Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Un projet ambitieux transforme femmes, hommes et enfants en Frida Kahlo pendant 15 minutes (PHOTOS)

Hommes, femmes et enfants dans la peau de Frida Kahlo (PHOTOS)

Avec "Todos podem ser Frida", Camila Fontenele de Miranda explore les différentes façons d’incarner l’esprit de l’artiste mexicaine.

Nous sommes nombreux à avoir rêvé d’incarner "l’esprit Frida Kahlo". Et je ne parle pas seulement de revêtir une couronne de fleurs et des tissus aux drapés parfaits, en s’essayant peut-être aux coiffures de l’artiste… ou à sa fine moustache. J’entends par là la transmission de cette force qu’elle incarnait, du courage avec lequel elle envisageait son art, et de la ténacité dont elle a fait preuve pour vaincre la maladie, les blessures et les peines de cœur.

La photographe brésilienne Camila Fontenele de Miranda a creusé le sujet. Pour son projet Todos podem ser Frida ("Tout le monde peut être Frida"), elle propose à des hommes, des femmes et des enfants de poser pour elle comme autant d’incarnations de Kahlo. Surtout, elle demande aux participants de ressusciter l’intensité électrique qui caractérisait l’artiste par leur posture, leur regard et leur introspection.

De Miranda raconte qu’elle a découvert Frida Kahlo lors d’un cours d’histoire à l’université. "Je suis d’abord tombée amoureuse des couleurs, et ressenti un lien très fort, presque spirituel, entre nous" raconte-t-elle au Huffington Post américain Post dans un email. "J’ai commencé à lire beaucoup de choses sur sa vie et son travail, jusqu’au moment où j’ai trouvé le courage de créer quelque chose en rapport avec ce qu’elle m’inspirait. C’était comme une mission que je devais mener, car j’avais besoin d’elle dans ma vie privée et professionnelle.”

Elle a imaginé Todos podem ser Frida en 2012, alors qu’elle travaillait dans la pub et faisait de la photo sur son temps libre. La série de clichés a débuté avec des hommes habillés comme l’artiste, portant vêtements et accessoires liés aux thèmes forts de sa vie: Frida por inteiro ("Frida toute entière"), O amor de Frida ("L’amour de Frida"), As cores de Frida ("Les couleurs de Frida"), A dor de Frida ("La douleur de Frida") et O aborto de Frida ("L’avortement de Frida").

"Frida por inteiro" souligne la force et l’intensité du personnage, tandis que "O amor de Frida" suit les rebondissements et l’intimité qui ont émaillé sa vie, notamment avec son mari Diego Rivera, entre autres. "As cores de Frida" exploite l’utilisation audacieuse des pigments dans l’œuvre du peintre tandis que "A dor de Frida" s’intéresse à l’agonie qu’elle décrivait dans ses autoportraits, et qui lui venait d’une vie jalonnée par la maladie, dont la polio quand elle était enfant. Enfin, "O aborto de Frida" fait référence aux problèmes liés à un accident de tram que l’artiste a rencontré pour avoir des enfants, avec plusieurs fausses couches et un avortement.

Camila Fontenele de Miranda

Pour de Miranda, débuter son projet avec des hommes avait tout son sens car elle souhaitait explorer la façon dont Frida Kahlo appréhendait les différences entre les sexes et repoussait les frontières de la sexualité. "Elle avait pour habitude de porter des vêtements d’homme, et des rumeurs la disaient bisexuelle", explique la photographe. "Je trouve qu’elle a été très courageuse de vivre avec autant d’intensité, sans jamais avoir peur d’essayer d’être l’autre."

Mais de Miranda a vite ouvert le projet aux femmes et enfants. Elle raconte qu’une fois qu’elle a commencé à le partager sur

internet (principalement sur Facebook), elle s’est rendue compte du grand intérêt exprimé par tous types de personnes. "Ce n’était pas simplement une question d’esthétique", ajoute-t-elle. "Elle a un pouvoir que je suis incapable de définir."

Désormais, tout le monde peut participer au projet, et gratuitement. La création du personnage — réalisée par une équipe

d’assistants photographes et de maquilleurs travaillant dans un mini studio — et la prise de vue prennent environ 15 minutes.

Selon de Miranda, la magie opère avant même qu’elle ne prenne la photo, quand le modèle "avance sur le chemin de la connaissance de lui-même." Comme elle le rappelle lors de notre échange, Todos podem ser Frida est aussi intéressant du point de vue photographique que de celui de la découverte de soi, à la fois pour le modèle et pour Miranda.

Camila Fontenele de Miranda

"Au début, j’ignorais où tout cela me mènerait car j’entretenais une relation spéciale et intime avec [Frida Kahlo], et que mon

intention était de communiquer par le biais de mon art, de me découvrir", ajoute-t-elle. "Après une année consacrée à la première partie de ce projet, j’ai eu le courage de quitter mon emploi et de devenir photographe à plein temps."

Ce projet propose un aperçu intéressant de la frontière ténue qui sépare le fait d’apprécier l’importance culturelle de Frida Kahlo et celui de se l’approprier. Quant à la raison pour laquelle l’œuvre de l’artiste mexicaine touche non seulement de Miranda mais aussi des hordes entières de fans qui lui vouent pratiquement un culte, la photographe l’interprète ainsi:

"Je la vois comme une représentation de ce que nous sommes devenus et ce que nous voulons devenir. Frida Kahlo a inspiré beaucoup de monde. Elle était tellement en avance sur son temps, surtout parce que c’était une femme. Cela peut sembler poétique ou un peu trop intime mais, quand je traverse des moments difficiles, je pense à elle et j’en tire beaucoup de force. Je n’ai pas eu la chance de la découvrir lorsqu’elle j’étais adolescente, ce qui aurait pu changer beaucoup de choses. Comme elle, j’avais d’épais sourcils. Mais savoir que les gens peuvent aujourd’hui la découvrir plus tôt me rend vraiment heureuse. Elle mérite cette reconnaissance."

Camila Fontenele de Miranda

Camila Fontenele de Miranda

Camila Fontenele de Miranda

Camila Fontenele de Miranda

Camila Fontenele de Miranda

Camila Fontenele de Miranda

Camila Fontenele de Miranda

Ce blog, publié à l’origine sur le Huffington Post américain, a été traduit par Laura Pertuy pour Fast for Word.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.