pas pour autant un rôle de prévention, mais de guérison. C'est une immunothérapie. Vous avez peut-être entendu parler de cette technique, sur laquelle travaillent les chercheurs depuis plus de vingt ans. L'idée est assez simple : stimuler le système immunitaire, à l'instar d'un vaccin, pour détruire les cellules cancéreuses.

Car nos défenses naturelles n'arrivent pas à reconnaître les tumeurs. Le but est donc de cibler les «cellules dendritiques». Celles-ci, longtemps ignorées, sont pourtant au centre de notre système immunitaire. C'est elles qui vont identifier les virus et autres maladies présentes dans nos corps. Elles vont ensuite dire aux lymphocytes T, qui sont les soldats du système immunitaires, les virus et autres tumeurs qui doivent être détruits.

Une nanoparticule adaptive

Ça, c'est pour l'immunothérapie en général, qui est de plus en plus utilisée. Les scientifiques allemands, eux, ont tenté quelque chose de plus spécifique.

«La plupart des approches ciblant les cellules dendritiques essaient de leur remettre une protéine, un ADN, ou utilisent un vecteur viral», explique au HuffPost Eric Kremer, de l'institut de génétique moléculaire de Montpellier, qui n'a pas participé à ces recherches. Les chercheurs allemands, eux, ont utilisé une «nanoparticule ARN».

Alors que l'ADN est la fameuse double hélice où se situe notre génome, l'ARN est plutôt l'outil qui permet notamment de fabriquer les protéines. En injectant de l'ARN dans le sang, les chercheurs font croire aux cellules dendritiques qu'un virus essaie de s'incruster dans le corps.

Et la nanoparticule dans tout ça? Elle enrobe l'ARN et permet d'éviter qu'il soit détérioré avant d'atteindre les fameuses cellules dendritiques. La cellule défensive va alors analyser l'ARN et fabriquer la protéine correspondante. «Les cellules dendritiques vont alors 'présenter' cette protéine au système immunitaire», schématise Eric Kremer. L'idée, vous l'aurez compris, est d'injecter l'ARN correspondant à la tumeur. «Les cellules T, qui s'occupent de tuer les cellules cancéreuses, sont alors activées par les cellules dendritiques».

Des souris et peu d'hommes

«Cette approche pourrait éviter les perturbations des fonctions normales des cellules dendritiques et leur permettre de faire leur travail plus efficacement», note Eric Kremer. Surtout, les chercheurs allemands précisent dans leur article que cette nanoparticule d'ARN a le potentiel d'être universelle, car il est possible de faire des ARN spécifiques à chaque tumeur ou presque.

Si, en théorie, cette approche nouvelle est encourageante, il faut bien comprendre que ces résultats doivent être pris avec prudence. «Les souris ne sont pas de petits hommes», met en garde Eric Kremer. En effet, les différences de fonctionnement du système immunitaire entre les espèces sont très importantes. Et si les données concernant les tests sur humains sont encourageantes, seuls trois patients ont pour l'instant été traités.

Il faudra donc attendre le résultat de futurs tests cliniques pour savoir si cette nouvelle méthode est bien efficace et avec des effets secondaires acceptables. De manière générale, les médecins utilisent plusieurs traitements différents et cumulés pour traiter chaque cancer. Pour Eric Kremer, si cette méthode vient s'ajouter aux médicaments actuels et fonctionne sur «quelques cancers», ce sera déjà un énorme pas en avant.

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