« C'est important d'avoir une certaine solidarité face, dans le reste du monde, à nos concurrents », affirme le vice-président principal, ressources humaines et affaires publiques, de Bombardier, John Paul McDonald, qui réagit au débat actuel à l'Assemblée nationale sur l'entente entre l'entreprise et le gouvernement du Québec.
En entrevue vendredi, après une rencontre avec le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, M. McDonald a rappelé que Boeing et Airbus, les concurrents de Bombardier dans le marché visé par sa C Series, faisaient tout pour désavantager le constructeur canadien face à ses clients potentiels.
« Quand il y a de la dissension, s'il y a des choses négatives écrites sur Bombardier ou s'il y a des échanges corsés à l'Assemblée nationale, par exemple, nos compétiteurs coupent tout ça et le présente à nos clients prospectifs, a soutenu M. McDonald. Ils disent : "Regardez, Bombardier, ça va mal, ils ne sont pas ici pour longtemps, pourquoi vous voudriez acheter un avion d'eux autres? Ils ne seront plus là!" Alors, ça ne nous aide pas. »
Legault plaide pour une nouvelle négociation
À l'occasion d'une rencontre qui a duré près de deux heures vendredi matin, François Legault a tenté de convaincre le PDG de Bombardier, Alain Bellemare, de renégocier l'entente Québec-Bombardier.
En impromptu de presse à la suite de cette rencontre, Le chef de la CAQ a expliqué qu'il avait réclamé en outre trois garanties de la part de Bombardier :
- le maintien du siège social de Bombardier au Québec;
- le maintien d'un plancher d'emplois au Québec, soit les 17 000 qui existent actuellement, dont 2000 rattachés à la C Series;
- la nécessité de trouver une solution pour les 1800 travailleurs qui ont perdu leur emploi chez Aveos, sous-traitant qui s'occupait de l'entretien des appareils.
En ce qui a trait à Aveos, François Legault dit comprendre « l'importance [pour Bombardier] d'aller chercher une commande de 45 appareils de la C Series chez Air Canada ».
Mais on ne peut pas, en échange, « sacrifier 1800 employés », plaide-t-il.
« Personne n'est naïf », affirme M. Legault, qui croit qu'Air Canada a acheté 45 avions de Bombardier parce que, entre autres raisons, « le gouvernement du Québec, M. Couillard, s'est engagé à laisser tomber la poursuite ». Cette poursuite, rappelons-le, avait été intentée en 2012 par Québec contre Air Canada après la faillite d'Aveos.
Québec avait poursuivi Air Canada en soutenant que le transporteur contrevenait alors à la loi constituante de 1988, qui autorisait sa privatisation, mais qui l'obligeait également à garder des centres d'entretien notamment à Winnipeg et dans la Communauté urbaine de Montréal. Le gouvernement de Philippe Couillard a annoncé qu'il renonçait à cette poursuite le 17 février dernier.
Le premier ministre Couillard a répété qu'un litige devant les tribunaux ne créait pas d'emplois. Aux yeux du premier ministre, il y a lieu d'abandonner la poursuite si le transporteur achète des appareils C Series de Bombardier et met sur pied un centre d'entretien lourd pour ses appareils au Québec.
« La seule façon de conserver les emplois de l'aéronautique à Montréal, de faire croître l'industrie aéronautique à Montréal, c'est de confirmer les commandes pour la Série C », avait soutenu Philippe Couillard.