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Hyperloop, le projet fou de transport d'Elon Musk, est devenu une vraie course technologique

Hyperloop, le projet fou de transport d'Elon Musk, est devenu une vraie course technologique

Paris-Marseille en 40 minutes. La chose semble impensable. Surtout sans quitter le plancher des vaches. C'est pourtant le rêve d'Elon Musk, le milliardaire à la tête de Tesla et SpaceX. En 2013, le fantasque Américain dévoilait son concept d'Hyperloop, une sorte de train magnétique propulsé dans un tube sous vide à près de 1200 km/h.

Si cela semblait alors un peu fou, deux ans et demi après, les choses ont bien changé. A tel point que la SNCF a investi ce mercredi 11 mai dans Hyperloop One, une start-up qui prévoit faire son premier voyage à taille réelle cette année.

Mais Hyperloop One est loin d'être la seule société à s'intéresser à ce moyen de transport futuriste. Des centaines de personnes travaillent actuellement sur "ce cinquième mode de transport". Plusieurs start-ups et universités mettent au point des prototypes qui sont plus proches de la réalité que de la fiction, dans une sorte de course technologique ouverte et improbable.

Une invention libre de droits

Pour comprendre comment une telle émulation a pu naître en moins de deux ans, il faut revenir aux premiers jours de ce projet fou. Le 12 août 2013, Elon Musk met en ligne "Hyperloop alpha", un livre blanc de 57 pages qui décrivait ce nouveau mode de transport, "après les avions, les trains, les voitures et les bateaux".

Le concept, technique, peut être résumé ainsi: dans un tube presque (une nuance importante) entièrement vidé d'air, on va propulser une capsule de trois tonnes et de moins de trois mètres de diamètre. Lévitant sur un coussin d'air "sur le même principe qu'une table de air hockey", cet ovoïde va être propulsé par des aimants. Le tube étant presque vide et la capsule lévitant, il n'y a que peu de frottements et de résistance, ce qui permet d'atteindre des vitesses ahurissantes.

Pour Musk, le projet au total ne coûterait que six milliards de dollars pour relier Los Angeles et San Francisco. Pourquoi ces deux villes? Si le milliardaire a couché sur papier l'Hyperloop, c'est car il était très déçu du projet actuel de train à grande vitesse californien, "l'un des trains les plus coûteux et lents du monde".

Mais celui qui inspira le réalisateur d'Ironman n'a pas le temps d'aller plus loin. Il faut dire qu'il gère déjà de très près Tesla et SpaceX, deux sociétés qui n'en finissent plus de révolutionner le monde du transport.

Elon Musk publie donc son livre blanc en "open source", ce qui veut dire que tout un chacun est libre de réutiliser ce concept et de construire son propre Hyperloop.

Au début, l'annonce est accueillie à la fois avec enthousiasme et avec scepticisme, certains spécialistes évoquant des coûts sous-évalués ou une capacité de transport surévaluée.

Trois start-ups concurrentes

Dans les mois qui suivent, deux start-ups se lancent dans la course: Hyperloop Transportation Technologies (HTT) et Hyperloop Technologies, qui vient de se rebaptiser Hyperloop One. S'en suivent de longs mois de calme, mais petit à petit, la réalité commence doucement à rejoindre la fiction.

D'un côté, Hyperloop One a dévoilé le 11 mai une levée de fond de 80 millions de dollars auprès de neuf investisseurs, dont la SNCF. la société devrait également dévoiler un peu plus tard dans la journée un modèle réduit de sa capsule, afin de faire une démonstration de son système de propulsion, selon TechInsider.

Hasard du calendrier ou tentative d'occuper le terrain, son concurrent HTT a levé le voile, deux jours plus tôt, sur son Hyperloop fait maison. La société a développé un système de "lévitation magnétique passif" et ne veut pas utiliser un simple coussin d'air, comme l'évoquait Elon Musk.

Cette technique a l'intérêt de ne pas consommer beaucoup d'énergie par rapport aux systèmes classiques de lévitation magnétiques, utilisés par exemple dans les trains au Japon. Par contre, à l'instar de la Delorean de Retour vers le futur, la capsule doit être propulsée à 32 km/h sur des roues pour que le système se mette en marche et que l'accélération se fasse. Le 11 mars, HTT a annoncé un partenariat avec la Slovaquie pour un projet européen qui pourrait relier Vienne, Bratislava et Budapest.

En mars toujours, la start-up Transpod a rejoint la course, annonçant qu'elle allait présenter un prototype à taille réelle en septembre 2016. La société canadienne affirme que son véhicule sera prêt à être commercialisé d'ici 2020.

Elon Musk (re)rentre dans la danse

L'histoire de cette dernière société est un peu particulière. Transpod est née en septembre 2015, en partenariat avec l'Université de Toronto pour participer à un concours... organisé par Elon Musk.

En effet, si le milliardaire avait semblé lâcher son bébé dans la nature en 2013, il a tout de même gardé un oeil dessus. En janvier 2015, Musk annonce qu'il va construire une piste de test au Texas pour l'Hyperloop. Dans le même temps, il imagine un concours annuel ouvert aux universités et aux entreprises qui souhaitent travailler sur cette technologie.

L'objectif: que des équipes diverses réfléchissent aux meilleurs designs de capsules et aux détails des systèmes de lévitation, propulsion, aérodynamisme, etc. Le concours est officiellement lancé quelques mois après. En février, 120 équipes sont départagées par un jury d'experts. Des étudiants du prestigieux MIT ont remporté le premier prix.

Mais au total, 22 équipes ont été sélectionnées pour tenter de donner vie à leur projet. Cet été, elles vont pouvoir tester leur prototype (à échelle 1/2) sur la piste qu'Elon Musk est en train de construire.

Si la société canadienne Transpod sera de la partie, elle voit déjà plus grand et a pris son indépendance en mars, pour venir concurrencer les deux start-ups déjà lancées dans cette course vers le transport de demain. 2016 sera l'année du grand test pour les différents projets d'Hyperloop. Que le meilleur gagne.

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