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L'homme moderne pourrait avoir entraîné l'extinction des Hobbits humains

L'homme moderne a-t-il entraîné l'extinction des Hobbits humains?
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Il était une fois, très loin d'ici, une mystérieuse espèce de Hobbits humains. Elle était composée de chasseurs, qui tuaient même des dragons pour survivre. Enfin, des dragons de Komodo.

On se croirait dans un roman de science-fiction mais ces êtres minuscules ont bien vécu en Indonésie. Ils ont peut-être même interagi avec l’homme moderne, selon les chercheurs qui ont passé près d’une décennie sur des fouilles dans la grotte de Liang Bua pour prouver l’existence des “Hobbits” de l’île de Flores, dont le nom scientifique est Homo floresiensis.

Les résultats de ces recherches, publiés dans la revue Nature, permettent de connaître avec plus de précision la période où l’espèce s’est éteinte (50.000 av. J.-C., au lieu des 12.000 ans précédemment envisagés). Si cela s’avérait, cela voudrait dire que les H. floresiensis ont peut-être été en contact avec les hommes modernes qui traversaient les îles indonésiennes pour gagner l’Australie.

“Nous n’en sommes pas sûrs car nous n’avons pas de traces d’eux sur l’île moins de 11 000 ans avant notre ère”, explique Matthew Tocheri, co-auteur des recherches et paléoanthropologue au National Museum of Natural History de la Smithsonian Institution. “Nous savons que les hommes modernes ont atteint l’Australie il y a environ 50 000 ans, et on ne peut y accéder sans passer par les îles indonésiennes.”

“Cette question continue de tarauder les archéologues de la région. Ce qui nous manque, c’est de savoir comment les hommes modernes ont parcouru ces îles – dont Flores – pour atteindre l’Australie, car nous n’avons pas découvert les sites qui permettraient de le prouver.”

Une image d’un crâne de hobbit à l’Université de Nouvelle-Angleterre montre combien il était petit par rapport au nôtre.

Une nouvelle analyse de vieux os de "Hobbits” fossilisés, précédemment exhumés de Liang Bua, a récemment été faite.

En se basant sur de nouvelles indications stratigraphiques et chronologiques, les chercheurs sont arrivés à la conclusion que ces restes de squelettes pourraient être vieux de 60.000 à 100.000 ans, et que la question de la survie de l’H. floresiensis après la période située il y a 50.000 ans demeure “sans réponse”.

Avec ses airs de studio hollywoodien, voici la grotte de Liang Bua sur l’île de Flores, en Indonésie.

“Nous avons daté le charbon, les dépôts, les coulées de calcite, les cendres volcaniques et même les os du H. floresiensis en utilisant les méthodes les plus modernes”, indique, dans un communiqué, le co-auteur des recherches, Richard Roberts, professeur à l’Université de Wollongong en Australie.

“Ces dernières décennies, nous avons grandement amélioré notre compréhension de la période pendant laquelle les dépôts se sont accumulés à Liang Bua, et ce que cela veut dire en termes de datation des os du ‘hobbit’ et des outils en pierre”, ajoute-t-il. “Mais la rencontre de ces ‘Hobbits’ avec des hommes modernes ou d’autres groupes d’humains — tels que les ‘Denisovans’ — qui parcouraient l’Asie du sud-est est toujours une énigme.”

Pour le moment, les chercheurs espèrent rassembler plus d’éléments sur la vie secrète des “hobbits” en se servant de l’imagerie 3D dans la grotte de Liang Bua pour établir une carte du site dans son ensemble. (Apprenez-en plus avec la vidéo ci-dessous).

Les archéologues ont découvert l’H. floresiensis en 2003 après avoir trouvé des restes de squelettes fossilisés enterrés à environ six mètres de profondeur dans la grotte de Liang Bua. L’équipe de recherche à l’origine de cette découverte a surnommé le petit squelette “hobbit,” selon M. Tocheri.

“Ils s’apprêtaient à publier leur découverte dans Nature et Mile Morwood, le chef archéologue, a commencé à parler du squelette en le désignant sous ce terme. Au départ, c’était juste entre eux, en référence à la petitesse et à l’étrangeté du squelette”, ajoute-t-il. “C’était l’époque où Le Seigneur des anneaux avait beaucoup de succès au cinéma, surtout en Australie et en Nouvelle-Zélande. Quand l’article a été publié et que l’équipe a donné une conférence de presse, le terme lui a échappé, et il est resté.”

Les os d’un crâne et de membres indiquent que les H. floresiensis atteignait quelque 90 centimètres de haut à l’âge adulte, et qu’ils avaient un cerveau minuscule.

“On en sait encore très peu. Par rapport à leur taille, leur cerveau était très petit, comme celui des chimpanzés que l’on peut observer aujourd’hui”, précise le chercheur. “Plus d’un tiers plus petit que celui des hommes modernes, bien que des parties du cerveau indiquent qu’il était plus organisé. Il y a un débat en cours sur le rapport de la taille du cerveau à l’intelligence.”

Richard Roberts et Thomas Sutikna de l’Université de Wollongong avec une reproduction d’un crâne d’Homo floresiensis. M. Sutikna a dirigé les fouilles sur l’île de Flores.

Matthew Tocheri a expliqué au HuffPost que les recherches en cours étaient quelque peu frustrantes car les fossiles du “hobbit” ressemblent souvent à ceux d’espèces plus anciennes (1 à 3 millions d’années avant notre ère).

Cependant, la découverte de fossiles d’H. floresiensis dans des dépôts indonésiens qui datent d’environ 50 000 ans indique qu’il existait une lignée entière d’hominines qui pourrait avoir échappé aux scientifiques, parti d’Afrique jusqu’à l’île indonésienne de Flores, en traversant l’Asie.

“Nous devons rendre compte de cette diversité pour mieux la comprendre et déterminer ce qu’être humain signifie vraiment”, conclut-il.

Cet article, publié à l’origine sur le Huffington Post américain, a été traduit de l’anglais par Laura Pertuy pour Fast for Word.

Voir aussi:

«Fragments d'humanité»: plonger dans l'archéologie québécoise à Pointe-à-Callière

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