Le recensement est de retour cette année. Cela signifie que nous devrons répondre à des questions afin de dresser un portrait fidèle de la population et de l’économie canadiennes. La loi exige que nous remplissions le questionnaire du recensement à tous les cinq ans, mais peu de gens connaissent les origines et les motifs de cette vaste opération.
L’histoire démontre que les recensements existent depuis des millénaires. Ils ont fait leur apparition au Canada en 1666, lorsque les Français ont voulu connaître l’état de leur nouvelle colonie. Ils étaient et demeurent un outil essentiel au succès d’une société. En collaboration avec Statistique Canada, voici donc un aperçu de quelques recensements ayant servi à dénombrer la population à différentes époques.
Des traces qui remontent à Babylone
Les recensements existent depuis des milliers d’années, et la première mention qui en a été faite remonte à 4000 ans avant Jésus-Christ. Les Babyloniens dénombraient leur population pour savoir quelle quantité de nourriture était requise pour la nourrir.
La Dynastie Han
La Dynastie Han a régné sur la Chine de 206 avant J.-C. à 220 après J.-C. Elle est à l’origine du plus ancien recensement à grande échelle conservé jusqu’à aujourd’hui. Effectué en l’an 2 de notre ère, celui-ci avait dénombré un total de 57 671 400 personnes.
Le Domesday Book
Le Domesday Book est le plus grand inventaire de biens et de personnes jamais réalisé en Angleterre avant le 19e siècle. Il s’agit également de la plus vieille archive publique du Royaume-Uni. Couronné en 1066, Guillaume le Conquérant craignait une invasion danoise et a voulu savoir quelles étaient les ressources financières et militaires à sa disposition. Faisant allusion au Jour du Jugement dernier dans la Bible, le nom de ce document illustre tout le pouvoir que le roi détenait grâce aux renseignements ainsi recueillis.
L’Empire inca
La civilisation inca de l’ancien Pérou ne possédait pas de langue écrite, mais elle a tout de même trouvé le moyen de prendre des notes à l’aide du quipu, un assemblage de cordelettes en laine d’alpaga ou de lama avec lesquelles les recenseurs nouaient des nœuds afin de symboliser des valeurs numériques. Les habitants de certains villages éloignés du Pérou utilisent encore le quipu de nos jours.
La Nouvelle-France
Au cours de l’année 1666, les Français ont tenu le premier recensement dans ce qui allait devenir le Canada. Afin de renforcer sa colonie de Nouvelle-France, le roi Louis XIV a confié à Jean Talon la responsabilité d’y développer une économie autosuffisante. Pour mieux accomplir cette tâche, l’intendant avait besoin de statistiques fiables et a donc recueilli des renseignements sur l’âge, le sexe, l’état matrimonial, les métiers et les professions de ses habitants.
Jean Talon a dénombré 3215 personnes dans la ville de Québec cette année-là. Un total de 36 autres recensements ont été effectués sous le régime français jusqu’en 1739. Les Britanniques ont pris le relais par la suite, organisant des recensements sur une base plus régulière, et utilisant le nombre d’habitants de chaque province pour déterminer le nombre de députés devant les représenter à la Chambre des communes.
Le recensement canadien moderne
Au Canada, tous les recensements ont été effectués sous forme d’entrevues jusqu’en 1966. Les recenseurs faisaient du porte-à-porte et inscrivaient les réponses obtenues sur un formulaire de papier. C’est en 1971 que les Canadiens ont commencé à répondre aux questions par eux-mêmes, et c’est en 2006 qu’ils ont pu remplir leur questionnaire en ligne pour la première fois.