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La défense de Jian Ghomeshi mine la crédibilité de Lucy DeCoutere

La défense de Ghomeshi mine la crédibilité de Lucy DeCoutere

L'avocate de Jian Ghomeshi a tenu sa promesse vendredi en révélant des messages très compromettants de la plaignante Lucy DeCoutere, qui accuse l'ex-animateur de CBC de l'avoir étranglée et giflée en 2003. Le journaliste de 48 ans est accusé d'avoir agressé sexuellement trois femmes et d'avoir vaincu la résistance de l'une d'elles par l'étouffement. Il a plaidé non coupable à tous les chefs d'accusation.

Un texte de Jean-Philippe Nadeau

Attention : certains propos peuvent être choquants.

La défense de Jian Ghomeshi a exhibé une quinzaine de courriels que Lucy DeCoutere a rédigés après l'agression dont la comédienne dit avoir été victime. Les courriels revêtent tantôt un caractère sympathique et flatteur, tantôt vulgaire et sexuel. Me Marie Henein tente de démontrer que l'actrice était en fait amoureuse de son client et qu'elle voulait avoir une relation intime avec lui.

D'entrée de jeu, Me Henein rappelle que Lucy DeCoutere n'a jamais divulgué l'existence de tous ces messages à la police dans sa déposition en novembre 2014, ni à personne d'autre d'ailleurs. Or, la police l'avait mise en garde contre la possibilité de faire de fausses déclarations sous serment et lui avait demandé de lui remettre tous les messages qu'elle avait envoyés à l'accusé après la présumée agression du 4 juillet 2003 au domicile de M. Ghomeshi.

Certains courriels en question sont accompagnés de remerciements pour les bons moments que Lucy DeCoutere dit avoir passés en compagnie de l'accusé à Toronto ou lors d'événements culturels au pays.

« Je ne cherchais qu'à devenir son amie, même après ce qu'il m'avait fait, ces courriels n'avaient rien de romantique, ils étaient plutôt platoniques. »

— Lucy DeCoutere, plaignante

Lucy DeCoutere admet qu'elle a dit à la police qu'elle n'avait aucun intérêt à entamer une liaison avec Jian Ghomeshi. Elle reconnaît maintenant qu'elle ne lui a pas transmis tous les courriels qu'elle avait envoyés à l'ancienne vedette de CBC. « Je connaissais mal le système judiciaire, dit-elle, et je ne saisissais pas l'importance de donner aux détectives tous les contacts que j'avais eus avec Jian après ce qu'il m'avait fait subir. »

Courriels et clichés compromettants

La défense décrit ensuite l'une des photos que Lucy DeCoutere a envoyées à Jian Ghomeshi et dans laquelle elle imite une fellation avec un goulot de bouteille de bière. La plaignante assure qu'elle est parfois très crue dans ses échanges avec ses amis et qu'elle voulait être amusante, mais jamais aguichante à l'égard de M. Ghomeshi.

Me Henein mentionne alors un courriel au langage osé que la comédienne a écrit dans les heures suivant l'agression physique présumée au domicile du journaliste à Toronto. Elle y écrit : « Tu m'as bardassée ce soir, mais ça ne me donne qu'une envie de te baiser davantage » (NDLR Traduction libre de : « You kicked my ass last night and that makes me want to fuck your brains out »).

Lucy DeCoutere dit qu'elle n'en a aucun souvenir, mais elle tient à préciser que l'accusé l'a bien violentée et qu'elle n'a jamais consenti au préalable de se faire agresser de la sorte. Dans ses explications, l'actrice se compare même à « ces femmes battues qui restent auprès de leur mari ».

Elle montre même à un moment sa gêne, lorsque Me Henein lui lit un autre message dans lequel elle écrit qu'elle va lui « infliger une leçon » la prochaine fois qu'elle le reverra. Elle reconnaît que ces mots suggèrent qu'elle était en train de lui faire une proposition de nature sexuelle, mais que « ce n'était pas le cas ».

La défense cite enfin un manuscrit qu'elle qualifie de « lettre d'amour » que Lucy DeCoutere a rédigé cette fois cinq jours après la présumée agression, lorsqu'elle est rentrée chez elle à Halifax. La plaignante y écrit qu'elle est très heureuse de l'avoir rencontré et elle exprime le désir de passer plus de temps avec lui.

La comédienne ajoute toutefois qu'elle regrette de ne pas avoir couché avec lui ce soir-là chez lui et de lui avoir envoyé des messages contradictoires à ce sujet. La défense prend alors le soin de relever et de citer à la cour les derniers mots au bas de la lettre juste avant sa signature. On peut y lire « J'adore tes mains ».

Nouvel interrogatoire

Après un contre-interrogatoire pénible par la défense, la Couronne a décidé d'interroger à nouveau Mme DeCoutere, ce qu'elle n'avait pas fait mardi avec la première plaignante. Elle lui demande d'expliquer la réelle intention qu'elle avait eue à l'époque en écrivant la soi-disant lettre d'amour.

La comédienne répond qu'elle a écrit cette lettre il y a très longtemps, mais qu'elle trouvait que Ghomeshi était talentueux, sympathique et intéressant.

« Je voulais savoir si je lui avais fait quelque chose que je n'aurais pas dû faire [ce soir-là chez lui]. »

— Lucy DeCoutere

Lucy DeCoutere ajoute qu'elle était bel et bien attirée par Jian Ghomeshi et qu'elle voulait le fréquenter pour le connaître davantage.

La Couronne a ensuite demandé l'ajournement des audiences en expliquant au juge qu'elle avait reçu de nouvelles informations et qu'elle préférait reprendre le procès lundi matin. Elle n'en a toutefois pas précisé la teneur ni la provenance. On ignore en outre quel sera le prochain témoin qu'elle compte appeler à la barre, mais la troisième et dernière plaignante n'a toujours pas témoigné au procès.

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