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Comment Bernie Sanders, 74 ans, est devenu le candidat démocrate préféré des jeunes connectés

Comment Bernie Sanders, 74 ans, est devenu le candidat démocrate préféré des jeunes connectés

Alors qu'Hillary Clinton est depuis des mois donnée grande favorite de la primaire démocrate, un candidat, jusque-là quasiment inconnu, n'en finit pas de monter dans les sondages, notamment grâce au vote jeune et à une mobilisation incroyable sur Internet.

Ce scénario pourrait décrire à la fois la campagne victorieuse de Barack Obama en 2008 et celle de Bernie Sanders, 74 ans. Ce sénateur du Vermont, "démocrate socialiste" et fier de l'être, a fait sensation le 1er février en arrivant quasiment à égalité avec Hillary Clinton pour le premier caucus de la primaire, dans l'Iowa. Pour l'élection du New Hampshire, mardi 9 février, Bernie Sanders a même 15 points d'avance dans les sondages sur sa principale rivale.

Sur l'ensemble du pays, l'outsider est à l'inverse 15 points derrière l'ex-première dame. Mais chaque point que Clinton perd depuis le début de l'année dans les sondages est gagné par Bernie Sanders. Et chez les jeunes, c'est encore plus flagrant. Dans l'Iowa, le sénateur a obtenu 84% des votes des moins de 30 ans, contre 14% pour Hillary Clinton.

Et concernant l'autre nerf de la guerre, l'argent, Sanders n'est pas à plaindre non plus. Il a levé plus de fonds qu'Hillary Clinton en janvier. Pourtant, ceux de Sanders sont modestes: 80% des donateurs ont offert 200 dollars ou moins, contre 20% des contributeurs de sa concurrente.

Le roi des réseaux sociaux

Mais comment un sénateur du Vermont de 74 ans, qui se dit socialiste dans un pays où le maccarthysme a laissé sa marque, réussit-il ce tour de force? Comme pour Obama en 2008, l'une des clés du succès vient d'Internet. Sanders est évidemment présent sur Facebook, Twitter, Instagram ou encore Snapchat. Mais comme n'importe quel candidat en 2016. Il n'a d'ailleurs pas beaucoup plus de fans, voire moins de "followers" que Clinton. Ses soutiens sont certes les premiers à inonder Tinder de "Feel the Bern", un slogan de campagne non-officiel, né sur Internet.

Mais surtout, c'est bien lui qui a toute l'attention des internautes américains. Lors du débat entre candidats démocrates en octobre, il fut clairement le candidat le plus évoqué sur Facebook et Twitter, selon le Wall Street Journal. Il aurait même été mentionné plus de fois que tous les autres candidats réunis, selon la société Brandwatch, qui analyse le trafic sur les réseaux sociaux. Des résultats similaires sur les recherches google:

Reddit, vivier de la mobilisation

Mais l'écart est encore plus criant sur Reddit, le site communautaire américain aux 540 millions de visiteurs par mois, 15e site le plus visité du pays. Quand Bernie Sanders se prête au jeu du AMA ("demandez-moi ce que vous voulez"), un grand classique du question-réponse sur Reddit, il engrange plus de 12.000 commentaires. C'est certes moins qu'Obama pour sa campagne de réélection en 2012 avec 23.000 commentaires. Mais en juin dernier, au moment de l'opération, Sanders était à 12% dans les sondages.

Sur le site, la Sandersmania est bien présente. Le subreddit (un sous-forum spécialisé sur un sujet) "Sanders pour la présidence" est suivi par plus de 170.000 personnes. Derrière, des dizaines de subreddits existent, avec notamment un pour chaque état du pays, avec à chaque fois des centaines ou milliers de personnes impliquées. Du côté de la favorite, les sections dédiées à Hillary Clinton sont peu nombreuses. Et l'une des plus suivies (900 personnes) s'appelle "n'importe qui sauf Hillary"...

Une armée (gratuite) d'informaticiens et de technophiles

Parmi les subreddits en question, on trouve aussi une page dédiée aux détournements humoristiques (mèmes) autour de la campagne du sénateur du Vermont. L'un d'eux est même dédié aux "codeurs pour Sanders". Dessus, des développeurs, ingénieurs et autres technophiles peuvent venir proposer leurs services gratuitement pour aider la campagne digitale de Sanders. Et ça marche. En septembre, le New York Timesa rencontré quelques-uns de ces volontaires "geeks".

Et ceux-ci ne font pas que poster des messages sur les réseaux sociaux. Ils créent de vrais sites exposant les arguments de campagne du candidat. Des cartes permettant de suivre tous les meetings ou encore des applications permettant de se coordonner pour organiser des déplacements, du porte-à-porte, etc. Il y a même un site qui regroupe tous ces outils, pour que chaque militant puisse en profiter afin de propager les idées de leur champion.

Comment expliquer cet entrain? On peut imaginer que le discours très marqué à gauche pour les Etats-Unis plait à certains technophiles, notamment sur Reddit, site plutôt égalitariste. De même, la volonté de Sanders de ne pas utiliser de super PAC, ces comités permettant de lever des millions de dollars grâce au soutien du secteur privé, va dans le même sens. Mais surtout, Bernie Sanders sait bien s'entourer.

A propos de la technologie, il admet ne pas être un amateur, mais se considère "assez intelligent pour embaucher d'excellentes personnes qui comprennent l'importance de la technologie", affirme-t-il dans une interview au Los Angeles Times. Son équipe fut d'ailleurs l'une des première à utiliser des mini-jeux sur Snapchat pour motiver les foules.

D'ailleurs, dans l'équipe de campagne du candidat, on trouve Scott Goodstein, ou encore Mike Ceraso. Deux anciens de l'équipe de campagne d'un certain Barack Obama en 2008.

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