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Ce que le New Hampshire nous dit déjà de la présidentielle de 2016

Ce que le New Hampshire nous dit déjà de la présidentielle de 2016

Pour la plupart des Américains, le Super Bowl est un jour de repos. Pour les candidats à l'élection présidentielle et pour les électeurs du New Hampshire, il s'agissait plutôt de la préparation à la célèbre primaire de cet Etat.

Elm Street, l'avenue principale de Manchester, petite ville post-industrielle qui longe la rivière Merrimack, était bondée dimanche: candidats, camions des services secrets, substituts, officiers traitants, journalistes et bénévoles bardés de panneaux. Tout le monde savait déjà au moins une chose à propos des résultats du vote de ce mardi: quel que soit le gagnant, ce sera une immense surprise.

40% des électeurs du New Hampshire ont déclaré qu'ils ne s'étaient pas encore décidé ce week-end. Par ailleurs, ils savent très bien que l'image de marque de leur Etat et celle de la primaire dépendent de leur capacité à agir de manière inattendue.

C'est ce qu'il font toujours. Et c'est ce qu'ils feront.

Mais même avant mardi soir, nous avons appris beaucoup d'autres choses importantes grâce au New Hampshire. Avant même que les votes soient clos, nous pouvons en tirer des conséquences.

Voici neuf points-clés sur la course à l'investiture, les candidats et le pays. Certaines conséquences de cette primaire sont déjà connues. Les voici:

• HILLARY VA DEVOIR RECOURIR AUX SUPER-DÉLÉGUÉS.

Le camp Clinton abreuve le New Hampshire d'élus du parti, de dirigeants et autres "substituts", même plus qu'il ne l'a fait en Iowa. Ils ont pris d'assaut l'Etat comme jamais auparavant. "Ils sont partout", a assuré Jackie Cilley, l'un des rares élus démocrates de l'Etat à soutenir Sanders. "Je viens de voir le sénateur Corey Booker !" Ce déplacement est le symbole de la stratégie de Clinton pour survivre dans ce qui s'annonce être une interminable bataille avec Sanders, qui a de bons financements. Clinton comptera – enfin plutôt, DEVRA certainement compter – sur des centaines de super-délégués, c'est-à-dire des leaders du parti. Elle avait été tentée de le faire en 2008, quand elle avait perdu de peu face à Barack Obama, alors sénateur. Contester le choix du premier candidat noir-américain d'un grand parti aurait été une erreur tactique. Cette fois, elle n'aura aucun scrupule à le faire.

• LES ÉLECTEURS SONT MOBILISÉS CETTE ANNÉE.

La participation était élevée en Iowa et s'annonce encore plus élevée dans le New Hampshire. Les élus de l'Etat en sont bien conscients et savent à qui s'adresser. Le schéma tend à se répéter tout au long de l'année – et cela vient contredire l'idée que les électeurs sont tellement cyniques et dégoûtés des hommes politiques et du gouvernement qu'ils ne se mobiliseront pas en 2016. Ce n'est pas vrai. Qu'on les aime ou qu'on les déteste, leurs deux motivations principales sont les outsiders, Donald Trump et Bernie Sanders, qui, petit à petit, recueillent un grand nombre de nouveaux électeurs.

• UN GOUFFRE IDÉOLOGIQUE.

Entre le démocrate socialiste (Sanders), à gauche, le clérical et pro-constitution (Ted Cruz), à droite et le colosse autoritaire et menaçant venu de la télé-réalité (vous savez qui) – tous très bien soutenus financièrement et prêts pour la longue bataille – on s'apprête à assister à la course qui rassemblera les points de vue idéologiques les plus variés de l'ère politique moderne. "Je fais de la politique depuis Jack Kennedy et je n'ai jamais vu un tel éventail d'idéologies", a déclaré le sénateur Lou D’Allesandro. "On va de Bernie à Cruz et tout le reste de la droite. Où est le centre?"

