Stratégies, pouvoir, recrutement, concurrence. L'avez-vous remarqué? Game of Thrones est une série plus proche de la politique que de la vie professionnelle. Pourtant, elle peut aussi nous en apprendre sur le monde des affaires. C'est ce que montrent Tim Phillips, journaliste américain, et Rebecca Clare, spécialiste de «Game of Thrones», dans leur livre Game of Thrones, Les stratégies des 7 royaumes appliquées à la vie professionnelle.
Pour vous occuper avant la reprise de la série inspirée des livres de George R.R. Martin le 24 avril, voici 5 conseils venus tout droit de Westeros que vous pouvez trouver dans ce livre.
ATTENTION, TOUT L'ARTICLE CONTIENT DES SPOILERS.
1. Respectez vos engagements
Si vous êtes un adepte de la série, vous devez encore faire des cauchemars en vous rappelant l'épisode 9 de la troisième saison, «The Rains of Castamere». Le passage des Noces pourpres mettait en scène la mort de trois personnages importants : Lady Catelyn (femme de Ned Stark, mort dans la première saison), son fils Robb Stark (qui s'était proclamé «roi du nord») et la femme de ce dernier.
Le carnage n'aurait peut-être pas eu lieu si Robb n'avait pas rompu l'engagement qu'il avait envers Walder Frey, celui d'épouser l'une de ses filles et non pas Talisa Maegyr.
«S'engager à faire quelque chose n'est que la première partie d'un plan et s'il est facile d'impressionner par des promesses, ne pas les tenir vous fera rapidement perdre la confiance des collaborateurs, des clients ou des actionnaires à qui vous les avez faites», expliquent les auteurs du livre.
L'exemple : En 2014, l'Ofgem a révélé que 5 des 6 plus grosses entreprises du secteur «avaient surévalué les économies que pouvaient réaliser leurs clients». Ceux-ci, au lieu de faire des économies, ont dû payer plus cher que prévu. Résultat, British Gas, par exemple, a été condamné à une amende de 22 millions de dollars. Mais surtout, ils ont par là-même perdu la confiance de leurs clients. 56 % des consommateurs anglais estimaient être «traités avec mépris» par les fournisseurs d'énergie, selon un sondage réalisé par YouGov.
2. Dites la vérité
S'il y a un personnage de Game of Thrones qui regrette ses mensonges, c'est bien Jorah Mormont, espion pour Varys auprès de Daenerys Targaryen. Celle-ci découvrira bien assez tôt qu'il n'est pas le conseiller qu'elle croyait, même si entretemps, Jorah a réalisé qu'il souhaitait être entièrement dévoué à la «Mère des dragons».
Que ce soit dans la vie de tous les jours ou à propos de ses compétences professionnelles, le mensonge peut nous jouer bien des tours.
L'exemple : Les auteurs du livre s'intéressent au cas de Scott Thompson, nommé à la tête de Yahoo en 2012. Celui-ci aurait mentionné dans son CV deux diplômes «en comptabilité et en informatique». En fait, il n'en avait qu'un et le mensonge a rapidement été découvert. «À cette époque, Yahoo traversait une période de turbulences et avait plus que jamais besoin d'un dirigeant de confiance», racontent Tim Phillips et Rebecca Clare. «Bien que l'entreprise soutint Thompson au début, elle engagea ses propres vérifications et il fut contraint à la démission en mai 2012. Thompson quitta l'entreprise avec une indemnité financière considérable, mais également avec la réputation désormais publique de menteur», ajoutent-ils.
3. Ouvrez-vous aux autres cultures
Les coutumes des Dothrakis n'ont pas tout de suite séduit Daenerys. Mais, petit à petit, elle s'est faite une place importante au sein de ce peuple. Ce que son frère, Viserys, n'a jamais daigné faire, montrant à chaque instant au Dothrakis à quel point il se sent supérieur. Résultat, il a subi une mort atroce.
L'exemple : En s'appuyant sur le livre L'Entreprise multiculturelle, de Fons Trompenaars et Charles Hampden-Turner, l'un des ouvrages de référence sur le sujet, les auteurs du livre pour montrer que les entreprises qui sont les plus compréhensives et qui réussissent le mieux à réconcilier des «dilemmes culturels» lorsqu'elles doivent traiter avec une autre société, sont celles qui obtiennent les meilleurs résultats.
4. Ne laissez pas le pouvoir vous monter à la tête
Comme le font remarquer les auteurs du livre, le nombre de chefs se laissant dépasser par le pouvoir est assez important. «Le père de Daenerys Targaryen, Aerys II, était surnommé le Roi Fou, et Joffrey est rien moins qu'instable», écrivent-ils. On pourrait aussi noter le cas de Robert Baratheon, qui finit par confondre régner et faire la guerre en permanence.
Le conseil de Tim Phillips et Rebecca Clare est d'essayer de ne jamais sacrifier le temps que l'on prend pour soi, même si l'on a un poste à haute responsabilité, à moins de perdre la tête.
L'exemple : Les auteurs se demandent s'il est bien nécessaire de sacrifier des choses aussi importantes que le sommeil «pour atteindre le sommet» et appuient leur raisonnement sur une étude publiée en 2014 par des chercheurs britanniques qui montre que l'ADN «était modifié lorsque les temps de sommeil étaient raccourcis». Au-delà de cette étude, les effets du manque de sommeil sur la santé sont connus et nombreux.
Tout le monde n'est pas, comme Margaret Thatcher, capable de ne dormir que 4 heures par nuit, alors si vous ne voulez pas perdre la tête comme Joffrey, un conseil, n'oubliez jamais de séparer vies privée et professionnelle.
5. Déléguez
Entre ses deux fils, c'est certain, Tywin Lannister préférait faire de Jaime sa Main du Roi. Mais celui-ci, meilleur au combat qu'en tant que leader, ne sera pas l'heureux élu. C'est Tyrion que Tywin désigne, celui qu'il méprise. Mais son choix est réfléchi : «il sait qu'il peut compter sur Tyrion pour mener à bien sa mission. Lorsqu'il doit imaginer un plan de défense de Port-Réal pour repousser la flotte de Stannis Baratheon, Tyrion laisse les travaux de force aux autres et met à l'oeuvre son intelligence astucieuse pour élaborer une stratégie qui s’avérera très efficace», écrivent les auteurs du livre.
L'exemple : «En tant que dirigeant, vous pourriez être amené à agir de la même façon», écrivent Tim Phillips et Rebecca Clare. C'est-à-dire, confier une mission à une personne que vous savez être la meilleure pour l'accomplir même si les affinités ne sont pas là. Ne prenez pas pour autant exemple jusqu'au bout sur Tywin, qui reprend les affaires en main dès qu'il sent que la victoire est acquise, s'accaparant ainsi tous les lauriers.
«Déléguer, ce n'est pas perdre le pouvoir, mais en partager une partie», explique à L'Express Christophe Emptaz, consultant en entreprise et dirigeant au sein du groupe Cegos. Il faut être évidemment conscient des risques que l'on prend en choisissant une personne : «Le dirigeant accepte de prendre un risque quand il confie un travail à un collaborateur. Il fait un pari sur sa capacité à le mener à bien», poursuit-il.
