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«Habiter les terres» au Théâtre Aux Écuries: Et si on plantait un ministre dans un champ de navets? (PHOTOS)

Et si on plantait un ministre dans un champ de navets? (PHOTOS)
Eugène Holtz

Une pièce aux airs de message social se prépare au Théâtre Aux Écuries: Habiter les terres. Présentée du 9 au 27 février, la proposition de Marcelle Dubois s'annonce marquante. Inspirée par son Abitibi natale, l'auteure s'est donné la mission d'aller interviewer des habitants de sa région. Question de tâter le pouls. Les revendications. L'insatisfaction aussi. Entrevue avec Jacques Laroche, le metteur en scène.

L'histoire? Dans un village du Nord, des habitants décident de kidnapper le ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’occupation du territoire. Le but? Le planter dans un champ de navets, question de le forcer à écouter leurs doléances. Un moyen comme un autre, n'est-ce pas?

Qu'est-ce qui a donné envie à Jacques Laroche de plonger dans l'aventure? «C'est durant l'écriture de la pièce! Marcelle travaillait au CEAD sur un embryon de pièce et elle m'a appelé pour faire un atelier. Elle avait, disons, 20-30 pages. Et les personnages étaient en place. Comme elle avait une grosse recherche, presque anthropologique et même journalistique, elle avait de la difficulté à trouver le ton. Je l'ai guidé un peu. C'est une fille de théâtre hein! Je lui ai dit de laisser l'information aux journalistes et de faire son travail de poète. Ça l'a inspirée! Elle est plongée dans la fantaisie, le mystérieux. Ça lui a permis de flyer un peu... Et elle m'a demandé de rester comme metteur en scène.»

Mettre en scène Habiter les terres n'est pas un mince défi: le texte pullule de voix, d'opinions. «Marcelle a inclus le choeur des habitants comme un personnage. J'ai trouvé l'idée super intéressante. Il est constitué de personnages autonomes. Chacun a une façon de recevoir et vivre une situation. Même s'ils parlent tous d'une même voix. Je trouve ça très riche. Nos moyens ne nous ont pas permis d'avoir un choeur très nombreux... Avec 6 personnes, ça donne quand même une belle puissance. Mais avoir eu 50 personnes...» s'exclame Laroche en riant.

«Habiter les terres» au Théâtre Aux Écuries

Souligner le manque de vision

La dévitalisation des régions, est-ce un sujet qui touche particulièrement le metteur en scène? «Je viens de Québec, un pôle culturel. Donc non, je n'ai pas grandi en région. Mais ça me touche oui: je suis le directeur artistique du Théâtre de La Petite Marée en Gaspésie. Il y a 20 ans, je pouvais faire un aller-retour Montréal-Gaspésie pour 90 dollars. Aujourd'hui, ça me coûte 700 dollars. Au nombre de condos qui sont inhabités à Montréal, j'ai parfois l'impression que le but c'est que tout le monde habite à Montréal! (Rires) Mais sérieusement, il y a un cruel manque de vision à long terme. On va toujours avoir besoin de manger, et c'est ridicule qu'il n'y ait qu'un seul modèle d'agriculture permis.»

Comment Laroche croit-il que le propos d'Habiter les terres sera reçu à Montréal? «D'après moi, super bien. Ce sont de bons acteurs, de la belle musique, le décor est vraiment beau... Mais ce n'est pas qu'un divertissement: les messages vont passer. D'après moi, ça va discuter ferme après les représentations! Et il ne faut pas oublier que 40% des gens qui habitent Montréal viennent des régions. J'ai hâte de voir la réaction!»

Habiter les terres, du 9 au 27 février 2016 au Théâtre Aux Écuries. Pour plus d'informations, c'est ici.

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