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L'affaire Jutra fait jaser à «Tout le monde en parle» (VIDÉO)

L'affaire Jutra fait jaser à «Tout le monde en parle» (VIDÉO)

Intéressant débat sur l’affaire Jutra à Tout le monde en parle, dimanche, alors que l’auteur de la controversée biographie du cinéaste décédé, Yves Lever, le comédien Marc Béland, l’ancienne comédienne devenue thérapeute, et amie de Claude Jutra, Louise Rinfret, le chroniqueur de La Presse, Yves Boisvert et Marc Labrèche ont débattu du livre qui fait tant jaser depuis une semaine, de la notion de consentement sexuel et de l’impact des gestes criminels de Claude Jutra sur son image posthume.

L’un des moments forts à retenir de l’entretien fut le mea-culpa de Marc Béland, qui s’est posément et sincèrement excusé de s’être emporté à l’émission 24/60 de RDI, mardi dernier. L’acteur, qui a longtemps joué dans Annie et ses hommes, un téléroman co-écrit par Bernard Dansereau - qui, apprenait-on samedi, a lui aussi été jadis victime d’attouchements de la part de Claude Jutra -, avait martelé la semaine dernière que les fréquentations de Jutra ne regardaient personne «jusqu’à temps qu’il y ait quelqu’un qui dénonce s’il a été abusé ou non.» «Il (Yves Lever) le compare à un homme malade, il suggère qu’il soit malade. C’est grotesque», avait aussi dit Béland.

À Tout le monde en parle, le comédien a pris un long moment pour préciser sa pensée, après avoir expliqué que Claude Jutra lui a enseigné à l’option théâtre du Collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse, à la fin des années 1970, dans la même cohorte d’étudiants que Normand Brathwaite et Markita Boies, entre autres. Marc Béland et Marc Labrèche louaient à l’époque des chambres chez leur professeur, avec qui ils avaient aussi monté un projet théâtral.

«Je voudrais revenir sur ces déclarations-là (…) (À 24/60), j’étais à chaud et je n’ai pas eu la bonne attitude. Je regrette de m’être emporté. Je m’excuse auprès de Monsieur Lever, des Éditions Boréal et de Michel Brûlé, pour avoir malencontreusement emprunté des termes qui étaient hors de ma pensée. (…) Tout à coup, je voyais sur papier des accusations très graves, sans preuve. Pour moi, c’était du jaunisme. J’ai eu cette phrase très grave, de dire qu’il n’y a pas de victime tant que personne n’a dénoncé. Je retire cette phrase. Je suis complètement désolé si j’ai pu heurter des gens qui sont aux prises (avec des agressions)… Parce que la difficulté des victimes, c’est de parler (…) C’est une phrase maladroite que j’ai dite sous le coup de la colère. J’aurais dû réfléchir, me calmer, attendre que le temps fasse son œuvre (… ) Je n’ai pas su le faire et je m’excuse très sincèrement.»

Lever questionné

Dès le début de l’entrevue menée par Guy A.Lepage, Yves Lever a été invité à expliquer les raisons qui l’ont poussé à faire éclater au grand jour la vérité sur Claude Jutra, vérité confirmée par les confidences d’une victime, Jean (nom fictif) dans La Presse+, mercredi dernier.

«Je n’ai pas voulu rendre ça public, a spécifié l’historien. Moi, ce que j’ai voulu faire, c’est une biographie complète de Claude Jutra (…) L’idée de la bio, c’est d’aller voir l’homme derrière le mythe.» Lever a mentionné que, rapidement, quand il a commencé ses recherches sur Jutra, on lui avait indiqué qu’il y avait un «tabou à briser», que plusieurs personnes savaient que Claude Jutra avait eu des relations pédophiles avec «quelques jeunes».

Plus tard dans la discussion, Yves Boisvert, comme il l’a fait dans une de ses récentes chroniques à La Presse+, a accusé Yves Lever de ne pas être allé au bout de son boulot en ne faisant qu’alléguer, en quatre pages, dans un chapitre de son livre portant sur les amours de Claude Jutra, que ce dernier était pédophile.

«Vous avez fait les choses à moitié, a blâmé Boisvert. Vous lâchez une bombe au milieu du livre (…), mais vous ne videz pas le sujet. On dirait que vous y êtes allé sur la pointe des pieds.»

«Ce que j’ai su de Jean, il n’était pas question que je nomme son nom, a répliqué Yves Lever. Si j’avais écrit ce qui a été écrit dans La Presse, on aurait dit que c’est du sensationnalisme, du jaunisme.»

Louise Rinfret, pour sa part, a affirmé avoir connu Claude Jutra de 1982 à son décès (en 1986) et jure ne pas avoir été au courant des penchants malsains du réalisateur. Elle a raconté avoir connu le copain de Jutra, un homme de Toronto «adorable». C’est par Yves Lever qu’elle a été mise en contact avec «Jean», qui a témoigné dans La Presse+, mercredi dernier, et qu’elle a su la vérité sur son défunt ami. «Si Claude avait été vivant quand je l’ai su, j’aurais appelé la police.» La dame n’a pas caché avoir trouvé que les événements se «bousculaient» cette semaine, lorsqu’on s’est hâté de changer le nom du Gala des Jutra et de toutes les rues et lieux au nom de Claude Jutra.

Guy A.Lepage a questionné à savoir si on avait plus de malaises devant un artiste pédophile que devant un prêtre ou un entraîneur de hockey, ce à quoi Rafaële Germain, invitée pour parler de la nouvelle émission radio-canadienne Info, sexe et mensonges a rétorqué que l’œuvre de Jutra est importante pour l’identité québécoise. Plusieurs ont maintenu que le malaise se situe surtout au niveau de la colonie artistique et non du grand public.

«Il y a tout un rapport au héros, aussi, a nuancé Marc Labrèche, qui a très peu parlé tout au long du débat. Mais j’espère que le fameux Jean commence à mesurer l’effet libérateur, en premier lieu, ce que je souhaite, même avant de parler de Claude Jutra.»

Guy A.Lepage a annoncé dimanche que l’équipe de Tout le monde en parle a reçu une lettre dudit Jean, cette victime anonyme de Claude Jutra qui a subi des assauts de celui-ci dès l’âge de 6 ans. Dans l’extrait lu par Guy A.Lepage, Jean explique avoir dénoncé pour briser le silence et a souhaité qu’on donne à Tout le monde en parle des pistes pour aider à déceler les traces de pédophilie.

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