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Mission humanitaire : le Canada pourrait finir par aider les combattants de l'État islamique, admet la ministre Bibeau

Le Canada pourrait finir par aider l'ÉI, admet la ministre

OTTAWA – L’aide gouvernementale du Canada pourrait servir à donner de la nourriture et des soins de santé aux combattants de l’État islamique, a reconnu la ministre du Développement international.

Marie-Claude Bibeau a tenu ces propos lors d’une entrevue avec le Huffington Post Canada à l’émission de radio Everything Is Political cette semaine.

« Médecins sans frontières ou la Croix-Rouge vont utiliser cet argent selon leurs propres règles, a affirmé la ministre. Ils donneront des services à quiconque a besoin d’aide. De toute évidence, nous n’allons pas être impliqués aussitôt que nous aurons donné cet argent à l’organisation. Ils donneront de la nourriture et des services aux gens dans le besoin, peu importe où ils ont décidé d’aller. »

Même s’il s’agit d’un combattant ennemi?

« Oui », a répondu la ministre.

La ministre Marie-Claude Bibeau parle aux médias lors d'une conférence de presse pour annoncer le plan de lutte contre l'État islamique. (Photo: Matthew Usherwood/Presse Canadienne)

Lors de la conférence de presse lundi qui a annoncé la nouvelle mission contre l’État islamique et davantage d’aide humanitaire dans la région, Bibeau a expliqué que le Canada « respecte les principes de neutralité, d’impartialité, d’humanité et d’indépendance » qui sont nécessaires dans ces situations.

Elle a poursuivi en disant que ces organisations doivent pouvoir travailler de façon « indépendante » et qu’elles ne doivent pas être reliées à l’action militaire du Canada. C’est une question de sécurité pour les travailleurs humanitaires, a-t-elle dit.

Le porte-parole conservateur en matière de défense, James Bezan, croit que l’argent du Canada ne devrait en aucun cas aider les combattants de l’État islamique.

« Nous faisons face à l’une des organisations terroristes les plus atroces que nous n’avons jamais eue sur cette Terre, et de penser que des dollars canadiens pourraient soutenir directement ou indirectement un terroriste jihadiste est inadmissible – le gouvernement devrait revoir sa position immédiatement », a-t-il répondu en entrevue.

Le secrétaire parlementaire du ministre de la Défense, John McKay, pense qu’un « argument académique » est à la base de tout ce débat.

« Ce n’est pas comme si tout le monde se promenait avec un t-shirt sur lequel il est écrit ‘Je suis un terroriste’. Je suis d’accord avec James [Bezan] sur le principe. Oui, c’est inadmissible, mais il est difficile de savoir quel est le passé de quelqu’un quand on donne de l’eau, une sandwich ou que l’on tend une couverture. Est-ce qu’il faut interviewer chaque personne qui reçoit de l’aide? »

Les organismes humanitaires qui travaillent dans des conditions dangereuses en Syrie disent que l’aide devrait être donnée d’une façon neutre et sans discrimination.

Stephen Cornish, directeur exécutif de Médecins sans frontières, précise que son groupe n’accepte aucun financement gouvernemental dans des zones de conflits violents pour des raisons de neutralité et d’impartialité.

Ces principes sont inclus dans les conventions internationales depuis la Convention de Genève en 1864, rappelle Cornish, pour venir en aide aux soldats blessés à la guerre.

Un ingénieur d'Oxfam Intermón parle à deux réfugiées dans un camp à Chekka, dans le nord du Liban. (Photo: Pablo Tosco/Oxfam)

« Il est impératif que nous soyons impartiaux et neutres, dit-il. Sinon, il est souvent impossible d’apporter de l’aide dans une zone de conflit. »

Ann Witteveen, porte-parole chez Oxfam, est du même avis. Son organisme travaille avec plusieurs organisations locales à Alep et à Damas pour offrir de l’eau potable et des services d’assainissement.

« Nous regardons où il y a de l’eau, géographiquement, et où il n’y en a pas et nous nous assurons qu’elle est disponible pour les habitants. Nous ne portons pas attention où ils se situent dans le conflit », explique-t-elle.

« Des êtres humains sont des êtres humains, et s’ils ont besoin d’eau, nous leur en fournirons. »

Cet article initialement publié sur le Huffington Post Canada a été traduit de l’anglais par Catherine Lévesque.

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