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11 athlètes noirs qui ont marqué le sport canadien

11 athlètes noirs qui ont marqué le sport canadien

À l'occasion du Mois de l'histoire des Noirs, Radio-Canada revient sur des athlètes qui ont fait briller le Canada dans des compétitions internationales.

Candace Chapman, soccer

Candace Chapman a été membre de l'équipe canadienne de soccer féminin qui a remporté la médaille de bronze aux Jeux olympiques d'été de 2012 à Londres. Née à Trinité-et-Tobago, elle a déménagé avec sa famille à Ajax, en Ontario, à 6 ans.

Dès sa première année dans l'équipe canadienne, à 18 ans, elle a gagné une médaille d'argent à la Coupe du monde U-20 en 2002 à Edmonton. Elle a pris sa retraite de la compétition en 2015.

Elle entraîne maintenant l'équipe nationale junior.

Perdita Felicien, athlétisme

Perdita Felicien, spécialiste en course de haies, a participé aux Jeux olympiques de Sydney en 2000 et d'Athènes en 2004.

Elle a conquis le titre de championne du monde à deux reprises et a remporté deux médailles d'argent aux Jeux panaméricains de 2003.

Elle détient toujours le record canadien du 100 m haies. Depuis sa retraite, en 2013, elle est conférencière et ambassadrice de l'organisation Right To Play et du programme des Nations unies au Canada Sport-in-a-Box.

Ferguson Jenkins, baseball

Ferguson Jenkins a mené une brillante carrière comme joueur de baseball avec les Cubs de Chicago, les Phillies de Philadelphie, les Red Sox de Boston et les Rangers du Texas.

Jenkins a été le premier Canadien à être intronisé au Temple de la renommée du baseball en 1991. Durant ses 18 années dans les ligues majeures, il a remporté 284 victoires et été nommé athlète canadien masculin de l'année quatre fois.

Willie O'Ree, hockey

En 1958, Willie O'Ree a été le premier Noir à jouer dans la LNH. Il a été ailier pour les Bruins de Boston jusqu'en 1979. À son arrivée dans la LNH, il était aveugle à 95 % après avoir été touché par une rondelle, mais il a caché cela à tout le monde.

O'Ree contribue aujourd'hui au hockey en tant que directeur du développement des jeunes pour la LNH.

Sam Langford, boxe

Sam Langford est né en 1883 à Weymouth Falls, une petite communauté de Nouvelle-Écosse. Il a déménagé à Boston à 14 ans. Bien qu'il n'ait jamais hérité d'un titre officiel, Langford, qu'on appelait aussi « la terreur de Boston », est considéré par plusieurs comme l'un des meilleurs boxeurs de tous les temps.

Il s'est mesuré à de nombreux champions du monde pendant 23 ans et a remporté la plupart de ses combats. Il a été exclu des championnats de boxe en raison de la discrimination raciale de l'époque.

« Je pense que Langford est probablement un des cinq plus grands boxeurs que nous ayons eus sur la planète. »

— Kevin Smith, auteur de « The Sundowners: The History of the Black Prizefighter 1870-1930. »

Il est décédé le 12 janvier 1956.

Bruny Surin, athlétisme

Bruny Surin fait partie des meilleurs sprinteurs du monde. En 17 années de carrière, il a remporté de nombreux prix nationaux et mondiaux, dont une médaille d'or au 4 x 100 m aux Jeux olympiques d'Atlanta en 1996.

Surin a pris sa retraite en 2002 pour se consacrer à sa carrière en relations publiques. Il a créé la fondation Bruny Surin pour promouvoir le sport et de saines habitudes de vie.

Marjorie Turner-Bailey, athlétisme

Marjorie Turner-Bailey est une sprinteuse qui a gagné des médailles de bronze aux Jeux panaméricains de 1975 au 100 m et au 4 x 100 m. L'année suivante, elle a représenté le Canada aux Jeux olympiques d'été à Montréal. Durant sa carrière, elle a fracassé quatre records canadiens.

Elle a décidé de se retirer de la course en 1978, après avoir gagné une médaille d'argent aux Jeux du Commonwealth.

Donovan Bailey, athlétisme

Aux Jeux olympiques d'Atlanta, en 1996, Donovan Bailey a établi le record mondial au 100 m. Il a ainsi gagné le 100 m et le 4 x 100 m. L'athlète originaire de la Jamaïque détient aussi trois médailles d'or et une médaille d'argent de différents championnats mondiaux.

Il s'est retiré de l'athlétisme en 2001 et a entrepris une carrière dans le monde des affaires.

