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Paul Daraîche : le jour où tout a changé

Paul Daraîche : le jour où tout a changé
Courtoisie

À quoi pouvait encore rêver Paul Daraîche après 45 ans de carrière, la centaine d’albums enregistrés avec sa famille et les deux millions d’exemplaires vendus sans même le soutien des médias?

Que l’instinct bouillant d’un Mario Pelchat le prenne sous son aile et lui ouvre la porte qui allait le faire rayonner sous ces auspices appelés «grand public». Un jour, on ne saurait identifier avec exactitude lequel, dans la dernière décennie, tout a changé pour Paul Daraîche.

«Je suis connu depuis longtemps, mais être reconnu du grand public, ç’a pris 50 ans», avance sagement l’icône country de sa voix caractéristique.

L’histoire relève du conte de fées, sans princesse ni soulier de verre, mais teinté d’un grand amour, l’amour du country. Alors qu’il n’était encore qu’un adolescent, dans son Dolbeau natal, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, Mario Pelchat assistait à tous les spectacles de Paul Daraîche.

«J’étais son idole, explique Paul Daraîche. Il connaissait toutes mes chansons par cœur. Je le connais depuis qu’il a 15 ans. J’allais dans son village, avec ma famille, et il venait me poser plein de questions : comment chanter, comment faire du show-business. Il voulait devenir chanteur.»

Une fois grand, Pelchat est devenu la vedette et le producteur qu’on connaît, mais son cœur d’enfant n’a jamais oublié ses racines. Quand il a mis sur pied le projet de compilation Quand le country dit bonjour, au milieu des années 2000, il a bien sûr contacté son premier modèle, Paul Daraîche. Ensemble, ils ont participé à l’émission Chaîne d’artistes, à TVA, où Mario Pelchat a bien fait rire son invité en lui rappelant le souvenir du gamin de jadis qui le talonnait de questions lorsqu’il passait au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Aussi, lors d’un spécial country de La poule aux œufs d’or, Paul Daraîche a vu et entendu Mario Pelchat entonner sa pièce-signature À ma mère.

«Je suis tombé sur le cul, se remémore Daraîche. Tout le monde l’avait fait, mais là, lui, en plus…»

Tomber tranquille

Puis, la tournée Quand le country dit bonjour, réunissant les personnalités liées aux deux disques (tous deux sacrés disques d’or), s’est mise en branle.

«Mario se demandait qui allait ressortir, qui allait devenir la vedette de ce show-là. Il a vite vu que j’étais connu partout où on allait ; évidemment, ça faisait 50 ans que je le faisais! Au Théâtre St-Denis, en partant, je n’avais même pas encore chanté que j’étais déjà applaudi, ça criait. À chaque place où on allait, je volais le show!», détaille Paul Daraîche en riant de bon cœur.

La suite est connue. Sous le parrainage de Mario Pelchat, Paul Daraîche a lancé à l’automne 2012 Mes amours, mes amis, une première collection de morceaux de son répertoire revisités en duo avec des artistes comme Lynda Lemay, Richard Desjardins, Édith Butler, Maxime Landry, Laurence Jalbert et Yves Lambert. Succès instantané : dès le début 2013, Daraîche recevait un disque platine soulignant plus de 90 000 copies écoulées.

En octobre dernier, le tandem récidivait avec l’album Laisse-moi te dire, qui reprend essentiellement la même formule, cette fois avec des potes tels Marjo, Ginette Reno, David Thibault, les Sœurs Boulay, Patrice Michaud et Éric Lapointe. La magie a opéré à nouveau et, quelques semaines après sa mise en marché, Laisse-moi te dire était certifié disque d’or, récompense célébrant 40 000 éditions envolés.

Ces jours-ci, Paul Daraîche entame sa tournée Showtime, dérivée de Laisse-moi te dire, qui a été lancée jeudi à Brossard, s’arrêtera ce samedi à Québec et dans le reste de la province pendant la prochaine année.

«C’est une question d’organisation, de grosse machine, aussi, précise Paul Daraîche. À la minute où Mario a fait un premier projet avec moi, j’en ai vendu 150 000. Mario était certain, il l’a su tout de suite. Dans le country, la famille Daraîche, on a toujours été les meilleurs vendeurs.»

«Depuis ce temps-là, Mario et moi, on est ensemble, on fait mille projets et je l’adore. Mario est un homme intègre, un homme de cœur, comme moi. Pour lui, l’important, c’est la musique. C’est un vrai. Avoir un artiste comme lui comme producteur, c’est magnifique. Il comprend tout. Il est passé par le même chemin que moi.»

Sans compter que de bénéficier d’un tel appui libère les épaules de Paul Daraîche de quelques poids.

