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Le grand recensement renaît de ses cendres

Le grand recensement renaît de ses cendres
Radio-Canada.ca

Quelque 35 000 intervieweurs et recenseurs appelés à sillonner le pays, des questionnaires envoyés dans le quart des foyers canadiens, un budget total de 715 millions de dollars... Le recensement 2016 s'annonce comme un défi de taille pour Statistique Canada, qui se dit sûre de présenter un portrait plus juste de la population grâce au retour du questionnaire long obligatoire.

Un texte de Bruno Coulombe

Le gouvernement Trudeau n'a mis que 24 heures après son assermentation en novembre dernier pour annoncer le retour du questionnaire détaillé obligatoire, dont l'abandon par les conservateurs de Stephen Harper avait soulevé l'ire des partis d'opposition, de la communauté scientifique et universitaire de même que du milieu des affaires.

Malgré le changement de formule à brève échéance, Statistique Canada n'anticipe aucun retard dans la collecte des données et la publication des résultats.

De fait, l'agence fédérale se préparait déjà à cette possibilité depuis quelques mois, les partis d'opposition ayant clairement fait savoir leur intention d'annuler la décision des conservateurs en cas de victoire aux élections fédérales d'octobre dernier.

Pour le chef du recensement à Statistique Canada, Marc Hamel, l'objectif sera avant tout de revenir à un taux de réponse plus satisfaisant, après le faible 68 % enregistré en 2011 selon la formule volontaire, comparativement à 94 % en 2006.

« Si on veut représenter, par exemple, un profil de population pour un quartier spécifique d'une ville comme Montréal ou Québec ou les gens dans certains milieux ruraux, il faut avoir un certain niveau de précision pis généralement, ce niveau-là est sécurisé par le fait qu'on obtient une participation élevée au recensement », explique M. Hamel.

Des données inutilisables, le doute sur les autres...

La décision des conservateurs de remplacer le recensement obligatoire par l'Enquête nationale auprès des ménages ayant été décriée par la communauté scientifique, le retour du formulaire long a bien sûr été salué de toutes parts.

Les chercheurs avaient déploré que de nombreuses données recueillies en 2011 soient restées inutilisables en raison d'un échantillon trop petit. Ainsi, aucune donnée n'a pu être diffusée pour un millier de petites localités représentant 3 % de la population.

Même les données pour lesquelles les taux de réponse étaient suffisants ont jeté un doute dans la tête des chercheurs. En effet, plusieurs ont émis des inquiétudes sur la représentation de certains groupes vulnérables, notamment les autochtones, les familles monoparentales et les personnes moins scolarisées, qui ont tendance à moins répondre aux sondages volontaires.

C'est également ce que dénonçait le professeur en microsimulation et projections démographiques à l'Institut national de la recherche scientifique (INRS), à Montréal, Alain Bélanger.

« Le fait que le biais de non-réponse variait d'une personne à une autre, l'ensemble des données était teinté d'un questionnement pour tous les chercheurs et toutes les personnes qui pouvaient les utiliser : est-ce que la différence que j'observe avec le recensement précédent, c'est parce qu'il y a vraiment quelque chose qui s'est passé ou est-ce que c'est simplement un artefact dû au fait que la méthode de collecte a été changée? », s'interroge M. Bélanger

Le milieu économique se réjouit lui aussi du retour du formulaire long obligatoire, puisque les données issues du recensement ont de nombreux usages, notamment pour les entreprises qui veulent réaliser des études de marché.

« Si je veux m'installer dans une nouvelle région, dans une nouvelle localité, de connaître la cartographie de ce milieu en termes de revenu, en termes de caractéristiques, de profil d'éducation, c'est extrêmement important, illustre la présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Françoise Bertrand. C'est important aussi pour des décisions de zonage, de développement municipal, de politique publique. »

Une collecte des données déjà en cours...

Si la vaste majorité des lettres d'invitation pour répondre au recensement seront envoyées le 2 mai, la collecte des données a déjà commencé dans le Nord canadien, où les populations sont plus éparpillées, et donc plus difficiles à rejoindre.

Entre-temps, le recrutement se poursuit pour trouver quelque 35 000 intervieweurs et recenseurs qui prépareront l'envoi des questionnaires et qui sillonneront le pays pour collecter les données nécessaires à la compilation des résultats.

Statistique Canada souhaite obtenir les deux tiers des réponses par Internet cette année. Le budget total de l'opération est de 715 M $. C'est un peu plus qu'en 2011, quand le recensement avait coûté 650 M $. Les premières données seront publiées en février 2017 et porteront sur le décompte de la population.

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