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Guylaine Tremblay dans la peau de Nana : «Encore une fois, si vous permettez» au Théâtre Duceppe (ENTREVUE)

Guylaine Tremblay dans la peau de Nana (ENTREVUE)

Et si on pouvait faire revivre ceux qui nous ont quittés, le temps d'une pièce de théâtre? Avec Encore une fois, si vous permettez (1998), Michel Tremblay s'est payé le luxe de ramener à la vie sa mère bien-aimée, Nana. Par un triste hasard, Rita Lafontaine - qui a tenu le rôle auparavant - est décédée lundi soir dernier à Montréal. Et si Encore une fois, si vous permettez a justement le but de faire revivre quelques heures un être aimé, gageons qu'il y aura un peu d'elle sur scène. Du 6 avril au 14 mai 2016 au Théâtre Duceppe, c'est Guylaine Tremblay qui prendra les traits de cette femme colorée aux côtés d'Henri Chassé. Entrevue.

Michel Tremblay a beau avoir perdu sa mère trop jeune, il l'a toujours traînée par la main à travers ses multiples oeuvres. Femme forte, volontaire, délicieusement simple, Nana a visiblement marqué son fils avec son fabuleux sens de la répartie. Que ce soit dans La diaspora des Desrosiers, Chroniques du Plateau Mont-Royal ou autres, l'auteur n'a jamais pu tarir sa source d'inspiration. Dans Encore une fois, si vous permettez, Nana prend tout son souffle, son sens, dans un ultime hommage de son propre fils.

Pour Guylaine Tremblay, c'est un retour au théâtre après s'être investie corps et âme dans Unité 9 et Banc public. «C'est excitant et exigeant à la fois.» avoue candidement la comédienne au téléphone. «Au théâtre, c'est marche après marche. Chaque jour, des trucs se raffinent, se précisent. On commence à jouer le 6 avril, mais je suis certaine que ça va évoluer jusqu'à la dernière représentation.C'est athlétique le théâtre! Quand on joue à la télé, c'est des sprints. Oui, on joue des scènes difficiles, mais c'est trois minutes... Le théâtre, c'est un marathon! Il faut être en forme...»

Celle qui a déjà interprété Rose Ouimet dans Les Belles-soeurs avoue qu'elle retrouve avec plaisir la plume de Michel Tremblay. «Je plonge là-dedans avec délice. Je l'aime tellement: je jouerais même les rôles de gars! (Rires) Michel Tremblay, c'est quelqu'un qui a tellement bien saisi l'âme de la femme. Les mots résonnent en moi pour les autres: ça pourrait être ma mère, ma grand-mère, ma tante...»

Nana, ce monument

Ne joue pas Nana qui veut. Comment on se met dans la peau d'une femme aussi singulière et colorée que la mère de Michel Tremblay? «On travaille fort!» s'exclame l'artiste en riant. «Quand on m'a offert de jouer Nana, je capotais. Michel Dumont m'a dit: tu es un commis voyageur. C'est l'art de la passation. Les rôles se transmettent et se passent. Quand on joue un personnage plus grand que nature, on le fait de tout notre coeur, en toute humilité. Mon travail, ça a été de me débarrasser des images que j'avais en tête.»

Des images instaurées par Rita Lafontaine bien sûr, mais aussi notamment par Louison Danis. «J'aborde Nana avec mon essence, mon énergie, ma façon de voir. En jouant un personnage, on devient le filtre. Bien sûr, ça va avoir ma couleur. Mais le texte est assez fort: cette pièce est jouée partout dans le monde...» Un rôle qui porte en soi une certaine pression... «Sincèrement, je la prends tout simplement comme un personnage.»

Quand on lui demande si elle ressemble à Nana sur certains points en tant que mère, Guylaine Tremblay marque un silence: «Le lien avec un son enfant est indestructible. J'ai 55 ans et je suis encore l'enfant de mes parents... C'est pour ça que cette pièce me touche autant: Michel Tremblay s'ennuyait de sa mère, de sa voix. Il s'est servi de son talent d'auteur pour la faire revenir.»

Si les pièces de Michel Tremblay sont habituellement jouées dans un cadre très réaliste, Michel Poirier avait une idée bien différente pour Encore une fois, si vous permettez. «Cette fois, on oublie tous les gestes du quotidien. On laisse toute la place au texte. En fait, c'est une représentation de son univers: c'est magnifié. La base, c'est un salon double à Montréal et c'est gigantesque! Tout est grand. Nana est dans son royaume.» Comme une loupe sur elle, finalement? «Exactement!»

L'influence de Michel Tremblay

La comédienne l'avoue d'emblée: Michel Tremblay a changé sa vie. «J'avais 9-10 ans et je regardais la télévision chez moi. Je me disais que si lui, qui avait mon nom, pouvait faire ça, je pouvais aussi! (Rires) Les actrices avaient toujours des noms incroyables... Naïvement, je me suis dis que mon rêve était peut-être possible. Ça a ouvert une porte. J'ai lu ses pièces, ses romans. C'était comme une permission aux gens d'ici de devenir des personnages intéressants.»

Et elle, se voit-elle comme un modèle pour la jeunesse? Ou plutôt, réalise-t-elle que plusieurs aimeraient réussir à avoir une carrière aussi intéressante? «Sincèrement, je n'ai jamais pensé à ça. Mais si ça fait rêver les gens, tant mieux!»

À part ce beau projet, Guylaine Tremblay va continuer les tournages d'Unité 9. «Si c'est le cas! On ne sait jamais...» Et bien sûr, elle poursuit l'aventure de Banc public, où elle troque le chapeau de comédienne pour celui d'animatrice, le temps d'une jasette avec des gens inspirants: «Je ne me serai jamais attendue à ça! J'adore ça! C'est comme des vacances de comédienne. (Rires)»

Pense-t-elle s'investir dans un autre projet du genre éventuellement? «J'avoue que je ne suis pas quelqu'un qui se projette dans le futur... C'est rare que je call les shots! J'essaie tout simplement de jouir pleinement de ce qui est là. J'ai un tempérament de pigiste. Une chose est certaine par contre: je désire travailler toute ma vie.» Vous avez dit passionnée?

Encore une fois, si vous permettez au Théâtre Duceppe du 6 avril au 14 mai 2016. Pour toutes les informations, c'est ici.

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