Tout indique que le ministre de l'Environnement David Heurtel a l'intention d'autoriser un projet résidentiel dans le boisé des Hirondelles, à Saint-Bruno-de-Montarville, une forêt qui renferme des plantes menacées d'extinction et protégées par la loi. Radio-Canada a appris qu'un plan de développement a été élaboré par Québec avec le promoteur. Il est notamment envisagé de déplacer des plantes rares à l'extérieur du terrain. Une mesure controversée.
La conseillère municipale de Saint-Bruno Marilou Alarie a peine à le croire. C'est pour sauver cette forêt mature et riche qu'elle s'est lancée en politique municipale, il y a trois ans. « C'est extrêmement préoccupant », dit-elle. « Ces milieux-là, une fois qu'ils sont détruits : c'est terminé, on ne peut plus les recréer. »
Mme Alarie pensait pourtant pouvoir compter sur le soutien du ministre. Dans un document officiel daté du 6 juillet 2015 adressé au promoteur et à la Ville, David Heurtel écrivait que « l'intervention projetée risque de sévèrement dégrader le milieu naturel » qui renferme « une caractéristique rare et d'intérêt exceptionnel ».
Invité à expliquer sa démarche, le cabinet du ministre n'a pas infirmé nos informations. L'attaché de presse de David Heurtel, Mylène Gaudreau, a simplement indiqué que « l'analyse du dossier par le ministère est toujours en cours ».
Pourquoi les villes de Saint-Bruno et Longueuil se querellent par médias interposés?
« Désinformation », « manque de courage »... les reproches se multiplient entre les élus de Saint-Bruno et de Longueuil, ces dernières semaines. Chacun accuse l'autre de frilosité face à une éventuelle poursuite du promoteur. Les deux maires, Martin Murray et Caroline St-Hilaire, ont en effet été mis en demeure par Sommet Prestige inc.
Caroline St-Hilaire se retrouve mêlée au dossier en raison de son titre de présidente de l'agglomération. Elle propose de rétrograder le statut du boisé des Hirondelles pour l'identifier comme « écosystème d'intérêt potentiel à documenter », ce qui ne garantirait à la forêt qu'une protection temporaire. « On n'a plus rien à documenter », répond furieux le maire de Saint-Bruno. « J'ai six pouces d'épais de documentation. »
Avant que l'agglomération soit menacée de poursuite, le projet de Schéma d'aménagement prévoyait octroyer au terrain le statut d'« écosystème d'intérêt confirmé », soit une protection définitive. La mairesse de Longueuil rejette le blâme sur Saint-Bruno, qui « n'a pas complété son travail déjà amorcé » [le nouveau règlement n'est pas encore adopté dans la ville].
La mairesse de Longueuil s'est attiré les foudres de plusieurs groupes environnementaux ces dernières semaines. Nature Québec lui fait part de sa consternation face à l'intention de rétrograder le statut de la forêt. « Nous sommes perplexes et très inquiets », lui a par ailleurs écrit La Fondation du Mont Saint-Bruno.
La crise politique devrait susciter des débats houleux lors du conseil d'agglomération cet après-midi à Longueuil. Selon nos informations, le vote du Schéma d'aménagement, qui devait initialement se tenir lors de cette séance, va être une nouvelle fois reporté.
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