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Les leçons de vie de Baloo ne sont pas toujours bonnes à suivre...

Les leçons de vie de Baloo ne sont pas toujours bonnes à suivre...

On aimerait tous être «un ours très bien léché». Passer ses journées à manger du miel, à se frotter le dos contre les arbres, à s'exclamer «oh mon Dieu, que c'est bon de vivre» comme le nonchalant Baloo du «Livre de la Jungle», qui fait son retour sur les écrans cette semaine. Mais est-ce vraiment cela la recette du bonheur?

La recherche en sciences sociales montre en fait que les conseils du coach de vie Baloo fonctionnent certainement pour un ours, mais ils ne sont pas toujours valables pour nous.

«Il faut se satisfaire du nécessaire» : nous le faisons déjà chacun à notre échelle

Pour Baloo, le nécessaire tient en peu de choses, «un peu d'eau fraîche et de verdure/que nous prodigue la nature/quelques rayons de miel et de soleil». Il faut dire que l'ours est un animal plutôt solitaire contrairement à nous qui vivons en société. Malgré tout, pourquoi ne pas nous contenter d'amour et d'eau fraîche? Parce que le nécessaire dont parle l'ours est une notion toute relative qui diffère en fonction de la culture, du niveau de vie, de l'endroit où l'on vit et a fortiori de l'espèce à laquelle nous appartenons.

En 2014, Geoffrey Miller, un universitaire américain spécialiste de la psychologie évolutive s'est intéressé au contenu de nos poches et sacs à main, à ce à quoi pouvait ressembler notre nécessaire. Après avoir parcouru les réseaux sociaux à la recherche du mot clé #edc (en anglais «Ce que je transporte tous les jours»), il s'est aperçu que la plupart des gens, des Occidentaux en majorité, ne transportaient pas grand-chose de plus que ces cinq objets (selon les quelque 50 000 photos partagées sur les réseaux sociaux) : les clés de la voiture ou une carte de transports, les clés de la maison, une carte de paiement, un papier d'identité et un téléphone intelligent.

Geoffrey Miller a comparé ce «nécessaire» aux objets retrouvés sur Ötzi, un homo sapiens qui vivait dans les Alpes il y a environ 5300 ans, soit des vêtements, des outils, des armes et des torches. Notre ancêtre chasseur, soldat, campeur et explorateur voyageait avec son strict minimum, il en va de même pour nous. Non, ces objets ne sont pas superflus. Ils rassemblent «toute la connaissance, le pouvoir et l'orgueil de notre espèce en format de poche», conclut le professeur. Voilà qui ferait bien sourire Baloo.

«Si tu travailles comme cette abeille, tu te rendras malade» : le travail c'est aussi la santé

Certes, c'est prouvé, travailler trop peut avoir de graves conséquences sur notre santé mentale comme physique et notre bien-être général. Troubles du sommeil, dépression, risques accrus de développer des maladies cardiovasculaires, entre autres, les effets néfastes des longues heures passées au travail ont été largement démontrés par la science. Cependant, pour prendre soin de sa santé et être heureux, la solution de Baloo, travailler moins, voire pas du tout, n'est pas la meilleure.

Plusieurs études se sont intéressées au lien entre temps de travail et satisfaction de la vie. Difficile de tirer une conclusion générale de ces travaux de recherche tant leurs conclusions peuvent différer, un élément ressort cependant : les personnes qui travaillent le plus sont très légèrement moins satisfaites de leur vie que les autres en moyenne. Ce faisant, la baisse du temps de travail n'est pas forcément la meilleure solution.

«Si la baisse du temps de travail s'accompagne d'un stress plus important pendant les heures de travail ou d'une baisse de revenus, alors l'effet global peut être très bien nul, voire négatif», assure ainsi Mickaël Mangot, enseignant à l'ESSEC et consultant en économie comportementale et économie du bonheur interrogé par Challenges.

Par ailleurs, si l'on suivait la logique de Baloo, tous les chômeurs seraient parfaitement heureux et en bonne santé. C'est loin d'être le cas, selon une étude menée en 2007, être au chômage tue quatre fois plus de personnes que les accidents de la route. En cause, la multiplication des conduites à risques et une fragilité psychosociale qui touchent particulièrement ces personnes-là.

«Tout est résolu lorsque l'on se passe des choses superflues»

Autant le dire, il est difficile pour autant de dire si l'argent fait ou ne fait pas le bonheur. Sur ce sujet, des études toutes aussi sérieuses les unes que les autres paraissent tous les ans et font pencher la balance dans un sens ou dans l'autre sans parvenir à trancher la question de manière définitive.

Mais Baloo a raison sur un point. Les personnes qui veulent posséder toujours plus sont a priori moins heureuses que celles qui se contentent de ce qu'elles ont. Des chercheurs texans ont dévoilé en 2014 les conclusions d'une étude intitulée, «Pourquoi les matérialistes sont-ils moins heureux?»

Une personne matérialiste ne va pas se rapprocher du bonheur au fur et à mesure qu'il amasse des biens. En fait, selon l'un des auteurs de l'étude, James Roberts, les personnes matérialistes vont seulement déplacer constamment leur «point de référence» du bonheur, le mettre toujours plus haut, et ne jamais l'atteindre.

Alors voilà, selon les conclusions de cette étude, si vous souhaitez être heureux, concentrez-vous sur ce que vous avez déjà, et soyez-en reconnaissant. C'est cette émotion, la gratitude, qui serait la clé du bonheur.

La clé de cette chanson n'est pas dans les paroles

La gratitude est au centre de cette chanson mythique selon Jon Favreau, le réalisateur de cette nouvelle version du Livre de la Jungle, interrogé par Le HuffPost. Il assure même essayer d'appliquer quelques-uns des conseils dispensés dans la chanson : «Je crois qu'il existe un vrai bénéfice spirituel à examiner ce qui est important dans la vie, à essayer d'apprécier les choses les plus simples», explique-t-il très sérieusement. Mais pour lui, le cœur de la chanson est ailleurs, «cette chanson, c'est un moyen de créer du lien». Cette chanson signe en effet le début d'un trio amical, moteur de l'action, entre Baloo, Mowgli et Bagheera.

S'il est difficile de dire si l'argent, les possessions matérielles ou le travail font le bonheur, les amis, eux, c'est sûr, y contribuent fortement. Les personnes ayant un grand réseau d'amis ont une tension plus basse, sont moins sujettes au stress, ont des défenses plus robustes et vivent plus longtemps. Les amis facilitent les bonnes habitudes, apaisent la dépression, aident à surmonter les maladies et produisent satisfaction, plaisir et bonheur.

«Ne pas disposer d'un réseau de soutiens est un facteur de mortalité plus puissant que l'obésité ou une vie sédentaire et sans exercice physique», indique Julianne Holt-Lunstad, professeure de psychologie et chef de projet à l'Université Brigham Young de l'Utah, aux États-Unis, sur la relation amitié-longévité. «Les études montrent une augmentation de 50 % des probabilités de vivre plus longtemps si l'on possède un solide réseau de relations sociales», déclare-t-elle encore.

Dans la jungle ou ailleurs, le bonheur, c'est les amis, sur ça, Baloo avait vu juste.

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