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Programmation forte au Théâtre Denise-Pelletier en 2016-2017 (PHOTOS)

Programmation forte au Théâtre Denise-Pelletier en 2016-2017
Charles Belisle

Avec des œuvres de Wajdi Mouawad, George Orwell, Molière et Tirso de Molina, l’un des auteurs phares du Siècle d’or espagnol, la programmation 2016-2017 du Théâtre Denise-Pelletier frappe fort.

Quand il est question de classiques du 16e ou du 17e siècle, on pense Shakespeare et Molière, mais le théâtre espagnol mérite aussi qu’on s’y attarde. Et pas seulement en présentant une énième version de Don Quichotte ou de Don Juan.

Programmation du théâtre Denise-Pelletier

Vingt ans après avoir monté La vie est un songe, de Calderon de la Barca, le directeur artistique du Théâtre Denise-Pelletier a décidé d’ouvrir la saison avec Le Timide à la cour (28 septembre au 22 octobre 2016), une pièce écrite en 1611. « On visite de moins en moins la dramaturgie du Siècle d’or espagnol, mais c’était une période très faste, avec une grande vitalité économique, politique et artistique, dit-il en entrevue.

La pièce, où deux amoureux s’unissent contre les conventions et les qu’en-dira-t-on, sera montée par le Théâtre de la Banquette arrière, qui fête ses 15 ans, et mise en scène par Alexandre Fecteau (Le NoShow).

L’œuvre a séduit Poissant pour plusieurs raisons. « J’avais envie d’une comédie qui donne de l’espoir. Malgré toutes les catastrophes que les personnages traversent, ils arrivent à unir les classes sociales. Et c’est une des rares pièces de l’époque où les personnages féminins sont plus que coquins : les femmes sont charnelles, impétueuses et très solides.»

1984

Classique de la littérature d’anticipation, le roman d’Orwell a marqué des générations avec ses thématiques de manipulation, de libertés individuelles mises en danger, de surveillance et de tout ce qui est mis en place pour contrer les masses, façon Big Brother.

La pièce, une adaptation des Britanniques Duncan Macmillan et Robert Icke, a été présentée au Trident à l’automne 2015. « Le travail de la metteure en scène Édith Pattenaude est vraiment brillant. Avec Elliot Laprise, qui manie la caméra sur scène, ils font quasi du documentaire. On a l’impression que ce qu’entrevoyait Orwell est devenu la réalité en 2016. En plus, quand j’ai pris la direction du théâtre, trois jeunes metteurs de talent m’ont proposé de monter la pièce dans la même période. J’ai senti qu’il y avait quelque chose là. » 1984 sera jouée à Montréal du 9 novembre au 7 décembre 2016.

Assoiffés

Répondant à une volonté de présenter du répertoire récent, Poissant a programmé ce texte de Mouawad, dix ans après sa création. Avec Assoiffés (8 au 25 février 2017), le TDP fait toute la place au public adolescent. «C’est un spectacle intelligent sur l’adolescence aux repères multiples, le besoin de rêver et de fondre la fiction dans la réalité. C’est un sujet qui tombe directement dans la zone des ados. »

La pièce a été jouée plus de 250 fois au Canada et en Europe, entre 2006 et 2012. Cette fois, Benoît Vermeulen en assurera la mise en scène et dirigera Rachel Graton, Philippe Thibault-Denise et Francis La Haye.

L’Avare

Claude Poissant se gâtera également en montant son premier Molière, de façon résolument contemporaine.

« Ses pièces sont souvent montées de manière traditionnelle, mais j’aimerais bien voir comment on peut entrer par une autre porte. Quitte à lui faire dire plus que ce qu’il veut dire. »

Racontant l’histoire d’Harpagon le corrompu, L’Avare (15 mars au 8 avril 2017) est l’œuvre qui a donné au metteur en scène le goût des classiques. « Je l’ai lue dans la classe d’un professeur vraiment passionné. La pièce m’a réellement donné une compréhension de c’est quoi un personnage, une intrigue, un rythme, une construction dramatique. J’ai tout appris par cette pièce, tellement elle est bien écrite. »

Deuxième programmation

Conscient depuis le début qu’il doit respecter l’historique du Théâtre Denise-Pelletier, sa situation géographique dans un quartier défavorisé de l’Est et sa mission de base de nature éducative, Claude Poissant a-t-il l’impression que la prochaine programmation reflète davantage ses couleurs que la première?

« Je n’ai pas l’impression de trahir qui je suis. Je reste assez fidèle à mes désirs, mes valeurs, ma volonté de gérer un théâtre ayant deux possibles : interpeller un large public avec Denise-Pelletier et offrir un lieu d’essais à Fred Barry. J’aurais voulu qu’on soit plus souvent producteur que diffuseur, mais ça viendra. »

Néanmoins, les habitués du TDP ont certainement le sentiment de voir à l’œuvre davantage de créateurs de son entourage immédiat. « Ce métier-là crée des affinités. Si quelqu’un trouve que j’ai amené ma gang, ce n’est pas négatif. Ce n’est pas non plus un désaveu sur ce qui a été fait avant. Ce sont des artistes avec qui je poursuis le travail. »

En analysant la programmation 2016-2017, on remarque également plusieurs jeunes visages à qui l’homme de théâtre fait confiance. « Évidemment que c’est important le métier, l’expérience et l’expertise, mais si tu ne fais pas face à de nouvelles générations, de nouvelles manières de penser, de jouer, d’écrire et d’occuper l’espace, tu risques de perdre le fil de la réalité. C’est important d’être à l’affut de toutes les générations. »

L’an prochain à Fred Barry

En plus d’offrir le grand plateau du TDP à de jeunes metteurs en scène comme Alexandre Fecteau et Édith Patenaude, Poissant a l’occasion de révéler de jeunes talents à Fred-Barry, dont il a élaboré la programmation avec son bras droit Jean-Simon Traversy.

Dans le choix foisonnant de la prochaine saison, on remarque « Abîmés » (4 au 22 octobre), 4 courtes pièces de Samuel Beckett dans lesquelles Catherine Bourgeois travaillera avec des acteurs ayant une déficience intellectuelle, telle Gabrielle Marion-Rivard qu’on a vue dans le film Gabrielle, et d’autres non, comme Marc Béland.

On ne peut passer à côté d’Antigone au printemps (4 au 22 avril) avec Léane Labrèche-D’or, Xavier Huard et Frédéric Millaire-Zouvi. Sans oublier le clin d’œil à Marc Favreau dans L’Enfance de l’art (21 février au 11 mars), ainsi qu’Anne et la maison aux pignons verts, adaptée et mise en scène par Frédéric Bélanger.

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