John Armstrong Howard, athlétisme

John Armstrong Howard est le premier Noir canadien à avoir participé à une compétition olympique aux Jeux d'été de 1912 à Stockholm.

Durant ces Jeux, son entraîneur a accusé le sprinteur d'insubordination et a menacé de l'expulser. Les athlètes noirs étaient très souvent victimes de discrimination à l'époque. À cause de ces menaces de mort, du stress et d'une intoxication alimentaire, Armstrong Howard est éliminé dans les demi-finales du 100 m et du 200 m. Il est ensuite enrôlé par les Forces canadiennes en 1918, pendant la Première Guerre mondiale, en tant que soldat.

Grand-père des sprinteurs canadiens Harry et Valerie Jerome, il est mort le 10 janvier 1937.

Harry Jerome, athlétisme

Harry Jerome a couru dans trois Jeux olympiques et a gagné une médaille de bronze au 100 m à Tokyo en 1964. Il a établi de nombreux records du monde, qui lui ont valu des distinctions telles que l'Ordre du Canada en 1970 et l'intronisation au Panthéon des sports canadiens en 1971.

Il est le petit-fils du sprinteur John Armstrong Howard et le frère de la sprinteuse Valerie Jerome.

Il est décédé le 7 décembre 1982.

Valerie Jerome, athlétisme

À seulement 15 ans, Valerie Jerome a battu le record du 100 m, du saut en longueur et du relais 4 x 100 m. Avec son équipe, elle a remporté une médaille de bronze aux Jeux panaméricains de 1959, et elle a participé aux Jeux olympiques d'été de 1960 à Rome.

Elle est la petite-fille du sprinteur John Armstrong Howard. Valerie Jerome vit à Vancouver.

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Le premier Goncourt noir
Gallica BNF
René Maran fait partie des Goncourt dont on a oublié le nom. Et pourtant.

Il est né à Fort-de-France le 25 novembre 1887 et arrive en France à l'âge de 6 ans. Il étudie au lycée Michel de Montaigne à Bordeaux où il rencontre Félix Eboué. Après des études de droit, il devient fonctionnaire administratif à Obangui-Chari (actuelle République centrafricaine) en 1912 tout en écrivant des poèmes et son premier roman. À sa grande surprise l'éditeur Albin Michel accepte de publier son premier roman Batouala. Il parait pendant l'été 1921 après huit années de rédaction. Il s'agit du premier roman "nègre" écrit par un noir.

René Maran se sert de son premier roman pour montrer la réalité coloniale: c'est l'histoire d'un grand chef indigène tourmenté par les rumeurs sur la maltraitance des noirs par les blancs. Dans sa préface l'auteur dénonce également les abus du système colonialiste français: "Civilisation, orgueil des européens, et leur charnier d’innocents (...) Tu bâtis ton royaume sur des cadavres. Quoique tu veuilles, quoique tu fasses, tu te meus dans le mensonge (...) tu es la force qui prime le droit. Tu n'es pas un flambeau mais un incendie."

Le 14 décembre 1921, les membres du jury du prix Goncourt sont réunis dans l’hôtel Drouant à Paris pour élire le lauréat. Le jury hésite entre deux livres, celui de René Maran et de Jacques Chardonne pour l’Épithalame. Les deux auteurs ont réuni cinq voix chacun. C'est le président du jury (Gustave Geffroy) qui les départage avec son vote double qu'il a donné à l'auteur de Batouala. René Maran devient alors le premier écrivain noir à remporter un prix littéraire en France et son roman se vend à plus de cinquante mille exemplaires.
Le lauréat divise les critiques, La Dépêche coloniale écrit alors "en couronnant ce pamphlet, l'académie Goncourt a commis une mauvaise action". Certains parlementaires réclament d'éventuelles sanctions pour ses propos sur la cruauté de l'administration coloniale, il est même accusé d'exagérer la réalité coloniale.

René Maran démissionne par la suite de son poste de fonctionnaire colonial et se concentre sur l'écriture. Le Goncourt lui donne l'opportunité de participer à plusieurs conférences. Il publie ensuite plusieurs romans dont Djouma et Cœur serré mais il ne retrouvera jamais le succès de son premier roman. Suite à des problèmes d'argent, il accepte même des commandes d'articles à partir de 1937 pour vanter le système colonial français. Ce qui le rongera jusqu'à la fin de sa vie. Le précurseur du mouvement littéraire de la "négritude" meurt dans l'indifférence générale le 11 mai 1960.

