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«Tout le monde en parle» : Alexandre Taillefer s'ouvre sur le décès de son fils (VIDÉO)

«Tout le monde en parle» : Alexandre Taillefer s'ouvre sur le décès de son fils (VIDÉO)

Le 8 décembre dernier, l’homme d’affaires et ex «dragon» Alexandre Taillefer annonçait le décès de son fils de 14 ans, Thomas, qui s’est enlevé la vie. L’homme a parlé publiquement, et avec difficulté, pour la première fois, de ce grand drame, à Tout le monde en parle, dimanche.

Voici l’intégrale de ses propos, bouleversants, mais remplis d’authenticité et de sincérité. L’équipe de Tout le monde en parle a d’ailleurs eu la délicatesse de faire paraître à l’écran le numéro d’Info-Suicide (1-866-APPELLE) pendant l’entrevue d’Alexandre Taillefer.

«On pense que tout nous réussit et, de toute évidence, ça peut arriver à tout le monde. C’est mon plus grand échec. Mon fils Thomas s’est enlevé la vie chez nous, le 6 décembre. C’est la pire chose, je pense, que quelqu’un peut vivre. Debbie, ma femme, Daphnée, ma fille, et moi, vivons quelque chose de très, très difficile.»

Marie-Claude Barrette a demandé à Alexandre Taillefer ce qui a changé en lui depuis la disparition de son garçon.

«Ma légèreté. J’avais une légèreté, je ne l’ai plus. Je suis très motivé par les projets que je fais, mais je suis beaucoup moins motivé par toute la vie qu’il y avait après le travail, les fêtes, la joie de vivre. C’est plus difficile aujourd’hui.»

«J’ai essayé le plus possible de comprendre. On a consulté. Mon fils était un gars qui était beaucoup sur ses ordinateurs. On n’a pas eu vraiment de signe. Il ne nous a pas envoyé de messages à l’aide. L’adolescence est une période difficile. Quand il a pris la décision de faire ça, il nous a laissé une petite note, un post it, sur son ordinateur. La seule chose qui était écrite là-dessus, c’était: "Bye".»

«J’ai consulté aussi, pour essayer de comprendre pourquoi quelqu’un fait ça. Et je n’ai pas la réponse à cette question. Je ne sais pas pourquoi les gens font ça. Pour quelqu’un comme moi, comme Debbie, comme ma fille, qui avons une joie de vivre incroyable, c’est difficile de comprendre que quelqu’un puisse avoir autant de peine, autant mal, et de décider de s’enlever la vie.»

«On a aujourd’hui des tabous importants par rapport à la maladie mentale, et quand on parle de maladie mentale, on parle tout de suite de maladie incurable, de maladies qui seront avec nous toute notre vie. Mais la dépression peut être passagère; une dépression, ça peut être une grippe. Aujourd’hui, on va voir des médecins pour la grippe, mais les gens sont gênés de dire qu’ils vont voir des psychologues. J’ai commencé à parler autour de moi, je pose la question: «Est-ce que vous voyez des psychologues?» La plupart des gens me disent: «Oui, mais parles-en pas». Il y a encore beaucoup de tabous par rapport à ça. Je pense que si j’avais été mieux informé, j’aurais pu, probablement, faire des choses différentes.»

«Mon fils n’a envoyé aucun signal. Le seul signal qu’il a envoyé, c’est par l’entremise d’un site internet sur lequel il passait beaucoup de temps, qui s’appelle Twitch, qui appartient à Amazon, aujourd’hui. De plus en plus de jeunes passent beaucoup de temps dans des mondes virtuels, se déconnectent de la réalité, perdent le nord; les psychiatres que j’ai consultés par la suite m’ont tous dit que c’est très, très problématique. Mon fils a envoyé des signaux d’aide au mois de mai, des signaux très clairs, avec le mot «suicide» dans la note. Et Amazon, qui détecte que vous êtes sur le site pour chercher des souliers rouges, ne fait rien aujourd’hui, par rapport à ça.»

«Je pense qu’il va falloir qu’il y ait une modification. Si j’avais été alerté à ce moment-là, de quelconque façon – au mois de mai, mon fils s’est tué le 6 décembre, six mois plus tard –, je pense que ça aurait changé le cours des choses. J’ai l’intention de contacter Amazon, pour les responsabiliser par rapport à ça.»

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