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Les affirmations de Robert Poëti balayées par son ex sous ministre aux Transports Dominique Savoie

Les affirmations de Poëti balayées par son ex sous ministre aux Transports
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La sous-ministre des Transports, Dominique Savoie, a balayé, mercredi, les craintes de l'ex-ministre Robert Poëti à propos d'irrégularités dans sa gestion.

Mme Savoie a soutenu devant une commission parlementaire qu'aucun des 14 professionnels chargés de s'assurer de la conformité des contrats (PCP) ne s'était plaint de harcèlement ou d'intimidation.

"C'était unanime, les 14 ont dit: 'on n'est pas victimes de harcèlement, d'intimidation, on n'a pas eu de menaces', a-t-elle dit aux députés. J'en aurais eu un, j'aurais poussé plus loin. J'étais déjà intervenue à un endroit mais ce n'était pas des représailles, c'était un conflit de personnalité."

La sous-ministre a également minimisé des irrégularités des vérifications de processus d'octroi de contrat en soulignant que rien de criminel ou contraire au cadre réglementaire n'a été constaté.

"C'était plus un manque de formation de nos nouveaux PCP que le fait qu'il y avait eu des malversations ou des incidences financières importantes", a-t-elle dit.

Mme Savoie s'est dégagée de toute responsabilité dans l'octroi de gré à gré à d'anciens employés du ministère réembauchés de contrats fractionnés dont le montant est sous le seuil d'appel d'offres.

Concernant un contrat d'une société de transport de l'Outaouais octroyé à une entreprise dont le tarif excédait de 3 millions $ celui du plus bas soumissionnaire, Mme Savoie a imputé cette décision à des règles du secteur municipal qui permettent de privilégier la qualité de l'offre à son prix.

"Je vous invite à faire la différence entre peut-être dans certains cas des insatisfactions administratives versus des probabilités d'actes criminels, a-t-elle dit en concluant ses échanges avec les députés. Est-ce que ça peut être grave, pas grave? Ça nous amène à se poser des questions et je serai toujours disponible pour répondre à vos questions, mais je pense qu'il y a une certaine prudence qu'il faut se donner."

Dans un point de presse qui a suivi son audition, Mme Savoie a défendu son intégrité en soulignant son expérience dans la fonction publique.

"Je n'ai rien à me reprocher, je suis dans la fonction publique depuis près de 30 ans, j'ai une belle carrière intègre", a-t-elle dit.

En commission, Mme Savoie s'est retrouvée sur la sellette quand les députés ont réalisé qu'une nouvelle version d'un rapport de son ministère, déposé en Chambre par le gouvernement avec des pages manquantes, continuait d'être incomplet en plus d'être remanié.

"Je ne sais pas comment vous le dire mais je suis troublé, a dit le député libéral Guy Ouellette. Il y a des mots qui ont été changés par rapport à ce qui a été déposé ce matin. Je vais arrêter ça là, je ne voudrais pas faire un commentaire ou penser à quelque chose."

Lors d'un point de presse, plus tôt mercredi, M. Poëti, qui a été démis de ses fonctions au dernier remaniement ministériel, a affirmé qu'il avait choisi en 2014 une analyste externe afin d'examiner les pratiques du ministère, notamment concernant les spécialistes de la conformité des contrats dans les directions régionales.

"Quelqu'un de l'externe amène de l'information d'une autre façon et les informations que j'ai eues, c'était que certains professionnels, en conformité des contrats, avaient reçu des menaces et de l'intimidation, et c'est inacceptable", a-t-il dit dans une mêlée de presse.

M. Poëti, qui voulait garder son poste de ministre afin de poursuivre son ménage, n'a pas remis en question les raisons qui lui ont été exprimées par M. Couillard au moment où il est redevenu simple député, en début d'année.

"Ça va faire trois mois, j'ai compris, j'ai eu du premier ministre les raisons, les orientations sur les gens de région, et plus de femmes, je l'ai compris, il me l'a dit, a-t-il déclaré. Je ne doute pas des paroles du premier ministre."

Fin avril, M. Poëti avait écrit à son successeur, Jacques Daoust, pour déplorer qu'aucun suivi n'ait été fait pour les constats inquiétants qu'il faisait concernant l'octroi de contrats de gré à gré, les processus de vérifications internes et l'imputabilité de Mme Savoie.

Dans le document rendu public mercredi par le gouvernement, M. Poëti se plaignait d'ailleurs de l'absence de réponses offertes par Mme Savoie, qui n'a pas donné suite à ses demandes de renseignement avant qu'il ne perde son poste.

"Je suis obligé d'admettre qu'elle ne m'est jamais revenue avec des réponses et a étiré le temps à outrance, a-t-il dit. Néanmoins, le temps lui a donné raison, elle n'a pas eu à me répondre."

Aux députés, Mme Savoie a reconnu qu'elle ne partageait pas l'avis de M. Poëti, qui souhaitait regrouper les responsables de la conformité des contrats avec des vérificateurs, ce qui ne lui apparaissait pas productif.

"L'administration d'un ministère, c'est la responsabilité du sous-ministre", a-t-elle dit, en niant tout différend personnel avec l'ex-ministre.

La députée péquiste Martine Ouellet a accusé Mme Savoie de banaliser la situation alors que plusieurs questions de gestion subsistent.

"Clairement, il y avait de la part de M. Poëti des inquiétudes qui ont été confirmées par le rapport que nous avons reçu, qu'il y avait un problème d'indépendance des vérificateurs, mais Mme Savoie s'est obstinée à dire que ce n'était pas nécessaire", a-t-elle dit.

Les partis de l'opposition ont laissé entendre mercredi que le départ de M. Poëti de ses fonctions aux Transports a pu être décidé parce qu'il dérangeait, ce que le premier ministre Philippe Couillard a rejeté.

M. Couillard a affirmé qu'il n'avait jamais entendu des inquiétudes de M. Poëti avant la publication, mardi soir, d'un reportage du magazine "L'Actualité".

"La première fois que j'ai entendu littéralement parler de ça, c'est en prenant mon déjeuner ce matin", a-t-il dit.

M. Couillard a cependant précisé que les constatations de l'analyste externe, Annie Trudel, ont été transmises à l'Unité permanente anticorruption (UPAC), le 10 mai dernier.

Présente mercredi en commission parlementaire, la vérificatrice générale Guylaine Leclerc a accepté de devancer ses travaux prévus au ministère des Transports, en laissant entrevoir qu'un dépôt de rapport sera possible au printemps 2017.

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