Source: Noir Blanc Rouge - Trente-cinq noirs oubliés de l'Histoire de France de Valéry Rouben.
Le premier président noir du Sénat (et presque président)
AFP
Quand en 2011, le Sénat a basculé à gauche, Jean-Pierre Bel est devenu le premier président PS de la Haute-Assemblée. Mais le premier de gauche s'appelait Gaston Monnerville. Cet ancien député radical de Guyane, sous-secrétaire d'Etat aux Colonies de 1937 à 1938 (une nomination très mal vue en Allemagne ou en Italie), résistant lors de la Guerre, était devenu en 1958 le premier président du Sénat sous la Vème République.

A cette époque, ce formidable orateur a regagné la métropole depuis dix ans. Car après des premières élections sur ses terres natales, il se fait élire dans le Sud-Ouest qu'il a fréquenté depuis le collège. Ce n'est pas à Toulouse où il a fait ses études de droit mais dans le Lot que cet avocat de formation trouve son nouveau fief. Maire de Saint-Céré, sénateur, il devient une personnalité incontournable du Conseil de la République (équivalent du Sénat sous la IVe République). Mais alors que son nom est cité pour devenir président de la IVe République, René Coty lui est préféré. Selon son biographe Jean-Paul Brunet, il n'est pas élu car "possédant du sang noir".

Gaston Monnerville aurait également pu devenir quelques temps plus tard le premier noir président de la République. Mais quand le général de Gaulle démissionne en avril 1969, cela fait six mois que le sénateur n'est plus le troisième personnage de l'Etat. S'il siège toujours au Sénat, c'est Alain Poher qui le préside et assume l'intérim jusqu'à l'élection de Georges Pompidou. Le Guyanais de naissance quitte ensuite le Sénat en 1974 pour gagner le Conseil constitutionnel; il est le premier élu de couleur à y siéger. Et le seul.
Les premières mannequins noires d'Yves Saint-Laurent
Katoucha Niane (AFP)
C’est une paternité dont plusieurs couturiers français se réclament. Avant Givenchy, Courrèges ou Paco Rabanne, c’est Yves Saint-Laurent qui le premier choisit de faire défiler une mannequin noire pour présenter ces collections. Elle s’appelle Fidelia, nous sommes en 1962.

Pourquoi? Ce sont des raisons esthétiques et non militantes qui expliquent ce choix. "Il était un grand coloriste et trouvait simplement que les peaux noires donnaient plus d'éclat à la couleur”, expliquait Martine Villelongue, historienne de la mode et directrice de l'université de la mode à Francetv Info. Difficile en revanche de trouver plus d’informations sur cette mannequin qui défilait à une époque où les modèles sont encore très peu à accéder à la célébrité.

A la suite de Fidelia, les autres mannequins noires que Saint Laurent fera défiler s’afficheront davantage sur papier glacé. Parmi lesquelles, Katoucha Niane, excisée pendant son enfance en Guinée.

Cette mannequin, décédée en 2008 était parfois surnommée “la princesse peule”. Elle était aussi connue pour son engagement militant contre l’excision des petites filles en Afrique que pour sa silhouette et sa grâce.
Le premier noir dans l'équipe de France de football
En 1931, Blaise Diagne inaugure l'exposition coloniale au Palais de la porte Dorée à Paris. Ce véritable zoo humain, qui devait montrer aux habitants de la Métropole les différentes facettes des colonies, attire 8 millions de personnes au cours de l'année. Ironie du sort, c'est à la même période que son fils Raoul Diagne devient le premier joueur noir à revêtir le maillot de l'équipe de France de football. Une consécration et une revanche pour une personnalité atypique.

Contrairement à son père (premier député africain à siéger à la chambre des députés de Paris, parrain de l'exposition coloniale et fervent assimilationniste) Raoul Diagne n'a jamais aspiré à entrer en politique. Fêtard et mondain, sa jeunesse s'est résumée à des virées en voiture de luxe, des soirées endiablées en compagnie de Joséphine Baker et Jean Gabin, des promenades avec un guépard sur les Grands Boulevards et bien sûr du football.

Malgré les apparences, rien n'a été donné à celui qui se faisait surnommer "Joséphine". Né en Guyane en 1910, il rejoint son père dans l'Hexagone à 20 ans dans le cadre de ses études. Très vite, le jeune homme délaisse les amphithéâtres pour le ballon rond et rejoint le Racing Club de Paris au moment même où le football se professionnalise. Malgré la désapprobation farouche de son père qui voudrait le voir en politique, "l'araignée noire" ne jure que par ce sport qu'il voit aussi comme un moyen de s'intégrer dans la société française, une tâche difficile à l'époque pour une personnalité d'origine africaine.

