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Amis, collègues et politiciens saluent une dernière fois Jean Lapierre (PHOTOS/VIDÉO)

Montréal dit adieu à Jean Lapierre (PHOTOS/VIDÉO)

Un dernier adieu empreint de tristesse et de respect a été rendu à Jean Lapierre et son épouse, Nicole Beaulieu, samedi matin, à l’église Saint-Viateur-d’Outremont.

Une église que l’ex-ministre et chroniqueur politique «fréquentait et aimait beaucoup», a précisé Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal, qui présidait la cérémonie, et où s’étaient réunies les classes politique, toutes allégeance confondues, et médiatique, afin de rendre un hommage vibrant à un être qui semblait créer une positive unanimité, décédé le 29 mars dernier, dans un écrasement d’avion aux Îles-de-la-Madeleine.

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Messe commémorative à Montréal à la mémoire de Jean Lapierre - 16 avril 2016

Marie-Anne et Jean-Michel, les enfants de Jean Lapierre, ont été les premiers à prendre la parole, et ont livré des témoignages remplis d’émotion. Marie-Anne Lapierre a parlé de son père comme d’un homme «de clan, de parole et de cœur», parti trop tôt en allant réconforter «sa maman qu’il aimait tant, qu’il appelait tous les jours».

Elle a évoqué que son papa «refusait de s’incliner devant les épreuves et les injustices», qu’il était loyal et «protégeait ceux qu’il aimait et ceux en qui il croyait», et qu’il menait «une vie taillée sur ses passions». «Profondément heureux», a mentionné la jeune femme pour qualifier l’auteur de ses jours. «Le phare s’est éteint, mais sa lumière demeure en nous», a-t-elle ajouté, en sanglots.

Jean-Michel Lapierre a rendu hommage à ses deux oncles et sa tante, Marc, Louis et Martine Lapierre, eux aussi décédés dans l’écrasement d’avion. «Nous pensons à notre grand-mère, notre tante, nos cousins et cousines et nos enfants», a-t-il nommé, avant de dire qu’il se désole pour «[son] petit Charles, qui va naître dans quelques mois et qui n’aura jamais la chance de rencontrer son grand-papa Jean.»

Marie-Anne Lapierre a lu un poème de Charles Péguy que, triste ironie du sort, Jean Lapierre transportait dans sa valise au moment de son voyage aux Îles-de-la-Madeleine, et qu’il devait lire aux funérailles de son père décédé.

«Une grande partie de nous-mêmes a été emportée par le vent des Îles (…) mais l’amour inconditionnel que nous partagions, lui, il n’y a pas de vent assez fort pour nous l’enlever. Adieu, papa», a conclu Marie-Anne Lapierre.

Pierre et Marthe Beaulieu, membres de la famille de Nicole Beaulieu, conjointe de Jean Lapierre, ont relaté quelques anecdotes personnelles, parlant entre autres du fameux pâté chinois avec fromage, oignons et bacon du couple, et de la propension de Jean Lapierre à taquiner sa partenaire lorsqu’elle allait faire du jogging. «Tu cours même pas, tu marches vite!», affirmait-il.

Bernard Poulin, un ami de Jean Lapierre des 40 dernières années, s’est remémoré les «intonations toujours toniques», les «bons conseils», le «sens de l’humour» et le «mon oncle» spécial que Jean Lapierre a été pour les siens. «Je sais que la vie nous réserve des épreuves (…) celle-là restera marquée au fer rouge», a déploré Bernard Poulin. «Comment fait-on pour toujours dire ce que l’on pense et ressent sans se faire des ennemis?», s’est demandé l’homme à voix haute, avant d’y aller d’un dernier «Salut, salut» à son complice : «Adieu, adieu Jean. Repose en paix».

Bouleversants collègues

Trois collègues, trois «Paul» importants dans la vie de Jean Lapierre, se sont plus tard succédés au micro, après les prières, pour honorer la mémoire de leur ami.

Paul Houde est revenu sur la grande amitié qu’il a partagée avec son interlocuteur de la radio, dont il connaissait bien l’amour pour les Îles-de-la-Madeleine et le homard de ce coin de pays. «Tu avais développé une maîtrise en crustacés digne d’un poissonnier», a souligné Paul Houde, précisant que Jean Lapierre avait convaincu tout son entourage que le meilleur homard était celui «des Îles».

