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Offres d'achat pour la tour de Radio-Canada : Mélanie Joly ne s'en mêle pas

Tour de Radio-Canada : Mélanie Joly ne s'en mêle pas

OTTAWA – La ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, ne tentera pas de s’interposer dans la vente de la tour de Radio-Canada, même si une douzaine d’offres ont été déposées.

« Radio-Canada est une société d’État autonome responsable de la gestion de ses installations, ses ressources humaines et ses opérations quotidiennes. En ce qui a trait à l’avenir de la maison de Radio-Canada, la société d’État a rappelé plus tôt la semaine dernière qu’elle étudie toutes les options possibles, aucune décision n’étant encore prise », a-t-elle fait savoir dans une déclaration.

Une douzaine d’acheteurs se sont montrés intéressés, dont l’homme d’affaires Phil O’Brien qui a réalisé le Centre de commerce mondial de Montréal, entre autres. Il a confirmé en entrevue au HuffPost avoir déposé son offre jeudi, mais s’est fait avare de détails quant à l’utilisation qu’il souhaite du terrain.

"Mirabel, vous vous souvenez de ça? On a mis des fermiers dehors et on a construit un aéroport qui est fermé aujourd’hui"

— Phil O'Brien

O’Brien parle du quartier où se trouve la tour comme de la « porte d’entrée de Montréal ». « Je pense qu’on peut aider à créer une nouvelle ville avec ce qui est là, explique-t-il. J’ai de l’expérience là-dedans, puis mon opinion, c’est qu’on peut faire quelque chose de bien avec ce qui est là. »

Une tour à condos, par exemple? Il réplique qu’il ne peut rien dire, puisqu’il a signé une entente de confidentialité. « On n’a pas le droit, c’est aussi simple que ça. »

L’entrepreneur explique avoir divulgué l’information sans l’avoir voulu lundi, de passage au Forum Grands projets de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Mais il espère tout de même faire partie de la liste courte d’acheteurs, une décision qui sera rendue d’ici un ou deux mois, à son avis.

Flairer la bonne affaire?

Phil O’Brien, qui est le seul acheteur intéressé connu jusqu’à présent, pense que les nouvelles technologies ont forcé les entreprises médiatiques à revoir leurs méthodes.

« Peut-être qu’ils ont raison de regarder pour se reconstruire ailleurs. Moi, je ne suis pas en désaccord avec ça », indique-t-il, en précisant qu’il ne dit pas juste cela parce qu’il souhaite que son offre d’achat soit retenue.

« Les gens ne travaillent plus de 8 à 4 ou de 9 à 5. Ils travaillent souvent des heures différentes, ils prennent des breaks, c’est un monde di-ffé-rent. Dans ce genre de business-là, desfois, il faut qu’ils abandonnent l’usine. »

"Ce n’est pas vrai qu’on va mettre [la tour de Radio-Canada] à terre pour faire plaisir à un promoteur immobilier"

— Pierre Nantel

La construction de la tour brune de Radio-Canada a forcé la disparition du quartier populaire «Faubourg à m’lasse» dans les années 60. Le jeu en aura-t-il valu la chandelle quelques décennies plus tard s’ils vendent le terrain?

« Mirabel, vous vous souvenez de ça? On a mis des fermiers dehors et on a construit un aéroport qui est fermé aujourd’hui », réplique O’Brien.

« Pour le deuxième pont Champlain, on a vidé une partie de Griffintown… je ne dis pas que c’est bon, mais ça arrive, ce genre de choses-là. »

Réactions à Ottawa

« Ce n’est pas vrai qu’on va mettre [la tour de Radio-Canada] à terre pour faire plaisir à un promoteur immobilier », s’insurge Pierre Nantel, porte-parole du NPD en matière de Patrimoine et de culture.

Le néodémocrate est d’avis que les habitants du quartier devraient avoir leur mot à dire sur l’avenir de la tour, au lieu de laisser ses administrateurs prendre des décisions dans leur bureau, isolés, dit-il.

La ministre Joly se dit aussi très sensible à l’impact socioéconomique et à l’héritage historique de l’édifice. « C’est pourquoi nous souhaitons que Radio-Canada étudie tous les scénarios en lien avec ses besoins actuels avec les divers intervenants du milieu, dont les employés, les syndicats et les acteurs politiques montréalais », ajoute-t-elle.

"Radio-Canada, ce n’est quand même pas un petit restaurant du coin"

— Rhéal Fortin

Nantel pense qu’il est normal et même souhaitable que le gouvernement fédéral ne s’ingère pas dans les affaires de Radio-Canada – à l’exception de sa tour brune de Montréal. Il fait valoir que sa disparition aurait une « incidence gigantesque » dans le sud-est de la métropole.

La semaine dernière, le porte-parole demandait au gouvernement Trudeau d’imposer un moratoire sur la vente de la maison de Radio-Canada afin d’explorer les meilleures options possibles en toute transparence.

« C’est terrible. Radio-Canada, ce n’est quand même pas un petit restaurant du coin. Il y a des choses importantes qui se font là. Le réseau a d’importantes fonctions, puis je ne sais pas où ça va aller, si on transfère les opérations ailleurs », dit le chef du Bloc québécois, Rhéal Fortin.

Fortin ne voit pas pourquoi la ministre Joly ne se mêlerait pas du dossier de la tour de Radio-Canada. Il lui demande également de réinvestir dans la société d’État, tel que son gouvernement l’a promis.

Reste à voir, dans le premier budget Morneau, si cette promesse sera tenue.

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