"L'araignée noire" reste 8 ans à Paris, où il remporte 3 coupes de France et surtout le championnat en 1936, l'avènement de sa carrière en club. Parallèlement, il est régulièrement sélectionné en équipe de France, avec qui il participe à la Coupe du Monde 1938. C'est peut-être le plus grand accomplissement de celui qui était aussi surnommé "Joséphine". En effet il fut le premier joueur africain à participer à la compétition reine, au cours de laquelle la France se hisse jusqu'en quart de finale où elle est dominée par l'Italie (3-1). Pendant la deuxième guerre mondiale il poursuit sa carrière à Toulouse puis à Annecy et Nice avant de rejoindre l'US Gorée (Sénégal) où il met fin à sa carrière en 1949.

Défenseur rugueux, puissant et doté d'une grande polyvalence (il a aussi joué gardien de but et milieu de terrain), Raoul Diagne paya injustement un statut de pionnier dont il ne voulait pas. Dès le mois d'Août 1960, il devient le sélectionneur du Sénégal, alors tout juste indépendant. Bien qu'il ne reste qu'un an à la tête des lions de la teranga, il participe largement à l'établissement d'une culture foot dans le pays, ce qui lui a valu le surnom de "grand-père du football sénégalais". Un bel hommage pour une légende que rien ne destinait à embrasser une telle carrière.
La première speakerine noire du PAF
À la télévision aujourd'hui, tout le monde a en tête Harry Roselmack, l'un des seuls journalistes noirs à présenter un journal d’information sur une grande chaîne nationale. Avant lui et la journaliste Audrey Pulvar, il y a eu Sylvette Cabrisseau. Cette dernière a été la première speakerine noire de la télévision française.

En 1969, alors tout juste âgée de 20 ans, l'Antillaise apparaît sur les écrans de la deuxième chaîne (France 2 aujourd'hui).

Tout juste recrutée, elle avait pour rôle d'annoncer les programmes. Suite à sa première apparition à l'antenne, l'ORTF a reçu plusieurs lettres indignées de téléspectateurs choqués de l'intrusion d'une "négresse" dans leurs salons ou leurs cuisines.

La carrière audiovisuelle de Sylvette Cabrisseau a été assez brève, puisqu'elle ne dura qu'un an. La chaîne n'aurait pas apprécié que la jeune femme pose dénudée pour le magazine de charme masculin Adam. Cette femme a été la première speakerine noire du PAF mais aussi le premier très gros scandale de la télévision publique dans les années 60. Elle a été renvoyée dès la période estivale.

La présentatrice a tourné par la suite dans l'émission de Jacques Martin Le voyage de Madame Berrichon, dans laquelle est incarnait aussi une speakerine. En 1971 elle a également écrit quelques romans policiers, puis tenté une carrière dans la musique avec deux titres: Tchou Tchou Ki et Je vis comme je vis. En juin 1977, c'est elle qui a présenté le Grand Music Hall d’Israël dans la salle de l'Olympia londonienne.

Aujourd'hui Sylvette Cabrisseau ne fait plus parler d'elle et vivrait à Londres. Mais elle a profondément marqué l'ORTF.
Le premier médecin noir en France
Wikimedia Commons
François Fournier de Pescay est un médecin d'origine haïtienne né à Bordeaux. Plus précisément, dans un bateau qui le conduisait de la colonie de Saint-Domingue à Bordeaux, en 1771. Ses parents, alors propriétaires d'une plantation à Saint-Domingue, avaient choisi de quitter la colonie française (de 1627 à 1804 et qui existe aujourd'hui de façon indépendance sous le nom de Haïti), pour venir s'installer en France.

A cette époque, il y avait très peu de personnes noires en France. Probablement pas plus d'un millier selon les estimations de Robert Fikes, professeur de l'université d'Etat de San Diego. Et encore, la plupart étaient esclaves ou esclaves affranchis.

Dans ce contexte difficile, le jeune François Fournier de Pescay parvient quand même à devenir chirurgien en 1792, alors qu'il était dans l'armée. Il contribue même à la fondation de la Société de médecine de Bruxelles, ville dans laquelle il s'installe en 1799. C'est dans ce pays qu'il se consacre pleinement à l'étude et à la pratique de la médecine.

Connu pour être le premier médecin et chirurgien noir français, François Fournier de Pescay revient en France en 1803. Il devient alors professeur-directeur de l'Ecole spéciale de médecine de Strasbourg. Connu en partie pour ses essais sur le tétanos, il décède le 8 juillet 1833 à Pau.

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