De Nicole Beaulieu, une «femme moderne», Paul Houde a vanté le «doux sourire, l’œil vif et inspiré», de cette dame qui oeuvrait auprès des gens en difficulté. L’animateur du 98,5 a soulevé «l’indéfectible amour» de Jean Lapierre et Nicole Beaulieu, pour la vie, leur famille et les gens. «L’humour, ce médicament si efficace pour contrer la douleur et la déprime». «Regardez le parterre que vous avez réussi à assembler», a lancé Paul Houde à l’endroit des deux défunts. «Je te sens avec moi, Jean, prendre des notes dans ton petit calepin noir, pour tout nous raconter lundi».

«Depuis tantôt, j’imagine Jean passant d’un premier ministre à l’autre, d’un maire à l’autre, sur le perron de l’église. Quelle formidable chronique il aurait fait!», a imaginé Paul Arcand à voix haute, le timbre un peu chevrotant. Le morning man, qui a perdu le 29 mars un allié avec qui il travaillait depuis 22 ans, a relevé qu’au-delà du «fier Madelinot, chroniqueur coloré et homme politique engagé», qu’était Jean Lapierre, ce dernier avait des valeurs profondes qu’il défendait «même quand la vague était haute et contre lui», comme la liberté d’expression, de prendre soin des démunis et de valoriser les gens qui travaillent fort. «La chaleur humaine était son carburant», a insisté Paul Arcand. «J’ai perdu un ami qui m’a rendu plus informé, plus intelligent (…) Je me demande ce qu’il aurait dit de l’actualité des trois dernières semaines (…) Et quels potins il m’aurait partagés en secret… pour ensuite les raconter à une centaine de personnes.»

«On s’est toujours dit les vraies choses, toi et moi», a commencé Paul Larocque, s’adressant directement à Jean Lapierre. «Tu es la personne qui m’a le plus fait pleurer : de chagrin depuis le 29 mars, de rire (pendant toutes ces années) (…) La route qu’on a faite ensemble est l’une des plus belles de toute ma vie», a détaillé Paul Larocque avec nostalgie.

Le journaliste de TVA a décrit Jean Lapierre comme un «homme de lumière», qui a toujours su surmonter l’adversité avec «noblesse et droiture», lui qui était habitué, chaque automne, d’offrir des vêtements et d’inviter à diner un itinérant qui se tenait près des portes de TVA. «Tu es l’homme que j’ai connu qui était le plus près du bonheur pur».

Paul Larocque a complété son discours avec une prenante vulnérabilité. «Quel plaisir de travailler avec toi! (…) S’il te plait, donne-nous la force de surmonter ça, de reprendre la joie de vivre comme toi tu l’aurais fait (…)».

«Larocque sans Lapierre, c’est un sentiment affreux, a conclu le co-animateur de Larocque Lapierre. Il y aura toujours du Lapierre dans Larocque, à jamais. (…) Je voudrais te souhaiter de reposer en paix, mais «repos» et «Jean Lapierre», ça va rarement dans la même phrase (…) J’ai presque hâte de te retrouver (…) Jean, je t’aime profondément.»

Souvenirs de Lucien Bouchard

Le dernier mot de cette cérémonie a été attribué à deux politiciens qui ont marqué les parcours de Jean Lapierre au Parti libéral du Canada et au Bloc québécois, dans sa «première vie», en politique.

Paul Martin a été le premier à se rappeler les fameux «Lapierrisme», ces expressions uniques qui rendaient les propos de Jean Lapierre si animés. «Jean vivait pleinement et s’assurait de faire ce qu’il aimait dans la vie (…) Ses valeurs humaines n’ont jamais été compromises. (…) Jean était avant tout un homme de famille.»

Lucien Bouchard a tenu à spécifier que rien n’aura jamais laissé présager qu’un bon vivant comme Jean Lapierre connaîtrait une fin aussi tragique. En plus de repenser à l’amitié franche et loyale que le disparu offrait à tous ceux qui croisaient son chemin, Lucien Bouchard a raconté que c’est à partir de la volonté de Jean Lapierre d’avoir un logo «aux couleurs arc en ciel» que l’emblème du Bloc québécois a hérité d’une touche de rouge au moment de sa fondation. Lucien Bouchard a aussi dévoilé que Jean Lapierre lui avait rendu visite à sa sortie de l’hôpital, fruits de mer à la main, sa jeune fille Marie-Anne à ses côtés, lorsqu’il a connu des ennuis de santé, au milieu des années 90.

«Il était de ceux qui sont doués pour le bonheur, capable d’apprécier les beaux côtés de la vie, la bonne humeur, la bonne chère, les conversations enjouées (…) Plus que quiconque, il riait de bon cœur, et faisait rire. (…) Il détestait le pétage de bretelles, l’affectation, le langage pointu (…) ; il avait sa langue à lui», a encensé Lucien Bouchard.

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