• LE MONDE DES TECHNOLOGIES NOUS OFFRE UN ROBOT-RUBIO.

La performance désastreuse du sénateur de Floride lors du débat de samedi soir sur la chaîne ABC ne réduit peut-être pas ses chances à néant, mais entache l'image du robot pré-programmé sur la carte mère de sa campagne. Ce qu'il fera pour changer ça, si jamais il PEUT faire quelque chose, nous dira s'il est capable de tenir la course en tant que chouchou de l'establishment républicain de Washington – ou du moins ce qu'il en reste.

• BUSH FUIT, POURSUIVI PAR UN OURS.

Cette célèbre didascalie du "Conte d'hiver" de Shakespeare s'applique à la famille Bush, excepté le fait qu'ils chassent EUX-MÊMES leur nom d'ordinaire apprécié en Nouvelle-Angleterre, et même en Amérique. Plutôt que de se vendre, lui et sa famille – ce serait mal vu dans cette année "anti-tout" – "Jeb !" est désormais plus connu dans le New Hampshire (et, s'il reste dans la course, dans toute l'Amérique) comme l'homme prêt à attaquer tout autre candidat sur tout et n'importe quoi. "Je ne comprends pas", a déclaré John Sununu, ancien sénateur du New Hampshire et conseiller de John Kasich, rival de Bush. "Une nouvelle génération arrive, non ?"

• ETRE L'HOMME AUX CANNELLONIS N'ASSURE PAS LA VICTOIRE.

Le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, ou Peter Clemenza, a étranglé Marco Rubio pendant le débat sur ABC. L'irascible gouverneur semble ne pas porter le fringant sénateur de Floride dans son cœur. Mais malgré le soutien enthousiaste du journal Union Leader, Christie, encore plus que Bush, symbolise l'idée que la négativité ne mène pas au succès, surtout lors d'une année où les électeurs ont une vision de l'avenir particulièrement sombre.

• TRUMP APPREND.

Il ne gagnera peut-être pas, il ne durera peut-être pas jusqu'à la fin, mais Donald Trump a beaucoup appris dans un laps de temps relativement court. Il est et sera toujours tenté de céder à la colère, aux sorties racistes, à la rancœur ou même les trois à la fois –comme tous les mégalomanes– mais il a montré, en réagissant calmement dans l'Iowa et en revoyant ses attentes à la baisse dans le New Hampshire, qu'il peut calmer le jeu.

• BERNIE A UN PROBLEME DE BONNET DE SKI ORANGE.

Dans l'Iowa, en 2004, Howard Dean, alors sénateur, était le Bernie Sanders de l'époque, à savoir un outsider réformiste qui dénonçait l'influence de l'argent en politique. Comme Sanders, il avait rassemblé beaucoup de jeunes de toute l'Amérique. On leur avait tous donné un bonnet de ski orange affublé du slogan "Dean président" et ils s'étaient répartis dans tout l'Etat pour frapper aux portes des habitants et finalement, les effrayer. La campagne de Dean n'avait pas pu contrôler le débordement d'énergie ni les tactiques de sa marmaille. Il en va parfois de même pour Bernie, apprend-on – le terme "Bernies Bros" étant le dernier exemple en date qui montre que le sénateur de 74 ans doit faire avec ce qu'il a.

• ETRE VIEUX N'EMPECHE PAS DE GAGNER.

Trump a 69 ans, Bernie, 74 ans, Hollary, 68 ans. Pour une raison que j'ignore, le mantra "nouvelle génération" – qui marche toujours en politique américaine – ne prend pas. La bande-son du spot de campagne le plus populaire est une chanson de Simon & Garfunkel. Il semble donc que les baby-boomers ont une dernière chance de sauver l'Amérique, ou de lui nuire encore plus que ce qu'ils n'ont déjà fait en tant que Génération la plus avide.

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