Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Le «Best Seller» de DJ Champion: la vie d'abord (ENTREVUE/PHOTOS)

Le «Best Seller» de DJ Champion: la vie d'abord (ENTREVUE/PHOTOS)
Courtoisie

Trois ans après la sortie de son troisième album studio électro-symphonique °1, Champion revient à l’avant-scène musicale avec un opus au titre ironique, Best Seller. Les ventes de disques physiques sont peut-être en chute libre, mais c’est la vie que l’artiste veut d’abord célébrer. Eh bien, tant mieux. Rencontre.

Lancement - «Best Seller» de DJ Champion

Champion n’a jamais vraiment disparu de nos écrans radars. Au fil des trois dernières années, il a offert des spectacles çà et là, dont un concert à la Place des arts dans le cadre du Festival international de Jazz de Montréal. La plupart du temps, ils étaient à grand déploiement. Il a aussi travaillé à divers projets parallèles comme la composition d’une musique pour un spectacle multimédia immersif intitulé Aurotae présenté au Planétarium de Montréal.

Quoi qu’il en soit, Maxime Morin, alias (DJ) Champion, s’est remis au boulot afin de concocter un album inventif de 13 morceaux de musique électronique qui rappelle un tantinet la belle époque de l’opus Chill’em’All (2005), marqué par l’incroyable voix de Betty Bonifassi. Il en avait d’ailleurs vendu plus de 100 000 exemplaires au Canada, semble-t-il. Un vrai best-seller !

Cela dit, le Best Seller qui nous préoccupe ici n’est pas aussi séduisant que Chill’em’All et sonne parfois (And I You, Boy Toy, Julio’s Holly Rodeo) à la limite du travail exploratoire. Bien entendu, les boucles de guitares (assez utilisées) et les rythmes entrainants sont de retour. Or, certains morceaux, comme les étranges Yea-Eah et Money Money Money, n’appellent pas toujours à la danse, à moins d’exceller dans le désarticulé et le post-contemporain.

Lou

Si Chill’em’All a sa Betty Bonifassi, on peut dire que Best Seller a sa Lou Laurence (le nom se prononce en français). Cette chanteuse de 27 ans (de son vrai nom Lauren Clinton) pratiquement inconnue de tous, du moins jusqu’à maintenant, dispose d’une voix à la fois puissante (What a Life et son ambiance de rock année 1980) et sensuelle (Claustrophobic). Impliquée passablement dans le processus créatif du récent album de Champion, Lou Laurence chante les textes de cinq pièces, y compris les très accrocheuses I Can’t Let Go et Life Is Good. Cette jeune femme est probablement LA perle de Best Seller.

«Elle a grandi à Toronto et aussi habité à Victoria (Colombie-Britannique), raconte Maxime Morin. Elle s’est promenée dans le pays pour finalement s’installer à Montréal. Elle commence sa carrière de chanteuse. Elle joue tous les lundis soirs au Bishop & Bagg (situé sur la rue Saint-Viateur, à Montréal) et donne aussi des cours d’anglais et parle un excellent français. J’ai rencontré Lou parce que je cherchais des voix pour mon album. J’ai trouvé différents noms. Gars ou filles, connus ou non, ce n’était pas important. Je suis tombé sur une vidéo d’elle chantant Feeling Good (reprise de Nina Simone) dans sa cuisine. À partir du moment où j’ai entendu sa voix, c’était clair dans ma tête que c’était elle…»

Life

Maxime Morin, qui a réalisé et composé les 13 morceaux de Best Seller (parfois aidé par Laurence), a travaillé une soixantaine de maquettes ou de mini-extraits avant de faire une purge. Beaucoup de pièces proviennent d’idées de «loops» sur lesquels il a ensuite jeté des arrangements plus étoffés. Par ailleurs, certaines pièces composées il y a quelques années sont revenues dans le décor. «I Can’t Let Go, Life Is Good, Claustrophobic et Lead On sont des chansons écrites avant l’album Resistance, explique l’artiste. Parce que je trouvais que c’était trop semblable à Chill’em’All, j’ai résisté à la facilité et mis de côté ces chansons.

Maintenant, ça m’apparait une erreur parce que j’ai été malade en criss. Je ne regrette pas du tout et j’ai vécu ce que j’avais à vivre (il laisse même entendre que ce choix a pu avoir un impact sur le cancer qui l’a ensuite assailli). Ma relation avec la musique est plus qu’utilitaire, c’est mon existence. Elle influence ma façon d’être et mon état d’esprit. La musique a pris tellement de place dans ma vie dans le passé, qu’elle m’a même rendu malade, je crois. Aujourd’hui, j’ai un rapport plus équilibré, disons.»

Pas de surprise, donc, de constater que le titre de deux morceaux de Best Seller - Life Is Good et What a Life - renferme le mot «vie».

Questionné quant à ce choix, Maxime Morin répond avec beaucoup de candeur. «Il y a un thème, c’est vrai, dit-il en riant. La vie, c’est ma muse. J’y trouve en même temps une forme d’équilibre et de discordance (deux mots qui reflètent assez bien la musique de Best Seller). Un moment donné, je me suis dit que je pourrais peut-être faire un effort pour éviter cette répétition. Finalement, j’ai choisi d’être naturel. Je ne voulais rien maquiller.»

«Un angle important de l’album, c’est l’erreur intentionnelle ou non, précise le musicien. J’aurais pu faire un disque hypertravaillé et raffiné avec plusieurs couches. Mais, je ne voulais pas aller vers ça. Je voulais quelque chose de cru. Je voulais laisser parler l’individu et partager mon état d’âme […] Ça explique ce côté un peu croche; laisser des imperfections, je trouvais que c’était vrai. Le fait d’avoir deux fois le mot Life sur un même album c’est peut-être une maladresse, mais c’est moi. [court silence] J’ai trop bu de café, tabarnack», envoie-t-il soudainement, presque à bout de souffle. Le rire est généreux.

Visiblement, Maxime Morin n’avait pas envie de prendre son Champion trop au sérieux, cette fois-ci. Et le titre Best Seller est à ce sujet très évocateur: « Si j’avais connu du succès cinq ans plus tôt (à partir de Chill’em’All), je serais multimillionnaire. Je n’aurais vraiment aucun problème d’argent. Je n’en ai pas, mais ma vie (financière) serait bien différente. Si je pense à l’histoire des ventes d’album, c’est le regret. Qu’est-ce qu’on devrait faire? Je gagne ma vie décemment, malgré tout. Je paye mes affaires. J’ai une maison et un studio. Je fais mon argent avec les shows et la vente de synchro pour des publicités et des téléséries. Si je pensais toujours aux millions que je ne ferai jamais, je serais toujours en train de brailler! Best Seller, c’est un titre drôle maintenant qu’on vend beaucoup moins d’albums. C’est juste un clin d’œil.»

Outre Lou Laurence et les cinq gars des G-strings (collectif de guitaristes et d’un bassiste qui collabore aux spectacles de Champion), on retrouvera aussi sur scène la chanteuse Marie-Christine Depestre, qui a collaboré à trois morceaux du disque.

Le premier concert officiel de Champion sera livré au Club Soda, dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal, le 30 juin.

Best Seller

Champion

Sous étiquette Bonsound

Sortie le 6 mai

INOLTRE SU HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.