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«Nos serments» au FTA: L'amour libre, vraiment?

«Nos serments» au FTA: L'amour libre, vraiment?
Pierre Sautelet

L'amour libre, ça se peut? Que oui. Cette façon particulière d'aborder les relations amoureuses est sur toutes les lèvres, soulève bien des interrogations, et encore plus de critiques. Et pourtant: n'est-ce pas une solution viable pour ceux qui désirent vivre à deux en toute liberté? Julie Duclos pose indirectement cette question - entre beaucoup d'autres - dans Nos serments, spectacle entre théâtre et cinéma présenté au Centre du Théâtre d'Aujourd'hui dans le cadre du Festival TransAmériques (FTA), qui s'inspire librement de La maman et la putain, film marquant de Jean Eustache. Retour.

Bienvenue chez François (David Houri) et Esther (Alix Riemer), un couple qui vit ensemble et qui couche parfois avec d'autres. Sans crise ou chichis. Ou si peu. François a aimé la fragile Mathilde (Maëlia Gentil), aimera bientôt Olivia (Magdalena Malina)... Tandis qu'Esther fréquente et vivote de flirts en coups de coeur, en étant apparemment bien à l'aise avec les amourettes de François. Et lui, il est jaloux parfois, s'en fout plus souvent qu'autrement, et ne se confie réellement qu'à son ami Gilles (Yohan Lopez), qui prendra une importance inattendue tout au long de la pièce. Pas léger, n'est-ce pas?

C'est ainsi qu'on est invité dans dans l'univers de Nos serments, beau, complexe. Des tranches de vie apposées, entre scènes et projections, pouvant donner l'impression au spectateur de regarder par le trou d'une porte plutôt que la scène du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui. L'identification aux personnages est facile, tellement ils s'incrivent dans notre société de consommation à la sauce Tinder. La personne avec qui ils ont une aventure ne leur plaît plus? Hop, on jette, et on recommence ailleurs.

Le jeu est un peu inégal oui, mais aussi très vrai. C'est que dans notre quotidien, on ne s'assure pas nécessairement de bien déclamer son texte, avec les bonnes intonations. Parfois, ça sort maladroitement, quand ça veut bien sortir. Si ça a pu faire froncer les sourcils de certains spectateurs, bien vite, ces détails ont été laissés de côté. On n'entend pas assez les acteurs? Oups, on se penche sur notre siège pour mieux saisir leurs propos. Oups, un des comédiens manque de rythme? Pas grave, on se pend à ses lèvres pour mieux suivre l'action.

Tellement, que quand François a lancé à Esther un «Alors quoi, je pars comme ça?», une dame dans la salle a lancé un «OUI» très franc, très marqué, instinctivement. Un éclat de rire a résonné dans la salle, entraînant une salve de rires et d'applaudissements, au grand bonheur des comédiens qui ont eu toutes les misères du monde à garder leur sérieux durant cette scène pourtant charnière de la pièce.

Un moment parfait, très drôle, qui a justifié le plaisir d'aller voir Nos serments: si on peut décrocher parfois, on y découvre toutefois des thèmes abordés avec brio. Sans tenter d'imposer des réponses aux multiples questions qui entourent le concept de l'amour libre, Nos serments en dresse plutôt un tableau franc et juste.

On entend souvent dire «Laisse-le/la aller. S'il/elle t'aime, il/elle va revenir». Ce conseil qu'on sème à tous vents est particulièrement bien montré dans cette pièce. Que la porte soit littéralement ouverte ou hystériquement fermée: l'ouverture d'esprit et la liberté ne sont malheureusement pas une assurance contre l'abandon.

Nos serments, du 31 mai au 2 juin au Centre du Théâtre d'Aujourd'hui. Pour plus d'informations, c'est ici.

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