«J’ai quand même 68 ans, informe le principal intéressé. Je fais 2000 kilomètres par semaine en conduisant mon auto, en plus de donner des spectacles. J’étais heureux, parce que c’a toujours été moi qui s’occupais de tout pour la famille Daraîche. Réserver les hôtels, planifier les répétitions, déterminer le contenu des spectacles, préparer les shows, écrire les chansons, réaliser les albums en studio, je faisais tout ce que son équipe fait aujourd’hui. Alors, j’étais content que quelqu’un s’en occupe pour moi. On m’a dit : «Toi, tu chantes, et on se charge du reste». C’était magnifique, je n’avais plus rien à faire! Je suis tombé tranquille (rires)»

Remise en question

Paul Daraîche est bien la preuve que c’est souvent lorsqu’on n’entretient plus d’attentes que les occasions se présentent sur un plateau d’argent. Après les 102 galettes autoproduites et les scènes foulées en solo, en duo, en trio ou en groupe avec les femmes de son clan, Julie, Katia, Dani et les autres, sans demander quoi que ce soit à personne, en marge de l’industrie dite «populaire», l’homme aurait normalement dû songer au repos du guerrier. Mais d’autres plans l’attendaient. C’est désormais avec bonheur qu’il ajoute de nouveaux admirateurs à son cercle.

«On a toujours fait plein de tournées, plein de spectacles, plein de disques. C’a toujours bien marché. Mais là, j’ai été chercher un autre public. Dans le country, on peut avoir 25 000, 30 000 personnes assidues, qui consomment nos spectacles et qui achètent nos albums. Là, je vends 150 000 copies, un nouveau public m’a découvert. Ajouté au public country, ça donne ce résultat. Tous ces nouveaux visages que je vois dans les salles, qui viennent se présenter à moi en me disant qu’ils viennent me voir pour la première fois, c’est magnifique.»

Et pourtant, il aurait pu abandonner. Lui et les siens y ont réfléchi sérieusement, au tournant des années 90. Et il aura fallu, après, encore 25 ans avant que le déclic magique ne se produise. Paul Daraîche a commencé dans la musique en 1965.

«À un moment donné, avec le band, ça faisait 30 ans qu’on tournait, mais c’était toujours le même circuit qui se présentait. On était un peu tannés. Pendant six mois, on a complètement arrêté, pour faire une mise au point. C’a fini qu’au bout de six mois, on s’ennuyait «au boutte», on a recommencé, on a continué. Parce qu’on avait toujours fait ça. Mais, même si ça marche, quand ça fait 30 ans que tu fais les mêmes places, les mêmes coins, les mêmes contrats… On a tout fait au pays, je ne sais pas combien de fois! Mais c’est dur d’arrêter, quand ça marche. Quand tu es un vrai musicien, tu ne lâches jamais! Que ça marche ou pas.»

C’est d’ailleurs ce message de détermination que Paul Daraîche souhaite transmettre au raz-de-marée de jeunes talents qui utilisent aujourd’hui toutes les tribunes, des téléréalités à YouTube, pour percer et se faire connaître.

«Si tu as de belles chansons, si ce que tu fais es bon, si tu as du talent, tu vas finir par atteindre tout le monde. J’en suis la preuve vivante. Si j’avais lâché il y a 20 ans, après 30 ans de succès, je serais disparu. Quand on ne lâche jamais, ça finit par rapporter.»

Toujours vivant

D’après Paul Daraîche, le country est encore bien vivant chez nous. Même qu’il se dit convaincu que le style pourrait perdurer au-delà des autres dans un environnement en constante mutation.

«Le disque est en train de disparaître, mais nous, on va étirer ça encore plus loin, parce que le monde country aime acheter les disques physiques, les avoir en main. Ce ne sont pas des gens de web», assure Paul Daraîche, avant d’enchaîner :

«Le country est très en santé. Il y a encore plein de festivals. Avant, les fans de country étaient gênés, ils ne le disaient pas trop fort, parce que c’était qualifié de quétaine. Mais le country a toujours été une musique de base, qui a toujours été là. Elle revient toujours à la surface. Les modes passent, mais le country est toujours là. Ce qui est différent, c’est qu’en ce moment, le country est à la mode. Nous, on se plait à dire qu’on a eu le monde pop à l’usure! (rires)»

Il cite à cet égard son amie Ginette Reno, qui se commet avec lui sur Laisse-moi te dire, et qu’il emmènera bientôt enregistrer avec lui une édition de l’émission Pour l’amour du country. Ginette Reno jonglerait même, présentement, avec l’idée d’enregistrer un disque country.

«L’un de ses premiers 45 tours, Non, il ne faut pas pleurer, je la fais en anglais, dans mon show», laisse savoir Paul Daraîche.

Justement, jasant show, le showman en promet tout un aux spectateurs qui suivront le sillon de la tournée Showtime. Une pléiade d’invités, dont plusieurs noms gravés près du sien sur Laisse-moi te dire, se joindront à lui dans des numéros inédits, encadrés par six musiciens, dans un décor et des éclairages construits sur mesure. Et si vos préjugés croient que Paul Daraîche se fait vieux et inintéressant pour la jeune génération, sachez que l’homme adore aller applaudir des Sœurs Boulay et des Patrice Michaud en spectacle, et qu’il suit religieusement La voix, allant jusqu’à prédire une victoire à Stéphanie ou Travis.

Showtime, c’est donc un gros party en vue?

«Tout le temps!», s’exclame un Paul Daraîche rieur.

Tous les détails sur la tournée Showtime sont disponibles sur la page Facebook de Paul Daraîche (https://www.facebook.com/PaulDaraiche/?fref=ts). Des représentations sont prévues ce samedi, 2 avril, au Capitole de Québec, puis à Saint-Hyacinthe, Granby, Saint-Eustache, Sherbrooke et Gatineau, entre autres, dans les prochaines semaines.

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