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États-Unis : Stephen Harper donne des conseils aux riches donateurs républicains pour unir les « partis fracturés »

Harper à la rescousse des riches donateurs républicains

OTTAWA – Tous les yeux des principaux donateurs républicains étaient rivés sur l’ancien premier ministre Stephen Harper la semaine dernière.

Selon le site web Politico, Harper était l’invité spécial du milliardaire américain Sheldon Adelson lors d’un souper privé dans son somptueux manoir à Las Vegas, jeudi dernier, pour y prononcer un discours sur l’unification des « partis fracturés ».

L’évènement avait lieu dans le cadre de la réunion printanière de la Republican Jewish Coalition, un influent lobby juif auprès du Parti républicain aux États-Unis financé en partie par Adelson.

(Photo: Adrian Wyld/Presse Canadienne)

Le discours de Harper survient à un moment charnière des primaires américaines. Alors que les clans des candidats Ted Cruz et Donald Trump s’entredéchirent sur la place publique, les influents donateurs – ou membres des super PAC – ne savent plus où donner la tête.

Le mouvement conservateur au Canada a lui aussi connu des turbulences pendant le mandat du progressiste-conservateur Brian Mulroney, dans les années 80 et 90 – période pendant laquelle on a vu l’apparition du Parti réformiste et du Bloc québécois.

Harper est devenu en 2004 le premier chef du Parti conservateur du Canada, résultat d’une fusion entre l’Alliance réformiste canadienne et le Parti progressiste-conservateur du Canada. Élu premier ministre en 2006, il a régné sans interruption sur le pays jusqu’à l’élection du gouvernement libéral de Justin Trudeau en octobre 2015.

« Il est évident qu’il était [invité à la Republican Jewish Coalition] en raison de ses accomplissements au Canada, c’est-à-dire unir les deux partis de centre-droite et les amener au pouvoir. Personne ne connaît ce sujet mieux que lui », a commenté Adam Daifallah, co-auteur du livre Rescuing Canada’s Right: Blueprint for a Conservative Revolution et partenaire de la firme de communication Hatley.

En soutien à Israël

L’ancien premier ministre a accepté l’invitation d’Adelson après avoir reçu l’approbation du commissaire à l’éthique et n’a pas été payé pour y assister ni pour leur adresser la parole, précise son attachée de presse Anna Tomala.

« La participation de M. Harper à cet événement doit être considérée exclusivement comme une expression de son soutien en faveur d'Israël », indique-t-elle.

Christopher Sands, directeur du Centre d’études canadiennes de l’Université John Hopkins à Washington D.C. rappelle que Stephen Harper était un premier ministre canadien « inhabituel » en raison de son engagement envers Israël.

« Stephen Harper était différent. Non seulement il a indiqué le soutien pour l’existence de l’État d’Israël, mais il a exprimé cela en des termes axés par les valeurs. Il a impressionné les Israéliens et tout particulièrement Benjamin Netanyahou. »

Le Canada est connu pour son rôle d’honnête courtier dans les conflits internationaux ou, comme le nouveau ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion le surnomme, « un constructeur de paix juste et résolu ».

Mais l’approche de l’ancien gouvernement conservateur est restée, si bien que les libéraux doivent maintenant justifier toutes les divisions sur Israël dans leur caucus.

Des leçons à donner?

Une fois que Harper a attiré l’attention sur son soutien à Israël, les politiciens à l’étranger ont remarqué ses efforts dans les dernières années pour réunifier la droite au Canada, explique Christopher Sands, un expert de la politique canadienne.

De quoi intéresser l’establishment du Parti républicain, qui avait jeté son dévolu sur Jeb Bush et Marco Rubio. Les deux candidats ont finalement succombé à la popularité de leur rival Donald Trump.

Pourtant, à première vue, Stephen Harper ressemble plus au candidat mal-aimé Ted Cruz sur le plan politique, dit Christopher Sands. « Il n’a pas une personnalité qui attire les gens, il n’est pas charismatique. Je ne veux pas être injuste, mais il n’est pas le genre de personne qui exhibe son leadership », compare-t-il.

Tout comme Ted Cruz, il tentait de changer le système de l’extérieur titillant la fibre populiste des électeurs lorsqu’il était chez les réformistes. À la tête du nouveau Parti conservateur, Harper a mené une tentative ratée de prendre le pouvoir quand Paul Martin était à la tête du gouvernement fédéral.

(Photo: Sean Kilpatrick/Presse Canadienne)

Mais au final, il a réussi à faire son chemin au sein du système politique canadien pour réunir la droite conservatrice – avec un petit « c » - et mener ses troupes vers la victoire. C’est pourquoi il a été appelé à aller à Vegas.

« [Les républicains] recherchent désespérément des gens comme lui qui savent comment gagner. Ils en ont marre de perdre la présidence après huit ans d’Obama », poursuit Adam Daifallah, de la firme Hatley.

Si Harper est resté discret sur ses allées et venues au Parlement depuis la dernière élection, sa toute dernière sortie publique n’est pas passée inaperçue aux États-Unis.

« Peut-être qu’il s’est dit que ce qui se passe à Vegas reste à Vegas… », lance Christopher Sands.

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