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Aide à mourir: ce qu'a appris le coprésident du comité, Rob Oliphant, après 30 ans comme pasteur

Aide à mourir: ce qu'a appris le coprésident du comité comme pasteur

OTTAWA _ En 30 ans comme pasteur de l'Église Unie, le député libéral Rob Oliphant s'est très souvent rendu au chevet de personnes mourantes pour prier, réconforter et écouter leurs dernières réflexions. C'est une des raisons pour lesquelles il se sentait bien outillé pour être coprésident du comité parlementaire spécial chargé de consulter les Canadiens sur l'aide médicale à mourir.

M. Oliphant a aussi aidé des familles qui se torturent à savoir s'il est temps de débrancher les machines qui maintiennent artificiellement un proche en vie.

De telles situations soulèvent des questions éthiques, sociales et théologiques qui "exigent de nous une compréhension de la compassion, de la douleur, de la souffrance et du sens de la vie", dit-il.

La plupart des gens n'aiment pas parler de la mort et se confronter à des questions profondes, notamment sur ce qui compose la qualité de vie ou sur la façon dont on devrait traiter une douleur insoutenable. "Ce sont des questions auxquelles j'ai du faire face toute ma vie", confie-t-il en entrevue.

La position sur l'aide médicale à mourir est personnelle à chacun. Les opinions de chacun sont nourries par ses croyances, ses propres expériences avec la mort et la souffrance, ses peurs et ses espoirs sur la manière dont il espère pousser son dernier souffle.

Les politiciens ne font pas exception: ils se posent les mêmes questions. Sauf que ce sont eux qui, ultimement, décideront de la portée de la nouvelle loi permettant d'accorder aux adultes consentants et qui vivent dans de graves souffrances mentales ou physiques le droit de réclamer une aide médicale pour mettre fin à leurs jours.

Cette semaine, le comité parlementaire dirigé par M. Oliphant a fourni à Ottawa ses recommandations pour une loi permissive, rendant relativement accessible l'aide médicale à mourir pour les adultes admissibles. Il a aussi recommandé d'élargir l'accès aux gens souffrant de maladies compromettant leurs habiletés mentales, comme la démence, et éventuellement aux mineurs se révélant assez matures pour prendre une telle décision.

Pour M. Oliphant, ces recommandations découlent de son expérience au chevet de mourants, où la situation rapproche les gens et les amène à confier des choses qu'ils ne diraient pas à leur propre famille.

"La plupart des gens à qui j'ai parlé ont davantage peur de vivre avec une maladie dégénérative que d'en mourir, affirme-t-il. Ils sont très anxieux face au chemin, à la douleur (...) et ils aimeraient avoir une façon de dire au revoir en étant conscients lorsqu'ils le feront."

Le simple fait de savoir qu'une option médicale pour mettre fin à leurs jours réconfortera les gens qui souffrent. Il doute cependant que beaucoup iront jusqu'au bout.

"Je crois vraiment qu'il y a une étape dans le cycle de mort où la personne est nerveuse devant la possible souffrance et elle doute de sa capacité à l'affronter. Je pense que la fréquence du recours à l'aide médicale à mourir sera plutôt faible, que les gens voudront généralement s'accrocher à la vie et qu'ils reconnaîtront que leur souffrance est moins pire qu'ils le craignaient. Ils auront plus de courage parce qu'ils sauront que l'option (de choisir de mourir) s'offre à eux."

La peur est différente chez les gens qui ont reçu un diagnostic de maladie dégénérative qui les privera de leurs capacités mentales. Ils craignent moins la souffrance que la perte de leur dignité et de leur identité. C'est pourquoi ces individus veulent pouvoir donner des directives d'avance. Ils savent qu'à un certain moment, ils ne seront plus eux-mêmes, explique le député.

En bout de ligne, dit-il, s'il a appris une seule chose en étant pasteur, c'est que chaque personne doit affronter sa mortalité à sa façon.

"Je place la vie au sommet de la liste des valeurs, assure-t-il, mais il faut qu'il y ait une qualité qui y soit associée."

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