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«Drôle de vie» de Michel Barrette: Michel, c'est Michel (PHOTOS)

en 11 spectacles et en 33 ans de carrière, notre as conteur a bien établi son angle, sa méthode.
Pamela Lajeunesse

Lors du dévoilement de la deuxième saison des Jeunes loups de TVA, au début janvier, d’aucuns ont eu la réflexion suivante pour décrire les images nouvellement fignolées par Réjean Tremblay : «Réjean, c’est Réjean».

On pourrait emprunter la même phrase pour décrire Michel Barrette. «Michel, c’est Michel». Car, en 11 spectacles et en 33 ans de carrière, notre as conteur a bien établi son angle, sa méthode : celle de raconter des tranches de vie, en se fiant sur sa seule verve, son seul charisme, son seul talent pour faire de la moindre anecdote une intrigue rocambolesque et amusante.

C’est la marque de commerce de Michel Barrette, qui porte aussi Drôle de vie, son récent one man show, présenté en première montréalaise, au Gesù, mardi. Or, la classe et la sensibilité de ce gentleman de l’humour n’a rien à voir avec les gros sabots des Jeunes loups, même si sa Drôle de vie n’est pas toujours à se rouler par terre.

Même si la recette ne réinvente rien et a été apprêtée à maintes sauces chez plusieurs de nos comiques – Jean-Marc Parent, Philippe Laprise, Philippe Bond, alouette – elle attire toujours les Québécois : à preuve, plusieurs dates de la tournée Drôle de vie affichent déjà complet. Et Michel Barrette, qui sera honoré au gala-hommage du prochain Festival Juste pour rire, en juillet, est certainement l’un des précurseurs du genre.

«Drôle de vie» de Michel Barrette

Powerball et Old Orchard

De fait, devant Barrette (Michel, pas Alexandre, qui, drôle de hasard, effectuait aussi sa «grande rentrée» la semaine dernière), le public s’ennuie rarement. Il suffit de n’avoir gravité que quelques secondes dans son entourage pour le savoir : à la seule question «Comment ça va?», Michel Barrette peut aisément offrir une réponse de 10 minutes. Et c’est toujours divertissant.

Pourquoi, donc, changer un fondement gagnant? C’est ainsi que se passe la Drôle de vie de 90 minutes de l’humoriste-acteur-animateur-homme d’affaires- et quoi encore : Michel Barrette, chemise rouge au dos, une seule chaise berçante comme accessoire – il prend d’ailleurs un long détour pour expliquer le pourquoi du comment de la présence de ladite chaise derrière lui - qui, plus souvent qu’autrement, défile énergiquement d’un côté à l’autre de son grand espace en revenant sur ses souvenirs et en saupoudrant ça et là quelques observations de son cru sur le monde d’aujourd’hui.

On prendrait d’ailleurs plus de ces moments où il s’inspire de l’actualité récente que d’épisodes de sa jeunesse et de ses périples de jadis à Old Orchard, qui, bien qu’intéressants, dénotent un air de déjà-entendu.

Notre homme se perd moins en improvisations que Jean-Marc Parent ne peut le faire, s’en tenant essentiellement à la mise en scène de Pierre-François Legendre, même s’il rebondit souvent sur les réponses du parterre lorsqu’il pose des questions.

Mardi, l’assistance qui emplissait le Gesù était relativement âgée et se délectait visiblement des délires terre-à-terre de Michel Barrette. Les fous rires étaient fréquents et sentis. Mais il y avait aussi quelques adolescents, dont un garçon de 16 ans… qui n’avait aucune idée de qui pouvait être Hi! Ha! Tremblay. Comme quoi les temps changent!

Michel Barrette ronge plusieurs os dans Drôle de vie, à commencer par le Powerball, cette loterie au gros lot de deux milliards, qui a fait courir les foules en début d’année («Juste le chèque, paraît qu’il pesait 23 lbs»), et le décès de René Angélil (qu’il ne fait toutefois qu’effleurer gentiment).

Lui qui a engendré «quatre garçons de huit femmes différentes» est bien placé pour discourir sur l’ingratitude de l’adolescence. «Un ado, c’est comme un meuble IKEA que t’as construit pas de plan». «Ça grandit pas égal», remarque-t-il aussi. L’un des meilleurs segments de Drôle de vie est lorsqu’il relate avoir osé préparer le dîner de son fils de 10 ans. Parti avec des croustilles au vinaigre, un sandwich au beurre d’arachides et de la root beer dans sa boîte à lunch à l’effigie d’Angry Birds, le petit Jonathan a suscité la panique dans son école et a failli se retrouver en entrevue à Denis Lévesque. Papa Michel a ainsi réalisé que c’est maintenant très dangereux d’être un enfant, en 2016.

Michel Barrette conclut son long monologue par une «ode» (il faut le dire vite) à son vieillissement et à sa «retraite» imminente (il figurera bientôt sur la page frontispice du Bel âge!), en analysant sa sexualité, qui évolue au même rythme que celle de son épouse, 20 ans plus jeune que lui.

Évidemment, tout n’est pas neuf. Demander aux spectateurs d’applaudir selon leur tranche d’âge, Michel Barrette le fait dans Drôle de vie, comme c’était le cas dans son dernier spectacle, Faut j’te raconte, en 2012. Certains thèmes se recoupent également d’une prestation à l’autre.

Mais tout le cœur et la sincérité qu’investit Michel Barrette dans son art le rendent automatiquement attachant. Il y a fort à parier que, peu importe ce qu’il nous racontera, ses admirateurs le suivront pendant encore «25 ans, minimum»…

Pour connaître toutes les dates de la tournée Drôle de vie de Michel Barrette, consultez le www.michelbarrette.ca.

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