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Intimider pour sensibiliser: un atelier éducatif tourne au vinaigre dans une école primaire

«Gros con, laid, imbécile» Un élève de 12 ans a dû subir les insultes de ses camarades de classe dans le cadre d'un atelier «éducatif».
Upset problem child with head in hands sitting on staircase concept for childhood bullying, depression stress or frustration
BrianAJackson via Getty Images
Upset problem child with head in hands sitting on staircase concept for childhood bullying, depression stress or frustration

« Gros con, laid, imbécile » Un élève de 12 ans a dû subir les insultes de ses camarades de classe dans le cadre d'un atelier « éducatif » visant à contrer l'intimidation à l'école primaire Pierre-Boucher, à Boucherville. La séance s'est conclue dans les larmes. Alors que les élèves sortent ébranlés de l'expérience, des parents, eux, sont en colère. La direction a mis fin au stage de la stagiaire en éducation spécialisée derrière l'initiative.

Un texte d'Anne-Marie Provost

Les évènements se sont produits jeudi dernier, à la dernière période de la journée, dans une classe de sixième année. L'enseignante et la stagiaire ont demandé à un des élèves de sortir de la salle de classe, sans lui expliquer la raison.

Pendant son absence, la consigne suivante a été donnée à ses camarades de classe : vous devrez l'insulter à tour de rôle à son retour dans la classe et ensuite jeter votre dictionnaire dans le bac qu'il tiendra. Toute la classe devait y passer. Une vingtaine d'élèves. L'exercice, dont l'objectif est de démontrer ce que ça fait de vivre de l'intimidation, a duré une quinzaine de minutes.

«Ça allait de trou d'cul à gros cave, il n'y avait pas de limites.» - Un parent d'un enfant qui fréquente l'école Pierre-Boucher

Selon cette source qui ne veut pas être identifiée, autant des élèves que la jeune victime de la pluie d'insultes ont pleuré sous l'intensité de l'évènement, ce qui a mis fin à l'atelier.

« Les élèves qui ont dû insulter (les autres élèves) sont aussi touchés. Plusieurs élèves pleuraient. Qu'un professeur autorise une telle mise en situation dans sa classe, c'est complètement déplorable et inadmissible. On apprend aux enfants qu'il ne faut pas faire ça et à quel point les insultes peuvent blesser et laisser des traces. (...) À cet âge en construction de l'estime de soi, c'est pas trop facile à gérer comme situation », raconte-t-elle.

L'événement a aussi été rapporté sur les réseaux sociaux où il a soulevé l'indignation de plusieurs internautes qui ont qualifié cet exercice de « pathétique », d'« inapproprié » et déploré un « manque de jugement ».

Une lettre à tous les parents

Du côté de la Commission scolaire des Patriotes, on confirme l'évènement par courriel. On souligne qu'il s'agit de l'initiative de la stagiaire et que les parents ont été informés de cette « malheureuse intervention ».

Mardi, une lettre dont Radio-Canada a obtenu copie a été envoyée par la direction à tous les parents des 350 élèves de l'école Pierre-Boucher pour faire le point.

La directrice de l'établissement, Chantal Courchesne, écrit que plusieurs écoliers ont été « troublés » à l'occasion de cette activité et qu'« un suivi de la part des membres de l'équipe-école a été fait auprès de ceux qui avaient besoin d'en discuter ».

Elle affirme qu'il s'agit d'un type d'atelier qui n'est pas autorisé à l'école et qu'il a été organisé par la stagiaire sans l'accord de la direction, qui a mis fin au stage de la personne concernée.

Quant à l'enseignante du groupe, il n'a pas été possible de savoir si elle a eu des sanctions, la Commission scolaire n'ayant pas retourné nos appels pour avoir des détails supplémentaires.

En collaboration avec Anne-Louise Despatie

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