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Il pense avoir trouvé l'origine de ce signal extraterrestre inexpliqué depuis 40 ans, mais...

Il pense avoir trouvé l'origine de ce signal extraterrestre inexpliqué depuis 40 ans, mais...

Il y a près de 40 ans, Jerry Ehman fit une découverte stupéfiante qu'il ne réussit jamais à expliquer. En 1977, cet astronome regardait les enregistrements de l'observateur radio Big Ear, aux Etats-Unis, quand il vit un signal incroyable. En fait, ce signal était tellement improbable qu'il l'entoura en rouge avec son stylo et écrivit un simple "Wow!" dans la marge, à côté des données qui défilaient, imprimées sur du papier (l'ordinateur n'avait pas d'écran à l'époque).

Ce signal, qui dura 72 secondes, choqua ses collègues, car rien de naturel ne pouvait l'expliquer. Et quand toutes les causes naturelles d'un phénomène ont été éliminées, on pense évidemment à une cause artificielle, donc à une intelligence extraterrestre.

C'était justement le but de ce projet: écouter l'espace afin de trouver un signal provenant d'une autre espèce.En quatre décennies, le "signal Wow!" n'a jamais été élucidé, alors que les différentes causes possibles ont été écartées.

Mais le professeur d'astronomie Antonio Paris affirme avoir une théorie qui pourrait expliquer ce fameux signal, rapporte le Guardian.

Une histoire d'hydrogène

Celui-ci serait dû au passage dans la zone écoutée en 1977 de deux comètes. Le scientifique a publié un article expliquant sa théorie fin 2015 dans la revue Washington Academy of Sciences.

En effet, le signal en question a été observé sur une longueur d'onde particulière (1420 Mhz), celle de l'hydrogène, l'élément le plus abondant de l'univers. Les scientifiques observaient cette fréquence en estimant que si une civilisation extraterrestre voudrait nous contacter, elle utiliserait cette longueur d'onde, qui est notamment utilisée par les astrophysiciens pour écouter les lointaines étoiles de l'univers.

Et le fameux "signal Wow!" représente justement un pic d'hydrogène trente fois supérieur à la moyenne des observations de ce secteur, rappelle National Geographic.

Sur la bande de papier observée par Jerry Ehman, les lettres entourées représentent l'intensité du signal, notée de 1 à Z. A la place des 1 et 2 couramment observées dans l'espace, la lettre U représente un "bruit" 30 fois supérieur.

Quel rapport avec les deux comètes, 266P et 335P? Comme tous les corps célestes de ce type, elles sont entourées de gigantesques nuages d'hydrogène, hydrogène qui était justement scruté par le télescope Big Ear. De plus, ces deux comètes n'ayant été découvertes qu'en 2006 et 2008, il serait logique qu'elles n'aient pas été prises en compte comme une source possible du "signal Wow!".

Une théorie bancale

Mais la théorie est un peu bancale, explique Nicolas Biver, chercheur au CNRS et à l'observatoire de Paris, spécialiste des comètes. En effet, "Le signal attendu à 1420 MHz émit par ces comètes devait sans doute être plus de 10 millions de fois plus faible que le 'Wow'", précise-t-il au HuffPost.

Le radiotélescope Nancay sur lequel il travaille observe régulièrement des comètes sur une fréquence proche. Au lieu d'observer l'hydrogène, les chercheurs traquent l'hydroxyle, une "molécule" assez proche, mais dont le signal est mille fois plus fort. Si ce télescope avait observé ces comètes en 1977, il n'aurait pu capter quelque chose que si les corps célestes avaient émis 50 tonnes de vapeur d'eau par seconde. Ce qui est possible de la part d'une comète visible à l'oeil nu, "mais du jamais vu à ces distances du soleil", précise le chercheur.

"Pour détecter de l'hydrogène, il faudrait que les comètes aient été 1000 fois plus actives, alors qu'elles sont plutôt 10.000 fois moins actives à ce point de leur orbite, un des plus éloignés du soleil", affirme le chercheur. Le chiffre est approximatif, mais l'ordre de grandeur est tel qu'il y a peu de chances que cette théorie fonctionne.

James Bauer, qui travaille au laboratoire de Pasadena en Californie, doute lui aussi que le signal émis par les comètes puisse être assez puissant pour correspondre. Auquel cas, "je me demande bien pourquoi elles n'ont pas été observées plus souvent à cette fréquence", a-t-il déclaré au New Scientist.

20.000 dollars des internautes pour tester sa théorie

Mais Antonio Paris souhaite tester sa théorie. Comment? En écoutant une nouvelle fois ces deux comètes, 266P et 335P, qui doivent repasser au même endroit qu'en 1977, près d'un groupe d'étoiles dans la constellation du sagittaire, où a justement été perçu le "signal Wow!". Mais, comme le rapporte le quotidien britannique, le chercheur n'a pas réussi à réserver un radiotélescope permettant d'observer cette partie du ciel au bon moment, ceux-ci étant déjà retenus pour d'autres recherches.

Antonio Paris a donc lancé une campagne de financement participatif pour acheter un télescope et réaliser lui-même les observations. Lancée le 9 mars, la demande de dons a finalement atteint ces dernières heures les 20.000 dollars demandés.

Les premiers tests devraient commencer à la fin de l'année, pour être prêt à observer le passage de la première comète en janvier 2017. Si l'expérience a donc peu de chances d'être une réussite, le chercheur veut tout de même aller au bout. "Il faut que l'hypothèse soit testée avant d'être rejetée", a-t-il affirmé au New Scientist.

En attendant, le mystère du "signal Wow!" reste entier. En 2012, l'observatoire Arecibo a tenté une autre approche et a envoyé une réponse dans la direction d'où provenait l'étrange enregistrement. Celle-ci est composée de 10.000 messages envoyés sur Twitter et d'une vidéo de Stephen Colbert, le tout encodé afin de faire comprendre à l'éventuel destinataire qu'il s'agit bien d'un message artificiel provenant d'une espèce intelligente et non d'un phénomène naturel. Une comète, par exemple.

Voir aussi:

Enceladus

NASA's Space Tourism Posters

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