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«12 belles dans la peau»: Stefie Shock à la rencontre de Serge Gainsbourg

Stefie Shock à la rencontre de Serge Gainsbourg
Jean-François Cyr

Afin de souligner le 25e anniversaire du décès de Serge Gainsbourg, le 2 mars 1991, le musicien-chanteur Stefie Shock a adapté une douzaine de pièces de l’auteur-compositeur-interprète qui a laissé une trace indélébile dans le monde artistique français. Question justement de conjuguer musique et féminité, deux univers très chers à l’homme, Stefie Shock s’est entouré de plusieurs femmes qui l’ont l’accompagné dans la création de cet album intitulé 12 belles dans la peau. Rencontre.

Serge Gainsbourg est monstre sacré en France. Il est respecté pour sa musique et les paroles de ses chansons, bien entendu, mais également pour sa très grande polyvalence : peinture, littérature et évidemment cinéma. On a également aimé (ou détesté, c’est selon) le «poète maudit», l’anticonformiste, le passionné, le romantique, le sulfureux tout comme on a été interpellé par son charisme, son génie, ses coups de gueule, ses frasques et ses abus.

Tout ça, Stefie Shock le savait très bien… Réaliser un album hommage c’est un peu comme s’engager sur un terrain glissant. C’est toujours délicat d’interpréter le travail des plus grands que nature, surtout quand ils ont pris une place aussi importante que Gainsbourg dans la sphère publique.

Par ailleurs, plusieurs ont comparé le Québécois et le Français au fil des ans. Ça aussi, Stefie Shock le savait trop bien. Son timbre de voix, son style musical, sa morphologie, même son faciès a des ressemblances avec Gainsbourg. Bref, tout ça lui a fait craindre le projet… jusqu’à ce qu’il réalise qu’il ne pouvait passer à côté.

« En 2014, j’ai réalisé que le 25e anniversaire de la mort de Gainsbourg arriverait dans deux ans. J’avais le temps d’y penser. Plusieurs personnes insistaient autour de moi pour que je me lance. Puisque tout le monde ou presque m’a un jour ou l’autre comparé à Gainsbourg, je me suis demandé si j’avais envie de retourner là-dedans, raconte en début d’entrevue l’auteur-compositeur-interprète de chez nous. En plus, je ne suis pas un fan fini ou un spécialiste de Gainsbourg. Je trouve certains de ses trucs admirables, d’autres pas du tout... Anyways, j’ai longtemps hésité. Finalement, j’ai eu trop peur de le regretter! »

Les femmes en valeur

L’approche de Stefie Shock fut celle de l’artisan. Libre, à tâtons et en solitaire, il a apprivoisé la bête. Il a fait ses choix de pièces et a «bidouillé» à sa manière des maquettes dans son studio. Ensuite, il a fait appel à 12 femmes, qui sont venues poser leur voix sur une musique, à tour de rôle : des chanteuses (dont Klô Pelgag, Marie-Pierre Arthur, Gaële, Fanny Bloom, Marième et Stéphanie Lapointe), certes, mais aussi des actrices (dont Anne Dorval, Pascale Bussières et Evelyne Brochu) à l’image du tombeur qu’était Serge Gainsbourg. Vinrent ensuite d’autres musiciens collaborateurs, souvent de bons amis. Enfin, Stefie Shock a enregistré sa voix, livrée de nouveau en solitaire.

«Telle fille a chanté une pièce à sa façon avec des arrangements qui lui ressemblent, explique-t-il. J’ai voulu mettre en valeur les femmes d’abord. J’ai donc fait mes voix à la toute fin. C’était à moi de prendre ma place, parce que les filles n’étaient pas des faire-valoir. Elles n’étaient pas interchangeables non plus.»

Ainsi, «les belles» avaient une place de choix dans le concept de Stefie Shock. Il; est même allé jusqu’à inviter les filles à chanter sur des morceaux qui ne furent pas nécessairement composés par Gainsbourg pour le duo.

« Ce n’était pas important que les pièces choisies aient été faites en duo, poursuit-il. La plupart des morceaux qui se retrouvent sur l’album n’ont pas été faits en duo par Gainsbourg. Par exemple, la pièce Comme un boomerang devait sortir en 1975 avec la chanteuse Dani (dans le cadre du Concours Eurovision), mais tout a planté (à l’époque, le diffuseur télé de l'événement a refusé la chanson en raison de certains passages du texte jugés provocateurs et connotés sexuellement). Il a finalement sorti la même chanson en solo en 2001.»

Jane Birkin, la muse

Certains morceaux comme La Javanaise (début années 1960) et Comment te dire adieu (écrite pour Françoise Hardy) étaient pour Stefie Shock des incontournables. Or, le meilleur de Gainsbourg coïncide d’après lui avec la rencontre de Jane Birkin, qui a chanté Quoi ou encore la très jolie mais méconnue pièce Baby Alone in Babylone, interprétée de très belle façon par Stéphanie Lapointe sur 12 belles dans la peau.

« Jane Birkin a été pour moi LA muse de Gainsbourg, affirme Stefie Shock. Ma période préférée de Gainsbourg est celle de 1969 à 1975 et c’est cette période que je couvre surtout sur 12 belles dans la peau. À ce moment, Birkin était dans sa vie. C’est pour elle qu’il a composé les plus belles chansons, je crois. C’est aussi à ce moment-là qu’il a été à son meilleur (pensons à Je suis venu te dire que je m’en vais, parue en 1973). Sa quarantaine lui allait bien. Après, ç’a été la chute.»

Stefie Shock offrira par ailleurs une courte performance, le 2 mars, au café du Monument-National de Montréal. Il travaille également à la mise en scène d’un spectacle qui sera normalement présenté dans diverses villes du Québec. Il est prévu que certaines «belles» soient présentes à ses côtés, selon les disponibilités de chacune. « Ce sera, à ce niveau-là, un concert à géométrie variable », a souligné celui qui a réalisé l’album en plus de chanter et d’y jouer de nombreux instruments.

L'album 12 belles dans la peau est déjà disponible en magasin et en format numérique.

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