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«Les sanguines»: Un premier roman pour Elsa Pépin (ENTREVUE)

«Les sanguines»: Un premier roman pour Elsa Pépin (ENTREVUE)
Julie Artacho

En 2014, elle avait touché un grand public avec son recueil de nouvelles Quand j'étais l'Amérique. En lice au prix France-Québec et lauréate du prix littéraire des enseignants AQPF-ANEL section Nouvelles, la grande amoureuse de littérature vient de lancer son tout premier roman, Les sanguines. L'aboutissement d'un long travail entamé en 2010 et d'une réflexion mûrie par des soupçons, parfois douloureux, de réalité.

Ensemble malgré tout

Pour Elsa Pépin, ce premier roman représente le fruit d'un long processus de création certes, mais aussi de nombreuses recherches et des lectures fascinantes. Le plongeon dans un univers qu'elle qualifie de «fiction totale» s'inspirant toutefois de quelques parcelles d'expérience et de moments difficiles vécus en famille.

«J'ai commencé à travailler sur ce roman en 2010, dit-elle. J'ai perdu quelqu'un de proche d'une leucémie, alors c'est sûr que cela m'a marqué et m'a beaucoup fait réfléchir, notamment sur la symbolique du sang. Comme c'est la maladie du sang, je me suis mise à lire sur son histoire. Je me suis intéressée à toutes sortes de choses comme sa symbolique, l'histoire de la médecine, l'histoire des transfusions sanguines… J'ai découvert un univers fascinant qui m'a fait voyager du début de l'humanité, aux Grecs pour qui le sang représentait l'âme, jusqu'au 17e siècle et ses découvertes médicales qui font qu'il est aujourd'hui possible, entre hommes, de se guérir.»

À la suite de ces lectures, l'auteure a imaginé une «fiction totale; l'histoire de deux sœurs qui seraient en tout opposées et éloignées et de l'une d'elles qui tombe malade, alors que seule sa sœur peut la sauver. Je me suis imaginé ce que cela pourrait provoquer, changer dans leur relation, créer comme tensions et faire surgir comme questions.»

Pour l'avoir vécu de près, elle se dit fascinée par la manière dont la maladie et la mort peuvent transformer, ou du moins exacerber, beaucoup de choses au niveau familial. Que ce soit des sentiments, des tensions qui seraient désormais impossible à cacher.

Par cette idée de greffe de la moelle osseuse offerte par un membre de la famille, c'est toute la thématique de la transfusion et de l'affiliation qu'elle trouvait intéressante. «C'est un peu aussi la thématique de tous ces sacrifiés de l'histoire, de ces gens qui ont été des cobayes en fin de compte, les premiers à vivre des transfusions. Dans mon roman, on retrouve trois chapitres historiques qui sont des morceaux d'histoires que j'ai imaginées autour de trois médecins faisant des découvertes sur l'histoire du sang. Il y a le point de vue du cobaye ayant subi une expérience ayant mené à de grandes découvertes. On retrouve toute la thématique du sacrifice et de la médecine, même si l'essentiel de l'intrigue reste la relation entre les deux sœurs.»

Que sa famille se rassure pourtant, l'auteur affirme que ses personnages sont purement fictifs. «Les gens de ma famille ne s'y retrouveront pas, même si, bien sûr, à travers toute cette construction romanesque, il y a un peu de moi et forcément un peu de tous les gens que je connais qui m'inspire, de loin. Je crois que pour ces personnes-là, il va sans doute s'agir d'une lecture bouleversante. Et pour tous les autres lecteurs, ce sera peut-être apaisant de lire cette histoire d'une expérience qui transforme et qui peut aussi faire ressortir de belles choses malgré la maladie.»

Un sujet inspirant

«Lorsque j'ai publié mon premier livre, j'ai été surprise par le nombre et la diversité des personnes qui m'avaient lue, explique Elsa Pépin. C'est ce qui est formidable avec la littérature, on ne sait jamais qui on va toucher. J'ose espérer que Les sanguines va aussi tomber sur toutes sortes de lecteurs, dont certains auront peut-être connu la maladie.»

L'auteure admet qu'écrire sur la maladie n'aura pas été facile, et que la thématique n'est pa des plus joyeuses pour les lecteurs. «Je me suis rendu compte que ce n'était pas un sujet évident. Ce livre m'a pris 5 ans à écrire, en prenant des pauses. Pendant tout le processus, lorsque j'expliquais que j'écrivais un livre qui traitait du cancer, la plupart des gens semblaient trouver cela déprimant. Mais en même temps, c'est une réalité que tellement de gens connaissent ou connaîtront un jour en étant touchés de près ou de loin. Personne n'y échappe. Alors je trouve que c'est un sujet fort et inspirant.»

L'écriture de ce premier roman fût, de son propre aveu, un long apprentissage sur le comment vivre avec des personnages sur une longue période de temps de façon à ce qu'ils restent cohérents. «Une nouvelle peut s'écrire en quelques semaines, j'ai écrit mon premier recueil en un an, explique-t-elle. Ce roman a connu de nombreuses - peut-être 7 ou 8 - versions presque achevées. Ce fut vraiment un exercice de patience.»

Des similitudes entre son premier recueil et son premier roman, il y en a assurément, à commencer par le thème si important de la famille. «Il y a aussi le personnage de Sarah qui ressemble au personnage de Quand j'étais l'Amérique: elle est solitaire et elle va mener un combat pour se libérer, comme si pour elle la liberté n'était pas quelque chose de donné d'avance. L'idée des cages qui nous enferment est encore là aussi, que ce soit celle de la famille ou celle d'un amour bancal. Ce qu'il y a de nouveau, c'est cette mise au monde d'une artiste à travers cette histoire-là. Par contre, c'est une autre forme de mise au monde. Sarah va aussi trouver sa place.»

Les sanguines d'Elsa Pépin est disponible en librairie aujourd'hui.

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