Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Avant «Personal Shopper» d'Olivier Assayas, et si «Twilight» avait été le premier film d'auteur de Kristen Stewart?

Et si «Twilight» avait été le premier film d'auteur de Kristen Stewart?
Copyright Summit Entertainment

À 26 ans, Kristen Stewart monte les marches de Cannes pour la troisième fois. En 2012, c’est aux côtés de Walter Salles, en compétition cette année en tant que producteur du film Aquarius, que l’actrice avait foulé le tapis rouge pour le film Sur la Route, adaptation du célèbre roman de Kerouac.

Cette année, comme l’an dernier, c’est le réalisateur français Olivier Assayas qui l’accompagne en vue de présenter un film écrit pour elle, Personal Shopper. Elle y incarne une assistante, comme lors de leur première collaboration pour Sils Maria. Cette fois, elle est exilée à Paris après la mort de son frère jumeau. Un personnage tourmenté loin de la légère Vonnie du Café Society de Woody Allen, plus proche d’ Isabella Swan qu’elle incarnait dans les tant décriés Twilight.

Pourtant, le premier opus de cette saga pour adolescents qui l’a fait connaître, Twilight - Chapitre 1: fascination, se pare de similitudes avec les si glorifiés films d’auteur présentés chaque année sur la Croisette. Kristen Stewart vante même les qualités de ce volet. "On a commencé très fort. Si seulement nous avions réussi à préserver l'énergie, l'enthousiasme (du premier film)... Mais tout le monde redoutait de décevoir les attentes du public et les films suivants ont été de pures productions de studio", regrette l'actrice américaine dans un entretien au journal Le Monde.

Un thème peut en cacher un autre

Au delà de la réalisation pour ado aux rêves plein la tête, il apparaît que ce film traite un thème plus profond que les amours de jeunesses, souvent montrés sous leur mauvais jours, alors futiles et grossiers, dans certaines productions américaines. "On l’a également nommée "la saga du désir interdit", et pour cause: malgré ses airs de littérature de supermarché,Twilight a invité les vampires à nous parler d’émergence de la sexualité" , écrivaient Les Inrocks en 2014. La naissance du désir féminin y est abordée, à demi-mot, à travers le personnage de Bella.

Une seconde lecture habituelle des films d’auteur. "Il y a dans un film d'auteur, un deuxième niveau qui n'existe pas dans le film du simple réalisateur, de l'exécutant. Non qu'un film réalisé par un tâcheron soit dépourvu de sens. (...) Mais ce sens se confond avec le sujets. Immédiatement lisible, il est tout entier dans le récit qui l'illustre et/ou le dramatise", analyse Michel Serceau dans son livre Y a-t-il un cinéma d'auteur?.

Et si le thème de l’adolescence et de ses subtilités est bien mis en avant dans cet opus, c’est d’une part grâce au jeu de Kristen Stewart déjà assez nuancé et d'autre part grâce à l’œil de la réalisatrice, Catherine Hardwicke.

La patte de la réalisatrice

On doit à cette cinéaste la mise en scène du très remarqué Thirteen, Les Seigneurs de Dogtown, ou encore le moins remarqué La Nativité. Tous ces films ont en commun le thème de l’adolescence, cher à Catherine Hardwicke. Un sujet qui imprime sa patte.

La patte d’un cinéaste justement peut être vue comme une caractéristique d’un film d’auteur. C’est en tout cas ce que décrivait Alexandre Astruc en 1954 dans un hors-série "Les Cahiers du Cinéma". "Quand un homme depuis trente ans, et à travers cinquante films, raconte à peu près toujours la même histoire: celle d'une âme aux prises avec le mal, et maintient, le long de cette ligne unique, le même style fait essentiellement d'une façon exemplaire de dépouiller les personnages et de les plonger dans l'univers abstrait de leurs passions, il me paraît difficile de ne pas admettre que l'on se trouve, pour une fois, en face de ce qu'il y a après tout de plus rare dans cette industrie: un auteur de films."

Si Catherine Hardwicke n’avait pas fait cinquante films sur l’adolescence avant Twilight, ses trois premiers films qui l’ont précédé s’y intéressaient, comme le volet "Fascination".

Financé, et alors?

Le financement est également l’un des aspects souvent utilisée aujourd’hui pour qualifier le cinéma d’auteur. Selon certains, il doit être indépendant. Si l’on part de cet optique Twilight est loin de remplir ce critère. Blockbuster hollywoodien, cette super-production n’a pas suivi un parcourt du combattant pour trouver de l’argent.

Mais en y regardant de plus près, on découvre que des films, indiscutablement ralliés à ce genre, comme certains signés de la main de François Truffaut, André Téchiné, ou Maurice Pialat ont été produits par Gaumont. Le premier succès commercial de Kristen Stewart peut alors trouvé sa place parmi ces films si exigeants.

Depuis ses premiers pas à 11 ans dans Panic Room de David Fincher aux côté de Jodie Foster jusqu’au dernier film d’Olivier Assayas, Kristen Stewart a fait le choix, quasi permanent, d’un cinéma de qualité.

La jeune actrice passe désormais derrière la caméra pour un premier court-métrage intitulé Water. Espérons qu’elle tende à faire aussi bien que les réalisateurs qui l’ont dirigée. En tout cas, ce n’est pas l’envie qui manque puisque l’actrice confiait récemment au journal Le Monde: "Je ne désire rien tant que tourner mes propres histoires".

INOLTRE SU HUFFPOST

MONDE INFERNAL - LA GUERRE DU SANG

Films de la semaine

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.