Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Les clowns thérapeutiques de la Fondation Jovia: semer la joie au-delà de la maladie

Les clowns thérapeutiques de la Fondation Jovia
Fondation Jovia

« Patch Adams est un docteur qui se prend pour un clown. Nous sommes plutôt des clowns qui nous prenons pour des docteurs », explique en souriant Martin Goyette, directeur général de la Fondation Jovia. Une fondation basée sur le rire, l'ouverture, le partage et la joie, mise sur pied dans un seul but : créer, avec les enfants et les aînés malades, des moments de bonheur s'élevant au-delà de la douleur.

Rire pour oublier la maladie

Mélissa Holland est l'une des cofondatrices de la Fondation Jovia. Originaire de Montréal, c'est lorsqu'elle vivait et enseignait l'art dramatique en Écosse qu'elle a découvert le concept de clownsdoctors.

« Comme je possédais déjà une formation de clown et que je souhaitais travailler avec les enfants, cela m'a tout de suite intéressée, dit-elle. J'ai débuté là-bas avec l'organisme Hearts & Minds qui oeuvrait au sein des hôpitaux écossais. À mon retour, comme il n'existait rien de tel à Montréal, j'ai eu envie de créer quelque chose qui allait dans le même sens, avec des clowns thérapeutiques qui seraient de vrais artistes et non pas des employés des hôpitaux comme c'était déjà le cas dans des villes comme Winnipeg, Toronto ou Vancouver. »

Les 26 clowns Jovia sont ainsi des artistes thérapeutiques professionnels (ils sont souvent aussi musiciens) se rendant chaque semaine visiter les patients des hôpitaux et des centres affiliés de la région de Québec. Ils se doivent tous de posséder une formation spécifique de 195 heures, de passer auditions et entrevues et de posséder une certaine expérience en bénévolat ou en relation d'aide.

« Patch Adams a inspiré beaucoup de gens et son film a aidé à faire connaître ce que nous faisons, ajoute Martin Goyette. Notre programme Dr Clown a débuté en 2002 dans certains hôpitaux pédiatriques de Montréal avant de se rendre à Québec en 2006. Des établissements se sont ajoutés – on en compte aujourd'hui une trentaine —, puis nous avons créé un second programme baptisé la belle visite, où on rend visite aux aînés en centre d'hébergement et de soins longue durée. »

« Notre formation est artistique et psychosociale, renchérit Mélissa Holland. Il faut prendre conscience des enjeux de faire entrer nos personnages de clowns à l'hôpital, pouvoir faire les distinctions entre les différentes maladies et leurs symptômes, apprendre à approcher les enfants, le personnel et les membres de la famille du patient, savoir comment réagir lors d'événements difficiles comme le décès d'un patient qui nous est cher... Nous pouvons compter sur l'aide d'une directrice psychosociale pour veiller à notre hygiène émotionnelle. »

Des moments légers et doux

Mélissa Holland se transforme ainsi en Dr Fifi (avec les enfants à l'hôpital) et en membre de la famille Labelle (en centre d'hébergement avec les personnes âgées) le temps de quelques heures remplies de bonheur et de rires chaque semaine.

« Le but est d'affecter l'environnement tout entier de l'hôpital, dit-elle. Dès que nous quittons notre vestiaire, nous portons notre nez rouge, donc nous sommes dans notre personnage de clown. Peu importe qui nous croisons, nous restons toujours dans notre personnage et nous semons la joie et les rires. Comme le clown est toujours en état d'ouverture, cela demande une certaine énergie physique et mentale. Et comme nous nous rendons dans les mêmes hôpitaux chaque semaine, nous voyons souvent les mêmes enfants et suivons leur guérison ou la détérioration de leur état, ce qui est vraiment difficile. »

Si Dr Fifi et ses acolytes s'appliquent à faire rire les enfants malades, ils ne sont pas en représentation pour autant, l'idée étant plutôt d'entrer en relation avec le petit patient et son entourage plutôt que de simplement se donner en spectacle.

« Pour les enfants, tout est dans le plaisir d'avoir enfin un moment de légèreté, de jeu et de joie dans leur vie à l'hôpital qui peut être si difficile, lourde et solitaire. Ils nous attendent avec impatience. Pour nous, c'est aussi le moment de redonner le pouvoir à l'enfant qui se trouve souvent dans une situation où il n'a pas le contrôle sur ce qu'il vit. Le fait de rencontrer deux clowns qui sont aussi vulnérables et qui arrivent parfois avec un conflit à régler lui permet de participer activement à notre jeu en tentant de chercher une solution pour nous aider. Je crois que nous leur apportons de la résilience et de l'espoir. »

En centre d'hébergement, les personnages affublés de costumes d'époque – tout en gardant leur nez rouge – parviennent à établir le contact avec des personnes âgées aux prises avec différents problèmes ou maladies. Les chansons d'époque, la danse, la galanterie, les histoires tirées du passé ainsi que les conflits de cette drôle de famille imaginaire offrent à ces gens d'âge mûr une chance de se sentir utiles à nouveau en offrant de précieux conseils.

« Un enfant qui m'a vraiment marquée s'appelait Camillo, se souvient Mélissa Holland. Il avait une maladie du système immunitaire assez rare et comme il se trouvait en isolement, nous ne pouvions pas entrer dans la chambre. On se plantait devant sa grande fenêtre et on arrivait tout de même à jouer avec lui. C'était la même chose chaque semaine : il nous attendait et tout se faisait par radio. Nous n'avons jamais été dans la même pièce que lui. Malheureusement, il est décédé. En fait, sa sœur Sabrina a aussi été atteinte de la même maladie et est décédée avant lui. Nous sommes allés aux funérailles et quand nous sommes arrivés, les gens nous serraient dans leurs bras en nous remerciant pour toute la joie que nous leur avions apportée. Pour moi qui en étais au début de ma carrière, c'est à ce moment que j'ai réalisé que ce que je faisais était plus que simplement jouer avec des enfants. »

-Pour en savoir plus sur la soirée-bénéfice Le Bal Imaginaire du 19 mai prochain, faire un don, organiser un événement dans votre entreprise, participer à l'une des conférences ou lancer votre propre campagne de financement au profit de la Fondation Jovia, c'est ici : http://www.fondationjovia.ca/

Des clowns dans les hôpitaux tunisiens

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.