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Une affiche électorale «miroir» qui veut être le reflet d'une nouvelle politique

Cette affiche électorale devient LITTÉRALEMENT le reflet de l'électeur
MAVOIX

Le collectif "Ma Voix" a fait fort pour sa première affiche électorale en vue des législatives partielles de Strasbourg, en France. On peut y lire le slogan "Qui me représente le mieux?", accompagné d'un miroir juste en dessous. Malgré l'effet légèrement déformant, n'importe quel passant (et donc potentiel électeur) peut y voir son propre reflet quand il s'en approche.

Le député du Parti socialiste Armand Jung a clos son mandat en mars dernier, ouvrant la voie à une nouvelle élection qui se tiendra les 22 et 29 mai. Ma Voix, qui cherche à s'ancrer sur tout le territoire, a profité de cette aubaine pour proposer un nouveau candidat, qui a été désigné par tirage au sort. Une première dans l'histoire de la politique française.

Ma Voix cherche par tous les moyens à couper avec les partis traditionnels. Ce sera donc Daniel Gerber, un ancien libraire, âgé d'une cinquantaine d'années, qui sera candidat. Mais en lieu et place de son visage sur les affiches, ce sera le vôtre, pour mieux coller aux engagements initiaux du collectif:

"Nous nous mettons en marche de manière collective, horizontale, débarrassée des quêtes de pouvoirs personnelles et des postures partisanes stériles."

Lundi 2 mai, ils étaient nombreux à coller les affiches miroir sur les panneaux des rues de Strasbourg.

Au-delà de la bonne idée de communication, cette affiche s'inscrit dans un mouvement politique global qui a soif d'horizontalité et de bonnes pratiques, à la manière de Podemos en Espagne ou Syriza en Grèce. Ce mouvement de citoyens a envie d'inventer une nouvelle approche de la politique. Sur leur page Facebook, on peut lire ceci:

"Nous sommes de ceux qui n’arrivent plus à aller voter la tête haute. Certains d’entre nous ne votent plus du tout, d’autres votent blanc, ceux qui votent encore le font par défaut, avec tristesse ou colère. Nous nous sentons piégés par un système politique qui ne nous respecte pas, ne nous entend pas, et depuis quelques temps, nous dégoûte même par ses frasques, ses renoncements, ses promesses jamais tenues, ses mensonges, ses trahisons, son inhumanité."

Un peu plus éloigné de Nuit debout -quoique le collectif agrège certains membres actifs-, qui n'a pas encore passé l'étape des échanges et du dialogue, Ma Voix veut agir et espère peser à l'Assemblée. La page Facebook du mouvement agrège plus de 10.000 personnes. Sur leur manifeste du 30 septembre 2015, on peut lire ceci:

"Nous allons entrer à l’Assemblée Nationale. En juin 2017. Pas dans le poulailler, là où nous sommes parqués aujourd’hui, ou devant notre télé. Non, nous allons entrer pour de vrai. Gagner des sièges, des circonscriptions."

Démagogie?

Concrètement, sur le terrain, l'arrivée de ce nouvel acteur complexifie le maillage politique local. "Très peu de votants devraient se rendre dans les urnes pour cette législative anticipée", analyse pour Le HuffPost un attaché parlementaire proche du PS. "Ce vote sera avant tout un vote sanction, contre Hollande, donc avec un grand risque de voir la région basculer vers le Front national."

En ce qui concerne l'affiche, l'attaché parlementaire ne mâche pas ses mots:

"C'est bien beau de dire aux gens que c'est eux qui seront représentés mais dans la pratique, on ne vote jamais pour 100% des idées d'un candidat, donc afficher un miroir en faisant croire aux gens qu'ils seront les acteurs réels de la vie politique, c'est de la démagogie. Ma Voix explique que son candidat sera présent à l'Assemblée sur 100% des séances, mais c'est méconnaître le travail des parlementaires que d'imaginer cela possible. C'est faire croire qu'ils sont fainéants. Or, un député ou un sénateur passe beaucoup de temps à rencontrer les différents acteurs de la vie publique, les ONG, les entreprises... Il doit aussi se réunir en commissions dans lesquelles il siège. Ce travail-là n'est pas médiatisé, on le croit inexistant, alors que c'est tout le contraire."

A l'instar de toutes les formations politiques citoyennes, Ma Voix ne plaît pas aux partis traditionnels, notamment de gauche, qui craignent un éventuel siphonnage de voix. Mais le collectif n'en a cure. Il vit cette législative anticipée comme un tir d'essai avant 2017.

Voir aussi:

Les affiches électorales des étudiants de l'UQAM

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