Soirée décisive à La voix, dimanche, alors que les quatre coachs devaient éliminer d’un trait deux candidats de leur équipe, à l’issue de l’étape des Chants de bataille, avant de passer à celle, cruciale, des directs, dès la semaine prochaine. Petit bilan de cette édition-tournant.
Équipe Marc Dupré
Geneviève Leclerc, Yvan Pedneault, Mary-Pier Guilbault, Mélanie Cormier et Sophia-Rose Boulanger ont obtenu d’entrée de jeu leur laisser-passer pour l’étape des directs. Marc Dupré a ainsi opposé Pastel Soucy-Gagné, Geneviève Paré et Jonny Arsenault aux Chants de bataille.
Au-delà de ses pieds nus qui ont attiré l’attention, le magnifique grain de voix de Pastel Soucy Gagné était parfait pour Bring it on home to me, de Sam Cooke. Quel dommage que Pastel eut été forcée de concourir aux Chants de bataille ; on aurait aimé la voir avancer loin dans la compétition. Espérons avoir la possibilité de l’entendre ailleurs, peut-être dans des bars, où son style se prête probablement à merveille.
Ne s’approprie pas du Daniel Bélanger qui veut. Les téléspectateurs l’ont constaté, et Geneviève Paré l’a peut-être compris aussi, en se commettant sur Rêver mieux. On perdait souvent des mots du magnifique texte à travers les fioritures vocales de la jeune femme au piano, qui semblait vouloir se mettre elle-même en valeur, plutôt que la chanson. Elle aurait néanmoins été le choix d’Éric Lapointe, si lui avait dû trancher.
Drôle de choix, pour Jonny Arsenault, que la pièce On fait ce qu’on aime, des Respectables. Le rockeur a traîné sa prononciation sur le refrain, dans une version plus lancinante et, avouons-le, moins heureuse que l’originale. Mais la présence scénique et la fougue du garçon sont indéniables. «Tu nous menaçais tellement tu voulais rester», a illustré Pierre Lapointe, le comparant à un «tueur menaçant».
Au final, c’est Jonny Arsenault que Marc Dupré a choisi pour poursuivre l’aventure La voix.
Équipe Éric Lapointe
Éric Lapointe a donné son assentiment dès le départ à Travis Cormier, Lou-Adriane Cassidy, Markos Gonzalez Clemente, David Latulippe et Marie-Ève Lapierre, qui demeurent dans le jeu. Alexander Brown, Rebecca Fiset-Côté et Thomas Argouin ont donc croisé le fer en musique. «Donnez-moi tout ce que vous avez», leur a gentiment ordonné leur coach.
Alexander Brown était parfait sur Rock This Town des Stray Cats. L’allure rétro, le joyeux sautillement, son numéro plein d’énergie était divertissant et sa vedette, attachante. «Un showman-né», l’a encensé Ariane Moffatt.
Autre jolie prestation, celle de la foncée Rebecca Fiset-Côté, qui a habilement manié français et espagnol sur Je l’aime à mourir, sauce Shakira. C’était à la fois doux et envoûtant. Dans un autre contexte, Rebecca aurait pu tirer son épingle du jeu ; elle n’a rien à envier à qui que ce soit.
L’air Faire la paix avec l’amour contrastait avec l’apparence de dur à cuire de Thomas Argouin. Le jeune homme a fait courir ses doigts au piano dans une relecture qui se voulait intense, mais qui, dans nos salons, manquait un peu de magie.
Éric Lapointe a décidé de miser sur Alexander Brown pour la suite, comme le lui conseillaient Ariane Moffatt, Marc Dupré et Pierre Lapointe.
Équipe Pierre Lapointe
Chez les troupes de Pierre Lapointe, Shy Shy Schullie, Marielle Varin, Beatrice Keeler, Sabrina Bellemare et Ryan Kennedy ont eu l’avantage de ne pas devoir se soumettre aux Chants de bataille. Les projecteurs étaient donc braqués sur Isabelle Young, Sophia Bel et Stéphanie St-Jean.
Isabelle Young dégage une grande timidité et manque un peu de ce je-ne-sais-quoi qui nous donnerait envie de l’adopter. Joli timbre, joli visage, jolie tentative sur Tes chaleurs, d’Antoine Gratton, mais le cœur n’y était pas. Le nôtre, du moins.
En revanche, Sophia Bel a une étoffe unique, tant dans son look que dans ses couleurs vocales. High by the beach, de Lana Del Rey, lui allait comme un gant. Ses lèvres noires étaient dérangeantes, mais ce genre d’extravagances fait partie du personnage. «Lâche jamais ce que tu es en train de peaufiner comme personnalité», lui a soufflé Pierre Lapointe à l’oreille au moment de son départ, alors qu’Ariane Moffatt vantait l’audace de la gamine.
Le genre de morceau qui peut suivre quelqu’un pour toujours: ce fut notre pensée spontanée en écoutant Stéphanie St-Jean s’époumoner sur l’incontournable Un peu plus haut, de Jean-Pierre Ferland, l’une de ces chansons-monuments qui ne collent qu’à un infime nombre de voix, mais qui consacrent ceux (et celles) qui savent les mener à bon port sans fausses notes. Ce fut le cas de Stéphanie, qui continue d’impressionner, semaine après semaine.
Sans surprise, c’est Stéphanie St-Jean qui a obtenu la faveur de Pierre Lapointe. «Je veux juste trop faire ça de ma vie», a déclaré la gagnante avec aplomb.
Équipe Ariane Moffatt
Ariane Moffatt a envoyé Patricia Bernier, Rafaëlle Lafrance et Tim Brink au combat, préservant Martin Goyette, Amélie Nault, Noémie Lorzema, Elie Haroun et Soran Dussaigne de l’affrontement.
On réitère notre grande affection pour l’excellente Patricia Bernier, qui a malheureusement dû plier bagages, dimanche. La chanteuse a pourtant roulé un parcours dans accrocs depuis le début de la saison de La voix, de son séjour chez Marc Dupré à sa récupération au dernier instant par Ariane Moffatt, lors des duels. Elle a terminé avec grâce en offrant une sublime et douce L’amour a pris son temps. Quel verdict crève-cœur. Gageons qu’on la reverra sous peu. Patricia Bernier est promise à une florissante carrière.
Les Chants de bataille étaient probablement le moment «ça passe ou ça casse» pour Rafaëlle Lafrance, dont la voix se distingue, certes, mais qui sonne parfois comme une caricature d’elle-même. C’était encore le cas sur sa Je suis venu te dire que je m’en vais, de Serge Gainsbourg.
«Je me serais fait bercer par elle», a avoué Marc Dupré, qui craquait sans doute pour le sourire sincère de la femme.
Solide performance de Tim Brink sur (Everything I Do) I Do It For You. Il était certain que les «hostilités» se jouaient entre Patricia et lui, et ce n’est pas un déshonneur pour la première d’avoir été éclipsée par le second, qui aurait probablement impressionné Bryan Adams lui-même dans sa revisite de la mythique ballade anglophone. «Il a l’air d’un gars qu’on aimerait avoir comme chum», a commenté Michel Rivard, en parlant de Tim, en mentionnant au passage le naturel du jeune homme.
Tim Brink est donc «l’élu» du clan Moffat au terme des Chants de bataille 2016.
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