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RVCQ : les collégiens posent leurs questions aux cinéastes

RVCQ : les collégiens posent leurs questions aux cinéastes
Les Films Séville

Chaque film québécois devrait être accompagné d’une causerie avec de jeunes cinéphiles lors de sa sortie en salles. On arriverait ainsi peut-être à donner un souffle de vie supplémentaire à notre septième art, à générer un engouement encore plus palpable autour de lui et à lui rendre la popularité qu’il mérite. Un peu, du moins.

Depuis cinq ans, le Prix collégial du cinéma québécois (PCCQ) offre l’opportunité aux cégépiens de partout au Québec de visionner cinq œuvres passées au grand écran dans l’année précédente et d’élire celle qui, selon leurs critères, mérite le titre de meilleur film de l’année.

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Avant les rues

RVCQ 2016: les films québécois inédits à ne pas manquer

Les finalistes du PCCQ sont dévoilés en janvier, le récipiendaire est annoncé à la mi-mars, à la veille de la Soirée des Jutra (dont le nom sera bientôt changé) et, entre les deux, les jeunes votants à la sympathique compétition sont invités à participer à une causerie avec les réalisateurs des longs-métrages en lice, dans le cadre des Rendez-Vous du cinéma québécois.

C’est l’occasion, pour les collégiens, d’interroger les créateurs sur leur démarche, leur vision, leurs intentions, et ainsi d’aller chercher quelques éléments de réponses pour nourrir leur réflexion et choisir un gagnant.

Chaque année, ce rassemblement, campé au Bistro SAQ de la Cinémathèque québécoise, obtient un vif succès. L’édition 2016 du 5 à 7 du Prix collégial du cinéma québécois, qui se tenait vendredi, n’a pas fait exception à la règle. Dans une salle bondée, où il ne restait aucune chaise libre, les nommés Philippe Falardeau, Sophie Deraspe, François Delisle, Mathieu Denis et Alexandre Laferrière ont échangé avec une assistance de spectateurs attentifs, qui ont soulevé des questions pertinentes, intéressantes et réfléchies, prouvant ainsi qu’ils avaient bel et bien regardé les films en nomination et les avaient étudiés. Si les résultats au box-office reflétaient toujours la passion qui se dégageait de cette table ronde animée par Marie-Louise Arseneault, le cinéma québécois battrait constamment des records d’audience. Voilà qui nous pousse à affirmer que ce genre d’événement ne peut qu’être bénéfique pour la culture d’ici, car on y remarque vite qu’il ne s’agit que d’un peu de proximité pour susciter l’intérêt.

Plusieurs sujets

Philippe Falardeau (Guibord s’en va-t-en guerre), Mathieu Denis (Corbo) et François Delisle (Chorus) ont été les cinéastes les plus sollicités lors de la rencontre de vendredi mais, les internautes ayant été conviés à poser leurs questions via le web, Sophie Deraspe (Le profil Amina) et Alexandre Laferrière (co-scénariste de Félix et Meira, qui remplaçait Maxime Giroux, retenu à la Berlinale) ont également pu prendre la parole.

Philippe Falardeau a raconté comment lui était apparue l’idée de Guibord s’en va-t-en guerre (un soir de fête arrosé avec André Turpin, de qui est venu l’idée originale), et comment Xavier Dolan s’est retrouvé en charge du montage de la bande-annonce («Il était disponible un mardi entre 2h et 4h», a blagué Falardeau). En cours de discussion, Philippe Falardeau a détaillé comment il lui avait été difficile de doser le propos sérieux et l’humour dans son dernier-né.

«La chose la plus difficile était de doser le comique et le contenu, pour que le contenu se transmette, tout en faisant rire jusqu’à la fin, a dépeint le «papa» de Guibord. (…) La comédie est un genre complexe, qui peut discréditer un peu le contenu (…)»

Dans Le profil Amina, qui emprunte autant aux codes du documentaire que de la fiction, Sophie Deraspe a filmé une relation amoureuse virtuelle entre une Canadienne et une militante syrienne, où s’entrechoquent trahison et révolution. Deraspe a témoigné du défi que représentait le fait de rendre à l’écran une romance ambiguë qui ne se déroulait, justement, que derrière deux écrans. «Tout s’était vécu en ligne, a-t-elle exposé. Des émotions fortes, un kidnapping, un rassemblement international de différentes personnes qui se mobilisaient pour une militante syrienne. Je devais trouver l’astuce pour raconter cette histoire, qui parlait tellement de notre époque, au niveau des médias, de l’intimité (…) Le grand thème de ce film, c’est le fantasme. J’ai approché le sujet sous cet angle. Le fantasme amoureux, celui de participer à une révolution, celui d’aider une personne kidnappée, torturée, violée et assassinée. Malgré toutes les bonnes et moins bonnes volontés derrière le personnage d’Amina, il y a un grand fantasme, l’envie de participer à quelque chose de grand.»

François Delisle a été prié d’expliquer sa décision de présenter son Chorus en noir et blanc, et d’indiquer à quel point un certain symbolisme se dégageait de sa dernière production. On a abordé la présence de la très rare Geneviève Bujold dans la distribution de cette fresque intimiste qui, aux dires de Delisle, n’est «pas une histoire vécue dans un périmètre personnel.» Ce dernier souhaitait traiter, dans Chorus, du thème de la perte, et ce n’est qu’ensuite que les notions du couple et de la réconciliation se sont imposées à lui.

Maxime Giroux et Alexandre Laferrière étaient dans un café du Mile-End et observaient les passantes juives hassidiques quand a germé en eux l’idée de Félix et Meira, cette relation amoureuse improbable entre une femme de cette communauté religieuse et un Québécois un peu éparpillé. Les deux scénaristes ont emprunté aux réelles coutumes des juifs hassidiques pour modeler leurs personnages et leurs intrigues, comme cette habitude de porter des jeans dès qu’on quitte la communauté, une pratique réelle, semble-t-il.

Enfin, le Corbo de Mathieu Denis a visiblement piqué la curiosité des jeunes adultes, qui lui ont adressé quantité de questions, vendredi. Pour broder son récit inspiré de l’histoire de l’ancien felquiste Jean Corbo, Denis a rencontré le frère de celui-ci, Claude Corbo. «Monsieur Corbo a hésité, a signalé Mathieu Denis. Il m’a dit qu’il ne sentait pas prêt à parler de ces événements-là, qu’ils étaient encore trop douloureux.» Claude Corbo ne s’est néanmoins pas objecté à ce que Mathieu Denis aille de l’avant avec son projet de film, parce qu’il estime que son frère est un «personnage historique».

Apprenez-en plus sur le concept du PCCQ en cliquant ici.

Les 34e Rendez-Vous du cinéma québécois se tiennent jusqu’au 27 février. Consultez le site web officiel pour toute la programmation.

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