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L'industrie pharmaceutique en déclin à Montréal (VIDÉO)

Déclin de l'industrie pharmaceutique à Montréal (VIDÉO)

Montréal a longtemps été identifiée comme l'un des pôles de l'industrie pharmaceutique dans le monde. Mais cette plaque tournante de l'économie est aujourd'hui en déclin. En quelques années seulement, les investissements en recherche et développement ont fondu de moitié, ce qui a mené à la disparition de centaines d'emplois.

Un texte de Vincent Maisonneuve

Le professeur à la retraite au Département de médecine à McGill John Bergeron se souvient de l'époque où le centre de recherche de Merck était un des joyaux de l'industrie pharmaceutique de Montréal.

« C'était le numéro un. C'était un centre très très important avec au-dessus de 100 millions de dollars par année d'appuis de Merck. C'est vraiment dommage. On était le meilleur au Canada et parmi les meilleurs au monde aussi », explique M. Bergeron.

Des investissements à la baisse

Le secteur de la recherche pharmaceutique a atteint un sommet en 2007. Cette année-là, l'industrie investit au Québec 562 millions de dollars uniquement en recherche et développement. Depuis, les sommes diminuent chaque année. En 2015, les investissements se chiffraient à 292 millions de dollars.

Merck, Pfizer, AstraZeneka, Boehringer Ingelheim et GlaxoSmithKline ont tour à tour fermé leur laboratoire. En cinq ans, c'est plus de 700 emplois de chercheurs qui ont disparu dans le Grand Montréal.

« C'était des salaires extraordinaires. C'était les mêmes salaires qu'on payait ici qu'on payait dans tous les grands centres internationaux, car sinon, les meilleurs chercheurs allaient ailleurs », souligne le professeur John Bergeron.

Comment expliquer ce revirement? Les entreprises pharmaceutiques ont tout simplement décidé de mettre leurs pions ailleurs, explique Marc-André Gagnon, professeur à l'École d'administration et de politiques publiques à l'Université Carleton.

« Il faut comprendre que la Chine ou l'Inde, ce sont les nouveaux marchés pharmaceutiques qui se développent. Pour les compagnies, les investissements en recherche et en développement, c'est souvent comme des jetons dans une partie de poker. Si vous me donnez meilleur accès à votre marché, je vais y investir davantage. »

Après avoir fermé leurs laboratoires, les entreprises pharmaceutiques ont plutôt investi dans des associations avec les instituts de recherche universitaires. Pour Marc-André Gagnon, c'est loin d'être assez.

Ce n'est pas du tout une compensation par rapport aux emplois perdus. On a des petits bouts, des petites expériences qui se développent, des nouveautés, mais rien qui fait contrepoids aux pertes massives que l'on a eues dans le secteur.

Marc-André Gagnon, professeur à l'Université Carleton

L'exode des cerveaux

Ce qui choque le professeur John Bergeron, c'est que les pharmaceutiques ont fermé leurs centres de recherche, et ce, après avoir reçu de généreuses contributions des gouvernements. « Vous et les autres contribuables avez payé pour ça », s'insurge-t-il.

Dans son dernier rapport, le Comité sectoriel de main-d'œuvre des industries pharmaceutiques du Québec craint que la fermeture des centres de recherche provoque un exode de cerveaux et la perte de talents stratégiques pour la métropole.

« Il faut comprendre qu'au niveau des nouvelles cohortes de doctorants dans ce secteur, il n'y a pas d'emplois disponibles, donc il y a une fuite des cerveaux », déplore le professeur Marc-André Gagnon.

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