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Adoption d'Autochtones par des familles blanches: recours collectif au Manitoba

Recours collectif contre la rafle d'enfants autochtones dans les années soixante
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Deux Manitobains intentent un recours collectif contre le procureur général du Canada pour les sévices qu'ils ont vécus à cause de la « rafle des années soixante », au cours de laquelle environ 20 000 enfants autochtones ont été retirés à leur famille pour être adoptés par des familles blanches.

Priscilla Meeches et Stewart Garnett, qui ont tous deux été pris de leurs mères à la naissance pour ensuite être adoptés par des familles non autochtones, ont déposé la poursuite devant la Cour du Banc de la Reine du Manitoba au nom de tous les Amérindiens et Métis qui ont été arrachés à leur famille biologique lors de la rafle.

Ils affirment que, à cause de l'« assimilation culturelle forcée » imposée par le gouvernement du Canada, ils ont subi de la discrimination et n'ont pas eu accès à certains bénéfices auxquels ils avaient droit en tant qu'Indien inscrit.

Les plaignants demandent 50 millions $ en dommages-intérêts punitifs et 200 millions $ pour négligence et manquement à une obligation fiduciaire.

Durant les années 1960, 1970 et même au début 1980, environ 20 000 enfants autochtones ont été arrachés à leur famille pour être adoptés par des familles blanches ailleurs au Canada, aux États-Unis et aussi loin qu'en Europe.

Les enfants ainsi adoptés étaient coupés de tout contact avec leur culture, leur famille naturelle et leur identité antérieure. Plusieurs ont été victimes de sévices physiques et sexuels, et certains auraient développé des dépendances à l'alcool ou aux drogues ou encore des troubles psychologiques par la suite.

C'est notamment le cas de Priscilla Meeches, qui a été adoptée à sa naissance le 4 février 1969. Elle a grandi dans une famille non autochtone à Altona, au Manitoba, qui lui a caché son identité autochtone pendant près de 18 ans.

Selon les documents déposés en cour, Priscilla Meeches a subi des agressions physiques et sexuelles lors de son enfance.

«Elle a connu une existence troublée, y compris des années de prostitution et de dépendance à l'alcool et aux drogues.

(...)Elle a été aux prises avec des problèmes émotionnels, de la dépression, des idées suicidaires, de l'anxiété, un faible estime de soi et des relations abusives.»

Extrait de la poursuite intentée par Priscilla Meeches et Stewart Garnett

Ce n'est que lorsque sa mère, membre de la Première Nation Long Plain, l'a retrouvée qu'elle a appris l'existence de ses racines autochtones.

Stewart Garnett a aussi été retiré de la Première Nation Long Plain à sa naissance en 1974. Il a été placé dans un foyer d'accueil non autochtone à Brandon avant d'être adopté un an plus tard par une autre famille non autochtone.

Peu de temps après, il a déménagé avec sa famille adoptive aux États-Unis, où il a vécu la majeure partie de sa vie.

Dans les documents de la poursuite, M Garnett affirme que ses parents adoptifs ne lui ont jamais révélé qu'il avait des racines autochtones. Ce n'est qu'en 2001, lorsque sa mère biologique l'a retrouvé, qu'il a su la vérité.

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