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Ma maladie mentale: «J'ai été enfermé chez moi pendant trois mois» - Jonathan Roberge (VIDÉO)

La maladie mentale de Jonathan Roberge (VIDÉO)

Vivre avec la maladie mentale. Chercher à retrouver la santé. La trouver, la perdre. La retrouver. Tout ça sous le regard bienveillant (ou pas) de la famille, des amis... Et du public. Vivre avec une maladie mentale dans la sphère artistique, ça a quel genre d'impact? Est-ce possible de trouver et garder la santé malgré la pression ambiante? Pour le découvrir, nous avons eu envie de faire le point avec six artistes d'ici qui vivent ouvertement leur maladie. Avec humilité, franchise (et beaucoup d'humour), François Massicotte, Véronique Bannon, Stefie Shock, Florence K, Marie-Claude Savard et Jonathan Roberge se sont prêtés au jeu de la série Ma maladie mentale. Tour d'horizon.

Jonathan Roberge a créé une véritable onde de choc en publiant le texte Tomber dans le rack à pastilles sur Urbania en septembre 2014. Celui qui s'est fait connaître grâce à la très virile (!) émission Contrat d'gars avec Alexandre Champagne (oui oui, le gars de Trois fois par jour) et à son hilarante série web Fiston - un testament par vidéo qui a été suivi par Papa - peut donner l'impression de n'avoir jamais vu l'ombre d'un nuage dans sa vie.

Pourtant, l'humoriste a dû faire face à son anxiété lorsqu'il s'est écroulé sur le plancher d'un dépanneur en se rendant à un énième spectacle il y a quelques années.«J'ai commencé à me sentir déconnecté. J'étais étourdi... Je me suis dit que je digérais peut-être mal. J'ai arrêté pour m'acheter du Perrier. Je me promenais dans les allées du dépanneur et j'ai paniqué: je ne savais plus où j'étais. Je me suis dit: "Mon Dieu, je suis bien confus!" Quand j'ai déposé le Perrier à la caisse, j'ai ressenti une grande montée de chaleur. J'étais convaincu que je faisais une crise cardiaque. Le petit monsieur du dépanneur capotait! (Rires) J'ai texté Alexandre Champagne, qui s'est précipité à l'hôpital.»

Sur place, Roberge s'est fait dire qu'il n'avait rien. Absolument rien. Pas de crise cardiaque, pas de malformation quelconque ou de maladie mystérieuse. La raison de ses maux? Dépression et trouble panique chronique. «Les gens ne savent pas que ça fait mal physiquement. J'avais une barre dans la poitrine, des étourdissements...» Moment fort et troublant, que l'artiste s'explique aujourd'hui plus rationnellement: «J'étais dans une période difficile: je venais de m'engueuler avec ma copine de l'époque, je faisais beaucoup de spectacles, j'avais beaucoup de stress...»

Après quelques récidives - et visites infructueuses à l'hôpital - l'humoriste a dû faire face à la réalité... «J'ai été enfermé chez moi pendant trois mois, à avoir peur de tout. Je ne voulais pas devenir l'histoire qu'on raconte, LE gars qui est devenu fou... J'ai fait beaucoup de recherches, pour savoir comment aller mieux: prise en charge, changement de l'hygiène de vie, yoga, méditation, thérapie cognitivo-comportementale, boire moins, faire attention à la caféine... J'ai changé ma vie du tout au tout. Ma psy a même réussi à me convaincre de prendre une petite dose d'antidépresseur pour arrêter les crises de panique.» Depuis, l'artiste a retrouvé la santé et la joie de vivre.

Transformer la peur en aide

On aurait pu comprendre que Roberge se referme sur lui-même après avoir vécu des moments si confrontants. Que nenni: l'humoriste a plutôt eu tendance à se tourner vers les autres en devenant porte-parole des Centres de crise du Québec avec l'humoriste P-A Méthot. Ironique n'est-ce pas? Comme quoi la souffrance peut se trouver partout, même derrière le rire et les lumières des projecteurs. L'organisme, diversifié, peut être vu comme un oasis, un endroit où se rendre quand tout fout le camp: maladie mentale, idées suicidaires, violence conjugale, alcoolisme... Bref, les centres existent pour toute personne en situation de crise.

«La maladie mentale, ça peut toucher n'importe qui, n'importe quand. Surtout quand on essaie d'être trop fort tout le temps. Je ne souhaite ça à personne.» Un problème répandu, que l'humoriste a particulièrement remarqué sur la scène artistique: «Pas que c'est moins pire dans d'autres milieux! Mais les artistes sont des gens créatifs, toujours en train de réfléchir, dans l'insécurité. L'angoisse est là: pour les contrats, pour payer le loyer...» Et bon, tout un défi aussi de vivre avec les commentaires du public. Souvent positifs, parfois malheureusement durs.

Depuis qu'il a parlé publiquement de ses problèmes de santé mentale, Roberge reçoit plusieurs courriels par semaine de gens en détresse: «Il y en a qui sont enfermés depuis un an... Et l'entourage ne comprend pas toujours... Il y a un gros stress de performance, d'être beau, d'être belle. La maladie mentale, c'est un vase qui se remplit et qui déborde. Il faut juste faire attention pour ne pas que ça arrive.» Une pression difficile à gérer au quotidien, qui peut vite prendre toute la place si on ne fait pas attention. «Les fans de Contrat d'gars seraient bien surpris d'apprendre que Jon boit sa petite tisane chez lui à 9h le soir, après un cours de yoga. Rien de plus mâle que de prendre ses responsabilités!» s'exclame l'artiste en éclatant de rire.

Ma maladie mentale: une série à suivre sur Le Huffington Post Québec.

Êtes-vous dans une situation de crise? Besoin d'aide? Si vous êtes au Canada, trouvez des références web et des lignes téléphoniques ouvertes 24h par jour dans votre province en cliquant sur ce lien.

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