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Egyptair MS804: quelles sont les habitudes djihadistes dans la revendication d'attentats

Quelles sont les habitudes des djihadistes dans la revendication d'attentats?

Le ministre égyptien de l'Aviation civile Ahmed Fathy avait estimé le jour de l’écrasement du vol MS804 que "la probabilité" d'une "attaque terroriste" était "plus élevée que celle d'une défaillance technique". Or, les heures passent, et aucun communiqué des deux entités terroristes les plus connues (État islamique et Al-Qaida) n'ont pas revendiqué pour l'instant le moindre attentat). Pourtant, il n'avait pas fallu attendre bien longtemps (une dizaine d'heures) pour que la branche égyptienne de l'EI revendique l'attaque du Metrojet en octobre dernier.

Idem si l'on se souvient des revendications des attaques de Paris et Bruxelles. Quelques heures après les attentats, des communiqués - certes inexacts - avaient été rapidement émis pour signer l'acte. Faut-il pour autant en déduire qu'il faut écarter la piste terroriste concernant l’écrasement de l'A320 d'EgyptAir? Des exemples précédents nous incitent au contraire à la prudence.

Les précédents du 11 septembre et des attentats de Madrid

Cela paraît loin, et pourtant, c'est à cette date que tout commence. Au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre, aucun communiqué (à la manière de ce qui se fait aujourd'hui) n'est diffusé. D'ailleurs, cette absence de revendication en bonne et due forme est une brèche dans laquelle s'engouffrent les théoriciens conspirationnistes. Pourtant, Ben Laden, via plusieurs documents audio et vidéo, a bien, et à plusieurs reprises, signé l'acte, mais dans un délai beaucoup plus important que les revendications de Bruxelles ou Paris par exemple. Il faut en effet attendre le 7 octobre pour que la chaîne Al-Jazira diffuse pour la première fois une vidéo de Ben Laden faisant référence aux attentats. S'en suivront d'autres documents qui viendront confirmer son implication.

ousama ben ladenCapture d'écran du message diffusé sur Al-Jazira

Le dernier message ayant été diffusé en décembre 2001, il y avait bien là une intention de "feuilletoner" la séquence pour terroriser l'opinion publique occidentale, la guerre médiatique ayant été théorisée par Ayman al-Zawahiri (actuel leader d'Al-Qaida et ancien bras droit de Ben Laden) comme étant "la moitié du djihad". Sans atteindre ce niveau de latence entre l'acte et sa revendication, les autorités espagnoles ont également attendu de nombreuses heures entre la commission des attentats de Madrid (le 11 mars 2004) et la réception d'un document vidéo authentifiant l'attaque quatre jours plus tard. Assez de temps pour que les services espagnols creusent, à tort, la piste basque.

Charlie Hebdo et la revendication d'Aqpa

Entre le moment où les frères Kouachi ont décimé la rédaction de Charlie Hebdo et le jour où Al Qaida dans la Péninsule arabique (Aqpa) a officiellement revendiqué l'attentat, il s'est écoulé une semaine. Certes, les assaillants avaient pris soin dès le 7 janvier de revendiquer à haute voix leur appartenance, mais cela ne constituait en rien une revendication "officielle".

Pour cela, il faudra attendre le 14 janvier pour qu'apparaisse Nasser Ben Ali al-Anassi (un cadre d'Aqpa) sur une vidéo de revendication. "Nous tenons à préciser à l'intention de la nation musulmane que ce sont nous qui avons choisi la cible, financé l'opération et recruté son chef", affirmait-il précisant que "l'opération a été menée sur ordre de notre émir général Ayman al-Zawahiri et conformément à la volonté posthume d'Oussama Ben Laden".

Là encore, donc, on est dans un tempo bien différent de ce à quoi nous ont habitués les djihadistes ces derniers mois, dégainant rapidement un communiqué, quitte à ce qu'il soit truffé d'approximations. Alors, est-ce une spécificité du groupe armé État islamique de communiquer le plus vite possible?

L'absence de revendication de l'EI sous 36 h? "Plutôt rare"

Comme dit plus haut, les agences médiatiques de l'État islamique revendiquent très tôt quand un acte est commis au nom du califat. En général, quelques heures suffisent pour la première phase de communication, celle du bref communiqué rédigé en plusieurs langues et partagé en masse sur les réseaux sociaux, Twitter en tête.

Vient ensuite la seconde phase, celle de la revendication vidéo, mettant en scène les assaillants qui revendiquent eux-mêmes leurs actes (à ce jour, aucune vidéo de ce genre n'a été diffusée pour les attentats de Bruxelles). Entre la première et la seconde phase, s'écoulent en général plusieurs semaines. Mais pour ce qui est de la première revendication, le groupe armé État islamique souhaite aller le plus vite possible.

"C'est dans la logique de l'EI. S'ils sont responsables, ils revendiquent presque tout le temps dans la journée leurs actes. Daech est très prompt à revendiquer ce genre d'actions, surtout lorsqu'elles sont aussi importantes", expliquait à Challenges Mathieu Guidère, spécialiste des mouvements djihadistes, après l'attentat contre l'avion russe en Égypte. Ce faisant, il apparaît curieux que, si attentat il y a eu concernant le vol MS804, ce soit silence radio du côté des branches médiatiques de l'EI.

C'est en tout cas l'avis de Evan Kohlmann, analyste pour la chaîne NBC, qui a souligné sur Twitter que c'était "plutôt rare pour l'EI d'attendre plus de 36 heures pour revendiquer un acte d'envergure internationale".

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