Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Pourquoi le TATP est devenu l'explosif préféré des terroristes

Pourquoi le TATP est devenu l'explosif préféré des terroristes

Tripéroxyde de triacétone, peroxyde d’acétone, TATP. Trois appellations pour un même explosif, découvert à la fin du 19e siècle par un chimiste allemand et devenu depuis le début des années 2000 une arme de choix pour les terroristes qui l'ont rebaptisé "mother of Satan" (mère du diable). Les enquêteurs ont retrouvé des traces à Londres en 2005, à Marrakech en 2011 ou sur le marathon de Boston en 2013.

Découvert sur les kamikazes du 13 novembre, il a de nouveau été retrouvé à Bruxelles après les attentats du mardi 22 mars. Le procureur fédéral a même précisé que 15 kilogrammes de cet explosif très volatil et donc instable (ces apprentis chimistes du Nord l'ont appris à leurs dépends) ont été retrouvés dans un appartement perquisitionné dans la commune de Schaerbeek qui a vraisemblablement servi de planque aux terroristes bruxellois.

Explosions à Bruxelles

Des ingrédients faciles à trouver

Par ailleurs, d'autres éléments entrant dans la confection de cet explosif ont été découverts sur place. En plus d'une valise remplie de clous et de vis (qui augmentent considérablement les dégâts et les blessures causés lors de l'explosion), les enquêteurs ont mis la main sur 150 litres d'acétone, 30 litres d'eau oxygénée et du matériel destiné à confectionner des engins explosifs comme des bacs en plastique et des ventilateurs.

Ces ventilateurs servent à rafraîchir l'air au moment de la confection, dans la mesure où la réaction de tous ces éléments chimiques (auxquels il faut ajouter de l'acide sulfurique contenu dans les produits pour déboucher les canalisations) qui doivent être additionné au gramme près, dégage beaucoup de chaleur. "Pour le stabiliser, le TATP (devenu poudre blanche cristalline, ndlr) est souvent mélangé à de la nitrocellulose, ce qui donne un mastic que l'on peut ensuite mouler selon la forme souhaitée", précise à Sciences et Avenir Véronique Vidotto, ingénieur en chef du département incendies-explosions à l'Institut national de police scientifique.

Le souffle qu'il provoque et sa puissance sont sensiblement égaux à ceux du TNT mais sa confection est nettement plus simple. Le système de mise à feu est également nettement plus simple qu'avec des explosifs moins artisanaux. "Pas d’inflammateur, comme ceux utilisés pour les explosifs plus sophistiqués, mais très difficiles à trouver dans le commerce. Ici, un simple contact électrique suffit, permettant de créer une petite flamme et d’enclencher le dispositif, comme pour une clé de voiture ou des feux d’artifice", rapportait Libération dans la foulée des attentats du 13 novembre. Une pile de neuf volts peu suffire pour déclencher l'explosion, mais celle-ci peut aussi déclencher l'explosion après un mouvement intempestif du kamikaze.

Avec 5g, on peut faire exploser un ordinateur portable

A Paris et Saint-Denis, ce dispositif de mise à feu était relié à des gilets explosifs qui contenaient des barrettes de TATP. "Au regard des dégâts engendrés à Zaventem, on peut clairement penser que les terroristes, qui en maîtrisent parfaitement la confection, n'ont pas eu recours à de petites ceintures ou gilets d'explosifs. À Paris et à Saint-Denis, ces ceintures contenaient entre 1,2 et 1,5 kg de TATP. Les terroristes de Bruxelles ont très bien pu encore se servir de TATP mais en quantité beaucoup plus importante", estime un spécialiste du déminage interrogé par Le Parisien.

Sur Internet, on ne compte plus les vidéos montrant des expériences avec du TATP. Sur certaines, on y voit des canettes pleines de liquide éventrées avec 0,5g ou une souris d'ordinateur explosée avec 1g. Slate précise qu'une simple cuillère à café (environ 5g) de TATP "suffit à faire exploser un ordinateur portable". Avec une charge 3000 fois supérieure (celle retrouvée dans l'appartement de Schaerbeek), on imagine facilement les dégâts qu'auraient pu causer les terroristes.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.