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Le ministre Gaétan Barrette dit exposer «le scandale des ristournes Lamarre»

Barrette dit exposer «le scandale des ristournes Lamarre»
Jacques Boissinot/PC

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, accuse la députée péquiste Diane Lamarre d'avoir cautionné un stratagème de 350 millions $ des pharmaciens aux dépens de la population, du temps où elle était présidente de leur ordre professionnel.

Quand un plafonnement des honoraires a été imposé par le gouvernement libéral aux pharmaciens en 2010, ils ont alors surfacturé les assureurs privés, qui ont refilé des augmentations à leurs clients, a affirmé le ministre de la Santé, mercredi matin, en point de presse, avant d'entrer à la séance du caucus libéral.

La somme en jeu serait d'environ 350 millions $ par an, a-t-il estimé, en fonction des économies que devait générer le plafonnement.

C'est un autre épisode dans la guerre sans merci qui oppose le ministre libéral à son porte-parole de l'opposition officielle en santé.

M. Barrette reproche à Diane Lamarre d'avoir commis une faute morale et d'avoir manqué à ses devoirs à titre de présidente de l'Ordre des pharmaciens, en n'informant pas le public, même si la manoeuvre des pharmaciens était tout à fait légale.

"Elle savait que ses membres se 'reviraient de bord' pour aller se compenser à 100 pour cent chez les assureurs privés, a-t-il déclaré. (...) Avez-vous entendu Diane Lamarre, dont le mandat était de protéger le public, se lever pour informer la population qu'elle allait être surfacturée? Elle a approuvé par omission un 'scheme' pour aller chercher de l'argent."

Le ministre estime que sa vis-à-vis, elle-même pharmacienne propriétaire, a "probablement" aussi bénéficé de cette pratique. "Elle s'est servie dans le pot aux bonbons, le pot aux biscuits. (...) Aujourd'hui a été exposé le scandale des ristournes Lamarre."

À ses yeux, la députée est un "conflit d'intérêts permanent", a-t-il rajouté dans un autre point de presse.

Diane Lamarre a réagi en conférence de presse plus tard en matinée contre ce qu'elle a qualifié de "salissage". Elle a assuré avoir "toujours bien agi" et avoir même travaillé à l'amélioration de la transparence des prix quand elle était présidente de l'Ordre, en commandant un rapport sur cet enjeu.

La députée péquiste a reconnu qu'à partir de 2010, des pharmaciens ont commencé à compenser le plafonnement des honoraires en facturant les assureurs privés. Elle assure toutefois n'avoir rien à voir avec le dossier des compensations, qui relève du syndic de l'ordre.

"Les assureurs privés le prétendent, parfois, et dans d'autres cas ce n'est pas toujours aussi clair que ça, a-t-elle expliqué. Alors cette compensation n'a pas à être définie comme étant illégale ou immorale, c'est une compensation qui doit être vérifiée avec l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires."

Mme Lamarre a reconnu avoir touché des ristournes à partir du moment où le gouvernement libéral l'a autorisé, puisqu'elle est une pharmacienne indépendante qui ne fait pas partie d'une bannière.

Les attaques personnelles de Gaétan Barrette sont un aveu de sa faiblesse et ses manquements, par exemple sur la question de l'incorporation des médecins, a dit la porte-parole de l'opposition en santé. "C'est vraiment très bas de sa part. (...) Le ministre se transforme en une personne sans scrupule dès qu'on démontre certaines de ses incompétences."

Au côté de Mme Lamarre, le porte-parole péquiste en matière de services sociaux, Jean-François Lisée, a rappelé que l'enjeu des honoraires des pharmaciens concernant les assureurs privés existait depuis 1997, mais que le problème s'était accéléré avec le plafonnement de 2010 par le gouvernement libéral, tandis que sa collègue, quand elle était présidente de l'ordre, s'y était attaquée.

Selon M. Lisée, "le vrai scandale, c'est le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, qui réduit les services à tous les patients, mais essaie de s'en tirer en accusant faussement une collègue parlementaire".

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