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Prostitution : le gouvernement Trudeau consulte les travailleuses du sexe

Ottawa en discussion avec les travailleuses du sexe

La loi C-36 sur la prostitution du gouvernement Harper pourrait faire l’objet d’une révision. Déjà, la ministre fédérale de la Justice a entamé des consultations avec les travailleuses du sexe, une décision saluée par les principales concernées, mais décriée par d’autres.

Marylie Savoie a remarqué une baisse de sa clientèle la plus « respectueuse » depuis l’entrée en vigueur de C-36. Les pères de famille ou les clients plus âgés n’osent plus faire appel à ses services, de peur de finir derrière les barreaux.

"Des clients moins respectueux, des clients qui demandent des pratiques à risque, des clients qui dépassent les limites…" - Marylie Savoie

La loi des conservateurs criminalise l’achat de services sexuels, mais interdit aussi d’en faire la publicité. Si les clients et les proxénètes sont pénalisés, les prostituées subissent les revers de leur travail qui s’enfonce dans la clandestinité.

Les bons clients se contentent d’aller aux danseuses ou chez une masseuse, alors que Marylie se voit obligée d’accepter une nouvelle clientèle plus risquée pour boucler ses fins de mois.

« Des clients moins respectueux, des clients qui demandent des pratiques à risque, des clients qui dépassent les limites… des clients, en fait, qui n’ont pas vraiment peur de la loi », énumère la porte-parole du groupe Action putes et alliées du Québec.

La ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, a « pris l’engagement d’examiner le caractère adéquat de la réponse » à C-36 par rapport à « tous les points » soulevés dans la décision Bedford, a-t-elle écrit dans un courriel envoyé au Huffington Post Québec.

La ministre de la Justice pourrait réviser la loi du gouvernement conservateur. (Photo : PC)

« Notre gouvernement est déterminé à suivre de près l’incidence de ces récentes réformes et, dans le cadre de la réalisation de cet examen, nous mobiliserons les personnes les plus touchées par cette nouvelle loi, y compris les travailleurs de l’industrie du sexe. »

Maria Mourani, ancienne députée d’Ahuntsic et criminologue, ne comprend pas ce que la nouvelle ministre veut réformer dans la loi sur la prostitution. Elle craint que les libéraux décriminalisent les clients, qui sont les premiers responsables de l’industrie.

"Le problème, ce n’est pas le client. Le problème, c’est quand il y a de la violence" - Jenn Clamen

« S’ils veulent bonifier la loi pour l’améliorer, c’est une chose. Mais s’ils veulent la dénaturer et enlever cette particularité-là, quant à moi, c’est faire le jeu des proxénètes et faire le jeu des trafiquants », déplore la candidate du NPD aux dernières élections fédérales.

Prétendre que les clients sont à la source du problème « n’a pas de sens », critique Jenn Clamen, porte-parole de Chez Stella. Le plus vieux métier du monde sera toujours présent et il est irréaliste de prétendre que la criminalisation marquera la fin de la prostitution, dit-elle.

« Quand il y a des lois qui criminalisent les clients, il y a toujours un impact sur les travailleuses du sexe. Le problème, ce n’est pas le client. Le problème, c’est quand il y a de la violence », nuance-t-elle.

Demandes de l'industrie du sexe

•Règlementation de la prostitution

•Décriminalisation des clients

•Criminalisation des agresseurs

•Lutte à l’exploitation sexuelle

•Ligne de dénonciation 24/7

Les groupes de défense des travailleuses du sexe espèrent que les consultations en cours – avec des organisations qui ne souhaitent pas être nommées – aboutiront à une nouvelle loi qui tiendra en compte leurs doléances.

« Le plus tôt sera le mieux! On a vu beaucoup d’effets négatifs alors que la loi C-36 est entrée en vigueur il y a un an », rappelle Marylie Savoie, d’Action putes et alliées du Québec.

Jenn Clamen, de Chez Stella, est d’avis que la législation héritée des conservateurs est non seulement « idéologique », mais déconnectée de la réalité des travailleuses du sexe.

« Ils pensent aussi que l’avortement n’est pas une bonne chose. Ils pensent aussi que les drogues, c’est mal, se moque-t-elle. Mais ce n’est juste pas réaliste d’assumer que les drogues vont disparaître demain ou que l’industrie du sexe ne va plus exister. »

Le Parti conservateur du Canada n’a pas encore répondu à nos demandes de commentaires.

Publicité explicite interdite

Marylie, qui pratique le plus vieux métier du monde depuis 2013, explique que les travailleuses du sexe doivent user d’imagination pour vendre leurs services. Il est maintenant interdit de s’annoncer comme escorte ou d’utiliser des termes explicites.

Quand un homme apprend que la « rencontre » promise n’est pas gratuite, les réactions négatives ne se font pas attendre.

« Je mets mon numéro de téléphone dans mes annonces, explique Marylie Savoie. Je me suis fait insulter. J’ai reçu des textos d’insultes, alors qu’avant, mes intentions étaient claires. Je pouvais tout mettre directement dans l’annonce. »

- Avec les informations de Daphnée Hacker-B.

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